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TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!

Envoyé par aamir 
TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!
18 avril 2008, 17:45
Lectures

Vie piégée
Par Colette Busidan-Nabet (*)

07/07/06

- Thème: Histoire

Dans le cadre de la campagne internationale de la JJAC (Justice for Jews from Arab Countries), dont le CRIF assure la direction pour la France, nous vous
proposons la rediffusion de la recension de l’ouvrage :
« Vie piégée » par Colette Busidan-Nabet. Première diffusion le 07-07-2006

À l’heure où la J.J.A.C.(1) s’apprête à lancer, en novembre prochain, une campagne internationale de sensibilisation à l’histoire oubliée des communautés
juives en terre d’islam, il est encourageant de noter qu’ici et là, à travers le monde, les derniers témoins de ce que fut la vie juive en Afrique du Nord
et au Proche-Orient, prennent la plume pour laisser, en héritage, à leurs enfants et à leurs petits-enfants, souvent disséminés aux quatre coins de la
planète, le récit d’un temps, hélas définitivement disparu.
Ainsi en est-il du recueil émouvant et coloré de Colette Busidan-Nabet. Elle nous raconte l’Algérie d’avant le « piège » de l’exil forcé, quand la vie s’écoulait,
dure mais paisible, dans une atmosphère d’éternité. Il était une fois Guelma, petite bourgade de l’Est constantinois, enserrée au pied des monts enneigés
de la Mahouna et traversée par la Seybouse. Trois mille habitants : Arabes et Juifs mais aussi Italiens, Allemands et Maltais.
C’est là que naît, en 1898, Sarah, fille d’Israël le colporteur en lingerie et mercerie, féru de Thora et de Diamanti, son épouse. Sarah, cinquième enfant
d’une famille qui en comptera dix. Sarah, la douée, qui sera obligée d’abandonner ses études pour subvenir aux besoins d’une famille modeste, Sarah, la
fée du foyer, toujours sur la brèche en attendant le retour du père parti en tournée pour de longues journées dans la région. Sarah, la sacrifiée, qui
épousera, par raison et par commodité, Ben Labbé, un veuf bien plus âgé qu’elle, quatre enfants et une mère aveugle.
C’était un temps où l’on cuisinait les tajines sur des braseros, les « canouns » et où les plus démunis partageaient leur maigre pitance avec ceux qui étaient
encore plus malheureux. Une vie rythmée par le cycle des fêtes juives et des shabbats.
Pour les Juifs de Guelma, la synagogue, la sla, bâtie dans le haut du quartier arabe, avec son portique de marbre blanc soutenu par d’impressionnantes colonnes
et sa vaste salle de prières était le lieu dont ils étaient le plus fiers et où ils se sentaient le plus en symbiose avec le divin.
Dans ce récit pimenté aux parfums d’Orient, on relève deux témoignages essentiels. Le premier concerne le statut infamant de la dhimma. « Dès la petite
enfance, elle lui parla comme à une adulte. Elle aimait lui raconter le Guelma d’autrefois : les vieux quartiers, lorsque les juifs n’étaient pas encore
citoyens français et que les Turcs régnaient sur la ville. Elle disait les cruches qu’on ne pouvait remplir à la fontaine avant un musulman ; l’interdiction
de posséder une lanterne, donc de pouvoir sortir la nuit ; elle décrivait les savates, plus courtes que leurs pieds, que tout juif devait porter sous peine
de bastonnade ».
Le second évoque l’attitude de la population arabe de Guelma aux heures sombres de la Shoah. « Pendant toute la durée de la guerre, passer devant les maisons
arabes pour aller chez ses frères avait servi à Sarah de baromètre des hostilités. Si l’on entendait des youyous de femmes, c’est que les troupes allemandes
gagnaient du terrain, remportaient des victoires. Des complaintes s’échappaient des portes entrouvertes lorsqu’elles subissaient des revers. De nombreux
chants guerriers avaient été composés à la gloire de Hitler par ce peuple colonisé qui, dans sa naïveté, croyait que les Allemands vainqueurs les délivreraient
du joug français ».
Dans les années cinquante, avec l’apparition du nationalisme algérien, c’est une nouvelle ère qui se dessine. Sarah, réaliste, comprend très bien les motivations
et les espérances des Arabes : « Ne serait-ce pas justice que la majorité des enfants de ce pays puisse faire entendre sa voix ? Les Arabes sont dix fois
plus nombreux que nous, juifs et catholiques confondus et ils ne peuvent décider de rien ! »
L’indépendance du pays est désormais inscrite dans la marche logique de l’Histoire. Les Juifs, hélas, feront les frais de la révolte contre la France. Premières
victimes des attentats aveugles, cibles privilégiées de la vindicte populaire, ils n’auront d’autre choix que l’exode dans la débandade. Repliés sur Lyon
en 1963, Ben Labbé et Sarah ne récupéreront jamais leurs meubles et leurs souvenirs. La saga millénaire des Juifs de Guelma s’achève dans les frimas rhodaniens
sur fond de maladie d’Alzheimer Un témoignage salutaire.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions du Losange. Mars 2006. 240 pages. 16€








www.crif.org
Re: TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!
19 avril 2008, 04:25
merci Aamir.

tu vois, je viens d'apprendre quelque chose sur l'Algérie.
tu fais ce que Sidi Moumen faisait. décrire des vérités n'est pas "incitations à la haine, ni de l'islamophobie, ni de la haine de soi, il n'y a rien de mal à puiser dans les hadiths et les biographies et l'histoire ancienne, pour enseigner.

c'est en agissant comme ceci, qu'il y aura un jour de gens qui sauront pardonner, et aller vers l'avenir plus sereinement.
sans oublier.

Lison
Re: TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!
19 avril 2008, 04:30
Nop rien a voir. Moumen trollait. Aamir écrit des choses sans changer les sujets des sujets.
Re: TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!
19 avril 2008, 04:41
rali, explique moi ? je ne connait pas cette expression troller !!

tu crois que Sidi moumen a besoin de "troller"?

meme si ne ne comprends pas le mot.

Lison
Re: TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!
19 avril 2008, 05:01
la curiosité l'a emporté -

voici la définition de troller

vi.

[Usenet][société] Pratiquer le troll. Passer son temps à se moquer des autres en le transformant en art de vivre.



je m'attendais à pire.

se moquer des juifs, ça c'était du troll. pendant 2000 ans, dabord la moquerie, le nez, les doigts, l'accent, et ensuite la tuerie organisée d'usine.

ne me dit pas que tu ressents ceci avec les posts de Sidi Moumen. je peux t'assurer qu'il est loin de passer son temps à ce genre de pettiness.

Lison

sIDI MOUMEN
FoX
Re: TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!
19 avril 2008, 05:08
Sur les réseaux informatiques, notamment Internet et Usenet, on utilise le terme troll pour désigner une personne, ou un groupe de personnes, participant à un espace de discussion (de type forum), qui cherche à détourner insidieusement le sujet d’une discussion pour générer des conflits en incitant à la polémique et en provoquant les autres participants.

Par métonymie, on parle de troll pour un message dont le caractère est susceptible de générer des polémiques ou étant excessivement provocateur, sans chercher à être constructif, ou auquel on ne veut pas répondre et que l’on tente de discréditer en le nommant ainsi.

Wiki

La logique ne s'attendrit pas. [V. Hugo]
Re: TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!
19 avril 2008, 05:20
De la part des algériens il ne faut peut-être pas s'en étonner...

Par contre au Maroc je ne crois pas qu'il y est eu de tels agissements au moment de la Shoa et durant le temps de la guerre, en tous les cas mes parents ne m'en ont jamais parlé( ou bien y aurait-il un témoignage à ce sujet) il y avait plutôt des vychistes forcenés parmi les français du Maroc...Rendons alors toujours un vibrant hommage au comportement du roi Mohammed V à ce propos...
Donc de grâce ne mettons pas tous les musulmans dans le même sac....devant l'indicible il y en a qui se sont comportés comme des justes(notamment en Turquie) au même titre qu' il ne fallait pas rendre toute la chrétienté responsable de l'holocauste...le Danemark et certains autres ont refusé le port de l'étoile jaune pour les juifs de leur pays...

rivka
Re: TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!
19 avril 2008, 05:20
FoX a écrit:
-------------------------------------------------------
> Sur les réseaux informatiques, notamment Internet
> et Usenet, on utilise le terme troll pour désigner
> une personne, ou un groupe de personnes,
> participant à un espace de discussion (de type
> forum), qui cherche à détourner insidieusement le
> sujet d’une discussion pour générer des conflits
> en incitant à la polémique et en provoquant les
> autres participants.

>
> Par métonymie, on parle de troll pour un message
> dont le caractère est susceptible de générer des
> polémiques ou étant excessivement provocateur,
> sans chercher à être constructif, ou auquel on ne
> veut pas répondre et que l’on tente de discréditer
> en le nommant ainsi.
>
> Wiki


C'est exactement ce que faisait Moumen en polarisant le forum ( exemple : mettre sous sa coupe les gens de sensibilité de droite, avec une tendance anti islam contre les autres).
Re: TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!
20 avril 2008, 15:49
Haïm Zafrani, souvenir d'une culture judéo-musulmane
par Tahar ben Jelloun, dans
du 7 Juin 1996
Essaouira (l'ex-Mogador) a été un port où s'arrêtaient des commerçants du monde entier. Les juifs y vivaient en bonne intelligence avec les musulmans. Pas
de haine, pas de peur. Ils appartenaient tous à la même culture, celle qui mêlait les affaires, la science et les lettres. Le petit Haïm Zafrani, né en
1922, habitait dans une ruelle, Derb Abdessamih que les Français appelaient rue du Général Mongin. Les enfants des voisins allaient à l'école coranique.
Haïm à la synagogue. Son père mourut alors qu'il venait d'avoir quatre ans. Les grands- parents, des lettrés, kabbalistes et hommes d'affaires, s'occuperont
de son éducation. Il fallait d'abord apprendre la Bible.

Je fus d'emblée en contact avec les textes essentiels de la civilisation judaïque, et pas n'importe lesquels, des textes de la mystique juive
Haïm l'apprendra par coeur, en hébreu dans un premier temps puis en arabe. Il fera comme ses camarades musulmans qui passaient des journées entières à avaler
des sourates du Livre saint sans tout comprendre. Il dit aujourd'hui : « La mort de mon père a peut-être été une bonne chose. J'ai été formé par ceux qui
lui avaient donné une formation traditionnelle. Je ne me voyais pas comme un petit enfant. Je fus d'emblée en contact avec les textes essentiels de la
civilisation judaïque, et pas n'importe lesquels, des textes de la mystique juive. »

Le grand-père avait la vue faible. Il demandait tous les soirs au petit Haïm de lui lire des pages du Zohar en araméen : « Je ne comprenais pas l'araméen
; je lisais les caractères en hébreu et j'attendais que mon grand-père m'expliquât en arabe. » L'arabe était la langue des lettrés mais aussi la langue
qu'on parlait à la maison. La famille Zafrani est originaire d'Andalousie. Elle a été expulsée d'Espagne en même temps que les Arabes en 1492. Elle s'installa
dans le Souss, région à majorité berbère se situant entre Essaouira et Agadir.

Dans son dernier ouvrage,
Juifs d'Andalousie et du Maghreb,
Haïm Zafrani rappelle qu'historiquement, « les juifs sont le premier peuple non berbère qui vint au Maghreb et qui ait continué à y vivre jusqu'à nos jours
». Il subsiste encore au Maroc d'aujourd'hui quelques juifs, généralement âgés, ne parlant que le berbère ou l'arabe.

L'antisémitisme de l'Europe médiévale et moderne est étranger à l'histoire de la pensée musulmane au Maghreb, au Maroc notamment
Ce sont des Marocains qui ont vécu dans une symbiose culturelle avec les musulmans. Il y avait incontestablement un espace de liberté naturelle qui permettait
une société civile, une société assumant des fidélités multiples. Cela a duré des siècles. Haïm Zafrani écrit que « l'antisémitisme de l'Europe médiévale
et moderne est étranger à l'histoire de la pensée musulmane au Maghreb, au Maroc notamment ».

« Ma grand-mère s'habillait en musulmane ; on trouvait cela normal. Il n'y avait pas de différence importante entre elle et les autres femmes du quartier.
L'après-midi, ses voisines musulmanes enjambaient le petit mur de la terrasse et rejoignaient nos mères et grand-mères avec lesquelles elles partageaient
beaucoup de choses. Elles ne faisaient que suivre l'exemple des poètes et des musiciens juifs et arabes qui collaboraient dans une parfaite complémentarité
à l'époque de l'âge d'or andalou. Il existe des chants, des poèmes rédigés à quatre mains, juives et musulmanes, célébrant la passion de la vie. »

A huit ans Haïm entre à l'école franco-israélite. A seize ans, il arrive à Paris où il fait l'école normale d'Instituteurs. « Ce départ en France fut vécu
par la famille, mon grand- père surtout, comme une rupture douloureuse. Il perdait un peu ses yeux, car je continuais à lui faire la lecture, toujours
des textes sacrés. Il mourut trois mois après mon départ. » Il vécut le début de la guerre à Paris et se souvient des masques à gaz et des rumeurs noires.
Il sentait l'horreur proche. Avec ses camarades marocains il rejoignit Essaouira où il fut nommé Instituteur. La guerre était loin. Calme plat dans la
ville. Il eut l'écho des premières arrestations de juifs en France : « En avril 1943 on apprit l'anéantissement de la ville martyre tchèque, Ledece. Puis
à partir du ghetto de Varsovie on sait qu'une solution finale a été planifiée pour les juifs. Au moment du débarquement des Américains à Casablanca, il
y a eu une incitation de pogrom contre les juifs par le SOL (Service d'ordre légionnaire). Heureusement qu'ils n'ont rien pu faire ; le sultan veillait
et les Américains étaient là.»

Aucun juif ne subit au Maroc les conséquences de la politique antisémite et collaborationniste de Vichy, même si la résidence française à Rabat marqua plusieurs
fois son mécontentement

Au Maroc le roi Mohamed V s'opposa aux lois antijuives de Vichy et fit savoir au gouvernement de Pétain qu'il était là pour protéger ses sujets sans discrimination.
Aucun juif ne subit au Maroc les conséquences de la politique antisémite et collaborationniste de Vichy, même si la résidence française à Rabat marqua
plusieurs fois son mécontentement.

La famille de Haïm est plus que jamais attachée au Maroc. D'Instituteur, il devint ingénieur en radio et électricité tout en continuant ses études littéraires
et philosophiques en arabe. Il est le premier juif à avoir une formation très solide en arabe au point qu'il est nommé inspecteur de langue arabe et fait
partie de la commission royale de la réforme de l'enseignement juste après l'indépendance en 1956. C'est là qu'il fit la connaissance de Mehdi Ben Barka
et de Mohamed el Fassi, premier ministre de l'éducation nationale du Maroc indépendant. Il participe aussi au grand mouvement d'alphabétisation, donnant
tous les soirs des cours aux dockers du port de Casablanca. « C'était une époque formidable, une époque d'enthousiasme et d'ouverture. Ben Barka était
un esprit d'une intelligence remarquable. Il prit ma défense lorsque j'ai tenu à ce qu'on garde l'hébreu dans les écoles juives qui n'étaient plus rattachées
aux écoles israélites européennes mais devenues marocaines. Le parti de l'Istiqlal était contre cette idée. »

Dès la fin des années 50, Haïm Zafrani constata un phénomène nouveau : des juifs que rien ne menaçait quittaient le Maroc. « Les premiers juifs à partir
furent des berbères qui étaient préparés religieusement à l'arrivée du Messie. Pour eux la création d'Israël correspondait à la fin de l'exil, le commencement
de la rédemption messianique. Ils disaient "l'Heure est arrivée ! " » De ce moment date le début de ses travaux sur les traditions juives en terre d'Islam.
Il publie aujourd'hui son quatorzième livre. Une idée maîtresse les traverse tous : juifs et Arabes ont participé avec fidélité et intelligence à la construction
d'un patrimoine culturel où la mémoire des juifs rencontre celle des musulmans. « Avant 1492 les deux rives de la Méditerranée étaient liées. Rien ne distinguait
l'Andalousie du Maghreb.

Certains avaient intérêt à occulter ce partage et cette civilisation où il y avait des apports des deux côtés
Même après l'exil et l'Inquisition, il y a eu une continuité dans ce mode de vie et de pensée, surtout au Maroc. Il fallait le rappeler en s'appuyant sur
des documents objectifs, en citant des textes. Car certains avaient intérêt à occulter ce partage et cette civilisation où il y avait des apports des deux
côtés. »

Il aime citer Aragon, qui écrit : « Ce qui a été sera, pourvu qu'on s'en souvienne. » Toute sa vie il a essayé de dire ce qui a réuni les juifs et les Arabes
et n'a cessé de rappeler qu'il « faut aujourd'hui s'armer de force et de détermination pour anéantir le monstre du fanatisme et de l'intolérance. Mais
il faut y associer un peu de générosité et d'amour ».







source
Re: TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!
20 avril 2008, 16:18
- Thème: Histoire

Emarrakech.info -
portail marocain d'actualités-
consacre le 15 mai 2007 un très long article pour évoquer la présence bimillénaire des Juifs au Maroc. Très régulièrement, la presse marocaine publie de
longs et circonstanciés articles pour parler de la communauté juive marocaine. Tous les sujets sont en général abordés, l’histoire de la communauté, la
religion juive, etc. Cette couverture démontre s’il en est l’intérêt que porte la presse marocaine sur cette présence juive. Extraits.
Marc Knobel
La presse relève souvent que les Juifs du Maroc ont toujours été très attachés à ce pays et elle souligne souvent ce que le Maroc doit aux Juifs, évoquant
tel ou tel apport successif. Il est juste de dire que les Juifs firent partie de la vie marocaine aussi bien dans le monde rural que dans les cités, où
ils jouèrent un rôle important dans le tissu économique. Emarrakech.info l’affirme donc : « Il n'est de pire injure, pour les 5 000 juifs qui refusent
de quitter le Maroc, leur patrie, que de s'entendre dire qu'ils sont «eux aussi» Marocains. Ce «eux aussi» signifie implicitement, qu'ils sont une population
«de plus», ou de second rang. Or, eux considèrent que leurs racines plongent si profondément dans le terroir marocain que le judaïsme est bien, historiquement,
la première religion monothéiste qu'ont embrassée les premiers habitants de ce pays, les berbères. Une histoire riche de 2 000 ans, bien avant l'apparition
du christianisme et, de loin, avant la conquête islamique », souligne Emarrakech.info. C’est cet attachement sans équivoque que la presse marocaine relaye
dans ses colonnes.
Pour étayer ce sentiment profond, Emarrakech.info a demandé à Simon Lévy, secrétaire général de la Fondation du patrimoine culturel judéo marocain et directeur
du Musée du judaïsme marocain, de raconter cette histoire. « Le 17 mai 2003, soit le lendemain des attentats de Casablanca, une délégation du Conseil
de la communauté israélite marocaine partie visiter ses coreligionnaires dans les synagogues pour s'enquérir de leur moral, a été surprise de trouver les
synagogues remplies de personnes en prière. Les membres de la délégation n'en revenaient pas : le moral des juifs ainsi rencontrés était au beau fixe.
Le monde entier, pensaient ces derniers, connaît des attentats, pourquoi faudrait-il s'en alarmer outre mesure ? Aucune panique, aucune rancune. «Cela
dit, ajoute Simon Lévy, je connais des juifs qui ont reçu des lettres de menace, mais cela ne les a nullement poussés à envisager de partir vivre ailleurs,
parce qu'ils se sentent chez eux, dans leur pays.»
Les Juifs qui ont émigrés en Israël, en France, au Canada et aux Etats-Unis :
La presse marocaine ne fait cependant pas l’impasse sur le sujet. Nul n’ignore au Maroc que 90% des juifs ont émigré en Israël, en France, au Canada, aux
Etats-Unis et ailleurs. La communauté juive s'est réduite ainsi en peau de chagrin, pour passer de quelque 280 000 âmes (jusqu'à 300 000) en 1947, à environ
5 000 soixante ans plus tard, en 2007. 5 000 juifs - selon les estimations les plus optimistes - qui ont voulu rester au Maroc vaille que vaille, résident
essentiellement à Casablanca qui en compte 90%, le reste étant réparti sur quatre ou cinq grandes villes du Maroc. Dans les petites villes ou localités
connues jadis pour leurs fortes communautés juives comme Sefrou, Azemmour, Essaouira,l Taroudant et Debdou (région d'Oujda), il n'en reste plus aucun.
« Ces Marocains de confession juive avaient-ils très peur ? Y avait-il, comme dans d'autres pays, des pogroms qui auraient pu leur faire craindre pour
leur sécurité ? Ni l'un ni l'autre, répondent les historiens. Avec du recul, les survivants (et leurs enfants) se disent même incapables de comprendre
ce qui les a poussés à quitter si brutalement le Maroc, terre de leurs ancêtres, pour émigrer dans des pays qui ne sont pas les leurs. Deux facteurs auraient
milité pour pousser à ce départ, note Simon Lévy : l'action du mouvement sioniste, qui présentait l'immigration en Israël comme la seule perspective de
salut, et la pauvreté due à une période de sécheresse durement ressentie par la majorité des juifs marocains. Le racisme, l'antisémitisme ? «Le vrai racisme
et le vrai antisémitisme, c'est avec les Français que je les ai vécus dans ma chair. En fait, jusqu'en 1956, note M. Lévy, les départs pour Israël ont
concerné principalement les couches défavorisées, pauvres de toujours et aussi victimes directes ou indirectes des changements économiques induits par
la colonisation... Il faut dire que le conflit israélo-arabe au Moyen-Orient a eu des retombées négatives, comme les émeutes anti-juives de 1948 à Oujda
et Djerrada, qui ont fait de nombreuses victimes.»
Intéressant commentaire, mais qui minore néanmoins quelques circonstances et évidences. Premièrement, dans leur grande majorité les Juifs du Maroc sont
sionistes. Rappelons simplement que la première vague de départs a été catalysée par la création de l'Etat d'Israël en 1948 : pas moins de 90 000 juifs
marocains quittent leur terre nourricière jusqu'à 1956 (1). Deuxièmement, poussés par les conflits politiques qui opposèrent le monde arabe à l'État d'Israël
après la création de ce dernier, quelque deux cent vingt-cinq mille juifs (que comptait le Maroc en 1956) presque tous émigrent dès l'indépendance du pays
(2).
Jacky Kadoch, né à Marrakech dans les années 50, est l'un des rescapés de ces vagues successives d'immigration. Actuellement président de la communauté
israélite de Marrakech-Essaouira, il avance le chiffre rond de 240 juifs qui résident encore dans la ville ocre, et de 7 à Essaouira. Les deux villes comptaient
des dizaines de milliers de juifs au milieu des années 1940. Parlant la darija avec l'accent d'un pur Marrakchi, Jacky Kadoch appartient à une famille
installée à Marrakech depuis plus de cinq siècles. Comme beaucoup de ses coreligionnaires qui vivent encore au Maroc, il est dans les affaires et le négoce,
notamment la promotion immobilière et l'agroalimentaire. Que pense-t-il de la petite communauté juive encore installée à Marrakech ? Kadoch répond : «
Nous sommes des Marocains comme tous les autres, répond-il, à cette différence près que nous essayons autant que faire se peut de jouer le rôle d'ambassadeurs
pour les 50 000 à 70 000 visiteurs juifs d'origine marocaine qui viennent chaque année passer leurs vacances au Maroc, ou pour participer aux moussems.
Aucun attentat ne peut éroder notre moral et notre détermination à rester dans notre pays. Il y en a qui reviennent investir dans la restauration, l'hôtellerie
: une centaine l'ont fait en 2006 ».
Les professions exercées par les Juifs du Maroc :
Le journal se penche ensuite sur les professions exercées par les Juifs du Maroc et sur les responsabilités ministérielles ou politiques qu’ils peuvent
exercer dans le royaume : « On les trouve notamment dans la finance, la communication et les professions juridiques. Ils sont aussi ingénieurs et médecins,
voire ministres et même conseiller du Roi (André Azoulay). Au moins deux fois, le gouvernement marocain a compris en son sein un ministre juif : le Tangérois
Léon Benzaquen, chef du département des PTT dans le premier gouvernement de l'indépendance dirigé par Mbarek Lahbil Bekkai, et l'avocat meknassi Serge
Berdugo, ministre du tourisme dans les années 90. » Ce dernier, d'ailleurs, occupe aujourd'hui la présidence du Conseil de la communauté israélite du Maroc,
tout en assumant le poste d'ambassadeur de la paix que le Roi Mohammed VI lui a confié. Les juifs marocains sont aussi dans la communication, le cinéma,
la musique, le showbiz, dans le mouvement associatif et les droits de l'homme. Les juifs marocains sont aussi des hommes de lettres, des historiens et
des militants invétérés des droits de l'homme: Germain Ayyache pour l'histoire, Edmond Amran El Maleh pour le roman, Abraham Serfaty et Sion Assidon (fondateur
de Transparency Maroc) pour la cause des droits de l'homme, pour ne citer que ceux-là. Pour ceux-ci, et comme pour tant d'autres comme Simon Lévy, et pour
tous ces juifs modestes et usés par les ans, qui habitent toujours place de Verdun, à Casablanca, judaïté et marocanité sont indissociables : la première
n'est rien sans la seconde, et vice-versa. Et il y a ce sentiment tenace d'appartenance à une communauté ne serait-ce que pour préserver un patrimoine
religieux et culturel marocain pour qu'il ne finisse pas dans l'oubli. »
Notes
1) Selon le journal, une deuxième vague d'émigration, clandestine cette fois-ci, se produira entre les années 1955 et 1961, avec environ 65 800 personnes.
Il faudra attendre 1961 et 1962, sous le règne de Hassan II, pour voir l'émigration reprendre avec force, aussi bien clandestinement que légalement, avec
l'autorisation des autorités marocaines selon un pacte conclu avec l'Agence juive. Des informations parlent même de transactions entre les autorités et
ladite agence, celle-ci ayant versé 25 dollars pour chaque juif émigré. Avec la guerre de 1967, 40 000 juifs sur les 70 000 restants quittent le territoire.

2) «La guerre des six jours, reconnaît Simon Lévy à Emarrakech.info, a été la première et la seule à avoir entraîné des actions contre la communauté juive
marocaine : boycott, campagnes de presse et même un assassinat. Au bout d'un mois et demi, la tension s'est calmée mais le mal était fait. Des personnes
qui n'avaient jamais songé à s'expatrier le firent».
On avait créé, selon M. Lévy, un climat de départ : on envoyait des cars de la CTM dans les villages les plus éloignés de l'anti-Atlas, avec la complicité
de l'Etat, pour embarquer les juifs, en leur affirmant que c'était leur dernière chance de partir. Le plus surprenant est que ces incitations au départ
«ont été contrées par la population musulmane elle-même qui parfois s'y opposait physiquement. Ce fut le cas notamment à Ighil, à 60 Km d'Ifrane»







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Re: TEMOIGNAGES DE VIE JUIVE AU MAGHREB!
21 avril 2008, 11:24
article riche et intéressant
je pense que si le Maroc était plus développé économiquement, bcq de juifs auraient resté, malheureusment il y avait bcq de pauvreté et Israél offrait un cadre de vie plus agréable...
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