Dafina.net Le Net des Juifs du Maroc




Bienvenu(e)! Identification Créer un nouveau profil

Recherche avancée

L'H?ritage de Manitou

Envoyé par jero 
L'H?ritage de Manitou
19 novembre 2006, 09:10


- Témoignages -



Enquête réalisée par Nathalie Szerman pour © ISRAEL MAGAZINE



Le 29 octobre 2006, nous avons commémoré les dix ans de la disparition du Rav Léon Yehouda Askénazi, dit Manitou. Son érudition dans les domaines religieux et profane, sa précision de langage, son humour, sa distinction, lui ont conféré un rayonnement inégalé au sein de la communauté juive francophone. Ceux qui ont eu le privilège d'assister à ses cours se souviennent de ses grandes mains qui traduisaient le mouvement de sa pensée, de sa recherche assidue du terme exact, aidé de son auditoire. Il serait tentant de mythifier Manitou, qui a su insuffler la vie aux versets de la Torah et rappeler la dimension historique et religieuse du retour des exilés sur la Terre d'Israël. Mais son enseignement nous interdit toute mythification. Il disait d'ailleurs : "Méfiez-vous de ceux qui parlent au nom de Dieu." Manitou, dont l'exigence de rigueur était telle qu'il n'était jamais satisfait de la transcription pourtant littérale de ses conférences par ses élèves, n'aurait sans doute pas apprécié qu'on le fasse parler post-mortem. C'est pourquoi nous avons préféré recueillir les témoignages de ses proches et de ses plus fidèles disciples. En hommage aussi à cette autre petite phrase de Manitou : "Le peuple juif n'est pas le peuple du Livre mais de la parole."



Témoignages



Chercher la mémoire de Manitou parmi les vivants me conduit à contacter ses disciples et sa famille. J'ai parcouru tout Jérusalem à la poursuite des uns et des autres car, logiquement, c'est ici que se trouve la plupart d'entre eux. Yehouda Nakache a enregistré, inlassablement, ses cours depuis les années 60. Son travail a servi de base aux ouvrages et aux transcriptions réalisées ultérieurement par d'autres. Marcel Goldman a rassemblé dans les deux tomes de La Parole et l'écrit les articles de Manitou. Michel Koginsky a pour sa part réalisé un album regroupant des textes et des photos de Manitou. Les rabbins Pierre Simsovic et Ouri Cherki dispensent un enseignement fidèle à la pensée de Manitou, et Itaï Askénazi, petit-fils de Manitou, s'occupe de site de la Fondation Manitou, grâce auquel il adapte l'enseignement de son grand-père au public israélien de sa génération. Pour ne citer que ceux-là, car d'autres aussi s'efforcent de transmettre la lumière de Manitou au monde qui les entoure.



Les disciples témoignent



C'est vers le célèbre orientaliste Eliezer Cherki, dont le Rav Marc Kujawski nous dit qu'il est "probablement le disciple le plus fidèle de Manitou", que le Rav Léon Askénazi s'est tourné les derniers jours de sa vie, pour lui demander de l'aider à transcrire ses idées. Pourquoi lui ? Modestement, Eliezer Cherki répond : "Je ne sais pas. Peut-être à cause de la proximité [ndlr : sa famille connaissait celle de Manitou déjà en Algérie]. Je l'aidais à trouver le mot juste. Il craignait déjà que sa pensée ne soit déformée par ses disciples."



A Paris, puis en Israël, Eliezer Cherki a suivi les cours du Rav Léon Askénazi, dont il se souvient qu'ils étaient "gratuits et ouverts à tous, ce qui ne va pas de soi aujourd'hui." Il se remémore ainsi l'enseignement du Rav Léon Askénazi : "Manitou abordait chaque sujet sous la forme d'une question essentielle. Chacun recevait son enseignement comme s'il lui était personnellement destiné. Manitou était à la fois très éloigné et très proche de nous." Et d'approfondir : "Il faut savoir être proche des Sages tout en se méfiant de leur flamme qui brûle. Manitou, dont le rayonnement était intense, avait conscience de sa capacité à brûler. Il préservait la dignité de ses élèves."



Par la suite, le Rav Léon Askénazi a invité plusieurs fois Eliezer Cherki à donner des conférences sur l'islam au Centre Yaïr : "Manitou assistait aux conférences quand il pouvait. Il intervenait et entamait un dialogue. Ces conférences devenaient un événement. Il analysait le christianisme et l'islam à travers la typologie d'Esaü et d'Ismaël. Manitou soulignait que le monde d'Ismaël n'a pas encore fait le saut de la liberté humaine dans l'histoire. Il disait que ce n'était pas un hasard si les musulmans avaient choisi le vendredi comme jour saint, sixième jour de la semaine, car le créateur cesse d'intervenir le shabbat pour laisser la place à l'intervention humaine dans l'histoire. Entrer dans le septième jour, c'est découvrir le rôle de l'Homme dans l'histoire."



Le rabbin Ouri Cherki, petit frère d'Eliezer, dispense aujourd'hui, en français et en hébreu, des cours au Mahon Meir, à Jérusalem, et dans le cadre du Centre Meir d'études juives, qui a ouvert ses portes début novembre 2006. Ouri Cherki a lui aussi enseigné au Centre Yaïr, dont il a repris, sept ans après le décès de Manitou, la direction pendant un an. D'après lui, Manitou "exprimait la pensée ancestrale en termes de culture générale sans tomber dans l'académisme. En cela, il a créé un nouveau langage permettant à une oreille contemporaine de comprendre le langage des ancêtres." Ouri Cherki remarque un "nouvel intérêt en Israël pour la pensée juive originaire de France. C'est la seule pensée juive capable de se mesurer au discours philosophique. Elle est source de 'kavod hadat', selon l'expression du Rav Kook : de respectabilité de la Torah."



Michel Koginsky, pédiatre de profession, vit aujourd'hui en Israël "grâce à Manitou." Il a réalisé sur son maître un album intitulé Un Hébreu d'origine juive. Ayant assisté au dernier cours de Manitou au Centre Yaïr, il se rappelle : "Il était venu accompagné de son gendre médecin, avec un ballon d'oxygène et un micro. Parler représentait un effort physique important. Chaque mot avait son poids." Un nouveau livre intitulé Les Définitions hébraïques de Manitou sortira prochainement, pour les 10 ans de sa disparition. Il regroupe près de 300 définitions d'expressions-clé de Manitou.



Yonite Pariente est une ancienne élève de Manitou, venue un an étudier le judaïsme en Israël dans le cadre de Mayanot et qui a trouvé cohérent de rester construire sa vie sur place. Elle témoigne avec émotion : "Manitou voulait sortir les jeunes de l'assimilation sans les uniformiser, en respectant l'individualité de chacun. Il voulait les ramener à leur identité hébraïque originelle. Pour cela, les Juifs devaient revenir sur leur terre." Manitou disait en effet que les Hébreux, "Ivriim" en hébreu, étaient ceux qui avaient traversé la mer, "Avar Yam" (même racine en hébreu).



Pierre Simsovic est aujourd'hui considéré comme le disciple "officiel" de Manitou. Il l'a connu en classe de Terminale à Yavné, où Manitou enseignait la philosophie, au début des années 1960. Pierre eut le sentiment en l'écoutant que ses connaissances "s'ordonnaient comme les pièces d'un puzzle."



Manitou avait une idée précise de la transmission, rapporte le Rav Simsovic : "Pour lui, l'important n'était pas la technique ou la méthode de l'enseignant, mais l'authenticité de son message. Elle seule garantit la réceptivité de l'élève. Il disait en outre que l'enseignement ne se fait pas de bouche à oreille, mais de bouche à bouche, car l'oreille n'entend pas toujours ce que la bouche dit, mais la bouche de l'élève répète les paroles de la bouche du maître."



La famille témoigne



Si les anciens élèves de Manitou parlent aisément de leur maître défunt, les membres de sa famille se montrent plus réservés, et leur témoignage en est d'autant plus précieux. David Askénazi, dont on ne manque pas de remarquer la ressemblance physique avec son père, œuvre tout en discrétion pour transmettre l'héritage de Manitou, sur lequel il ne s'est vraiment penché qu'après sa disparition, avec l'aide du rabbin Pierre Simsovic ; celui-ci lui a consacré "un nombre incalculable d'heures de cours". Manitou n'était en effet pas le plus présent des pères: "Il était très pris par ses conférences. Les vacances s'écoulaient entre ma mère et mes frères et sœurs, en Bretagne, dans une villa louée au bord de la mer. Mon père nous rejoignait en fin de semaine." Ce qui est déterminant dans l'héritage de son père ? David pèse ses mots : "L'optimisme, la possibilité de changer les choses, la vision d'un monde essentiellement moral."



Ariane Pivko, la sœur de David Askénazi, raconte : "Mon père m'avait une fois emmenée au Cameroun avec lui. Il rendait chaque année visite au président du Cameroun, qui avait entendu parler de Manitou par son médecin. Manitou avait contacté le ministère israélien des affaires étrangères, qui s'était déclaré intéressé par un rapprochement entre le Cameroun et Israël. Mon père y contribuait activement." Israël Pivko, le mari d'Ariane, participe aujourd'hui au travail de la Fondation Manitou et dispense des cours de pensée juive dans la droite lignée de son beau-père.



Le petit frère de Manitou, Daniel Askénazi, est un ancien professeur d'anglais sec et vigoureux, dont la démarche rappelle celle de son aîné. Il m'apprend que Manitou était aussi un artiste : "Il chantait remarquablement bien. Il est d'ailleurs possible de télécharger sur Internet un choeur des frères Askénazi." Manitou a en outre écrit quelques poèmes (voir encadré) dont certains ont été repris par les EIFs. Mais pour Daniel, Manitou était avant tout un éducateur : "Il savait rassembler les gens autour de lui, n'était pas 'que' philosophe !"



Manitou aujourd'hui



C'est toutefois Itaï Askénazi, petit-fils de Manitou, qui représente la rencontre la plus déterminante. "Vous verrez," m'avait prévenue Eliezer Cherki, "il ressemble de façon frappante à Manitou jeune". C'est en effet exactement le même regard, la même intensité, que sur les photos de Manitou à son âge. Mais Itaï n'est pas un Juif de diaspora ; c'est l'Hébreu tel que le rêvait le Rav Léon Askénazi. Itai vit aujourd'hui dans l'appartement occupé par son grand-père jusqu'à sa mort. C'est en ce lieu qu'il me parle longuement de son travail pour la Fondation Manitou



Ce jeune Israélien, papa depuis peu, porte une large kippa tricotée et joue du didjeridoo (instrument à vent aborigène). Comme tant d'Israéliens de sa génération, il est allé chercher la spiritualité en Extrême-Orient (Inde et Japon dans son cas) avant de découvrir, de retour chez lui, l'héritage de son propre grand-père. "Je me suis mis à écouter les cassettes de ses cours et j'ai reçu un choc. Il répondait à mes interrogations. La supériorité de son message sur le bouddhisme réside dans la possibilité de modifier le monde. Le rêve d'enfant de créer un monde meilleur s'avérait possible. Manitou est en outre très universaliste, tout en demeurant très juif. C'est son aspect universaliste qui m'a interpellé et qui aura raison des réticences des Israéliens de ma génération."



Il commence par faire passer les cassettes consciencieusement enregistrées par Yehouda Nakache sur MP3. Puis il ressent le besoin de partager le message de Manitou avec ses compatriotes israéliens : "Je me suis mis à traduire en hébreu les cours de mon grand-père." Les difficultés du passage à l'hébreu ne manquent pas : "La première étape consiste à comprendre parfaitement ce que dit Manitou, qui fait d'innombrables allusions à la culture française, en plus de jeux de mots ! Ses disciples m'aident à les décrypter. Dans ses cours, il pense la Torah pour un public français. J'essaie de retourner à l'essence hébraïque de son message sans perdre ce que le français y a ajouté. Je dois aussi tenir compte du fait que la génération israélienne actuelle est différente de celle des Juifs francophones à laquelle s'adressait mon grand-père. Il me tient à cœur de rendre son message pertinent pour ma génération." Comment fait-il, concrètement, pour répondre à toutes ses exigences ? "Je traduis pour moi-même. Si je suis satisfait du résultat, on peut espérer que les Israéliens de ma génération le seront aussi." Ces cours en hébreu sont consultables sur le site de la Fondation Manitou, régulièrement actualisé : [www.manitou.org.il] .



Nathalie Szerman pour © ISRAEL MAGAZINE

Re: L'H?ritage de Manitou
19 novembre 2006, 18:07
Re: L'H?ritage de Manitou
20 novembre 2006, 09:53
Un des tres grands chefs EIF, Leon Askenazi totemise Manitou.

Plus tard avec ses amis juifs , anciens grands chefs EIF et Resistants de la Deuxieme Guerre Mondiale , ils formerent les EIM Eclaireurs Israelites du Maroc.

Manitou le grand heros de tous les Juifs Marocains anciens scouts.
Pièces jointes:
Manitou,Routier a Oran.jpg
Re: L'H?ritage de Manitou
20 novembre 2006, 09:57
Manitou serieusement blesse par les allemands durant la campagne d'Allemagne.
Retabli il s'acharna a refaire la jeunesse juive francaise et la ranimer de ses cendres, c'etait fin des annees 1940's.

Manitou Studieux, son totem
Pièces jointes:
ManitouStudieux1.jpg
Re: L'H?ritage de Manitou
20 novembre 2006, 10:01
Avec tous ses camarades francais a l'aube de la fin de la guerre.

Manitou ici en compagnie de Gamzon.

Priere matinale de tous les grands EIF.
Pièces jointes:
gamzon10.gif
Re: L'H?ritage de Manitou
20 novembre 2006, 10:29
Pour plus de details sur la vie de notre cher Manitou zatsal,
vous pouriez vous rendre a cette adresse Dafina ou tous les details de sa vie ainsi que ceux de ses compagnons de route s'y trouvent.

[dafina.net]

photo de manitou et de son grand ami Castor.

amities,

elie ,
un fervent etudiant des preceptes et ecrits de manitou depuis mon tres jeune age.
Pièces jointes:
Manitou Castor.jpg
Re: L'H?ritage de Manitou
28 mars 2008, 14:35
Extrait de l'editorial de :
Guy Senbel ,Guysen.International News.
Vendredi 28 Mars 2008 .

Ses editoriaux sont d'une logique et qualite des plus remarquables.

Shabat Shalom a tous,

elie

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur le vote d’une loi à la Knesset relative à la « mort clinique » qui favorise désormais les dons d’organes en Israël. Les enjeux qu’elle révèle et les débats qu’elle suscite, au sein du monde religieux notamment, montrent une liberté de pensée et d’expression dignes d’une grande démocratie..
..Lundi 24 mars, pour encourager et faciliter les dons d’organes, le Parlement israélien a adopté une loi décrétant la mort clinique comme une mort légale. Or la mort clinique, contrairement à la mort par arrêt de la circulation cardiaque, préserve certains organes assez longtemps pour les transplanter, et sauver des vies. La nouvelle loi permettra aux médecins d’avoir recours aux dons d’organes d’individus dont le cerveau a cessé de fonctionner, mais dont le cœur continue de battre.
La loi encourage aussi le don d’organes de personnes vivantes en leur faisant bénéficier d’une indemnité. Le système de rémunération des donneurs, bien qu’il présente le risque de voir les plus misérables se porter candidats aux dons d’organes de leur vivant, pour toucher des indemnités prévues par la loi, est sans doute la meilleure façon de pallier à la pénurie. De même, le commerce de dons d’organes, désormais reconnu comme une infraction passible de trois ans de prison, empêchera les trafics de s’organiser.
Le débat suscité en Israël n’oppose pas les religieux d’une part et les laïcs d’autre part. Porté essentiellement par les religieux qui participent volontiers aux grands débats de société, la question des dons d’organes ouvre une discussion éthique sur la vie et la mort. Le débat confronte ceux qui croient qu’une personne est considérée comme morte si et seulement si son cœur a cessé de battre, à ceux qui considèrent qu’une personne est morte si son cerveau ne fonctionne plus, et qu’il est par conséquent légitime de prélever des organes sur une personne en état de mort clinique.

Le débat israélien, a impliqué l' invitation des religieux à y participer, pour l’enrichir. Le débat sur le don d’organes, provoqué par les formidables progrès scientifiques qui contribuent au prolongement de la vie humaine, ne peut échapper aux valeurs et aux principes qui fondent la civilisation judéo-chrétienne. Au cœur du débat, deux des dix commandements au moins sont pris en compte : l’un est positif, c’est l’amour du prochain ; l’autre est négatif et concerne l’interdiction de tuer.

Le grand rabbin sépharade d’Israël Shlomo Amar et le leader spirituel du Parti Shass, le grand rabbin Ovadia Yossef ont apporté leur soutien à la nouvelle loi.

Rappelons aussi que pour le rabbin Léon Ashkenazi, la mort selon la loi juive se définit par l’arrêt du souffle, le moment où l’âme quitte le corps.

Cependant, face à la nécessité de sauver une vie, il rappelait que donner une importance excessive à un corps qui vit artificiellement pourrait s’interpréter comme une forme d’idolâtrie…

Pièces jointes:
Halakha juive.gif
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter






DAFINA


Copyright 2000-2024 - DAFINA - All Rights Reserved