Que reste-il du Cinéma Skala ,
De l’Hôtel Beau-Rivage place Du
Chayla ?
Le temps passé a jauni nos souvenirs,
Les larmes de l’exil sont les mots
pour le dire.
Frères du mellah, juifs errants,
Loin de nous, exclus de nos rêves
d’enfants,
Se tenant par la main, ils quittèrent
la ville,
Des autocars les attendaient en
longues files.
Aouicha la folle et Dalia son époux,
N’avaient pour richesse que leur amour
fou.
Ames spoliées, mémoire saccagée,
Ils déambulaient pieds-nus dans la
cité.
Simy au cinéma était ouvreuse,
Son âme était pure et généreuse.
Sa peau de satin, ses lèvres sucrées,
Simy à la beauté ignorée.
Fille de rien venue du néant,
Simy la douce au regard d’enfant
Quitta un soir son mellah
discrètement,
Et s’évapora dans le flot des
émigrants.
Entouré de genêts, sur la rivière des
roseaux,
Il veille sur sa ville le vieux
Tangaro.
Il a vu partir tous ces pauvres hères,
Dalia, Aouicha et leurs compagnons de
misère.
Le pont-rose a vu fleurir nos amours,
A la saison des mimosas, jour après
jour,
Nos yeux d’enfants
rassasiés de couleurs
Nous distillaient des gorgées de
bonheur.
A la source de la fraternité,
Nous nous sommes tous enivrés,
Jetant au loin nos différences,
Richesses, religions et croyances.
Maurice KAKON
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