Pendant que Gondoleezza Rice tourne en rond, les Arabes tournent autour d’elle, ne sachant pas trop à quel moment s’arrêter pour dire non à une stratégie américaine faite pour les avaler crus le moment venu, c’est-à-dire dans à peu près moins de deux ans et en tout cas avant les présidentielles états-uniennes.
Elle commence par écouter les Israéliens opposer un énième niet à la «feuille de route» obsolète, qui devait conduire à la mutation d’une autorité en un Etat aux frontières provisoires, avant d’entendre les Palestiniens accepter le sacrifice du Hamas, en contrepartie d’un quart de salaire de leurs forces de sécurité et de quelques gadgets achetés pour compte.
Le pire, c’est l’échec une nouvelle fois de la mise en oeuvre de la stratégie de Bush dans cette guerre aux résultats imprévisibles, si l’on tient compte des complications qu’elle engendre chaque jour un peu plus. Le pire, c’est de devoir se débarrasser d’El-Maliki et de son staff, trop impliqués avec les milices chiites, et de lui trouver un remplaçant capable d’éviter une guerre civile, où les communautés qui s’affrontent ne deviennent plus aussi identifiables qu’elles l’ont été jusque-là.
Le pire, c’est que Talabani ne trouve plus de soutien auprès de la Syrie, qui lui avait offert son sol pour s’y exiler, ni auprès de l’Iran, qui s’était réjoui de l’exécution de Saddam.
Le pire, c’est que la communauté internationale découvre qu’en guise d’Etat démocratique, les USA ont placé au sommet de l’Irak un pouvoir qui ressemble en tous genres à celui des autres pays arabes, qui tournent autour de Rice jusqu’à épuisement de leurs fonds et de leur pétrole. Un pouvoir dont l’exercice ne diffère guère de celui de Saddam, bien que ce dernier au moins ait été à la tête d’un Etat qui avait son poids dans la région. Un Etat dont les citoyens n’attendaient pas l’aide internationale, parqués dans les zones neutres, pour se nourrir et sauver leur peau.
Les morts irakiens, personne ne les compte vraiment ni ne se soucie des courbes que leur nombre trace dans les graphes des états-majors. Où se trouve alors la différence avec l’ancien régime auquel il est reproché d’avoir tué des opposants, pendant que le pays était en guerre contre l’Iran ?
