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Coronavirus - La fin du Monde n’aura pas lieu par Eugène Berg ancien Ambassadeur

Coronavirus - La fin du Monde n’aura pas lieu par Eugène Berg ancien Ambassadeur

CORONAVIRUS BAROMETRE DE L’ETAT DU MONDELa fin du monde n’aura pas lieu
Par  Eugène Berg Ancien Ambassadeur

 

• Qu’ il soit permis à un spectateur  » non engagé » d’ajouter quelques cailloux sur le chemin de la réalité, sinon la vérité que chacun cherche à tâtons, armés de la lanterne non des morts, mais de la lanterne magique, concernant cette pandémie soudaine, globale et absolue, et inconnue . Il y a bien sûr beaucoup plus de questions que de réponses, de description que d’anticipation, mais qui peut se targuer de détenir la vérité simple et limpide en cette matière ?

• « Cette roue sous laquelle nous tournons
• Est pareil à une lanterne magique
• Le soleil est la lampe ; le monde est l’écran ;*
• Nous sommes les images qui passent »
• Omar Khayyâm 1022 ? 1124 ? poète , astronome et mathématicien persan

• 1)Le cygne noir du Sars Cov – 2

• Cygne noir : évènement-totalement imprévisible ;-aux effets massifs-qui trouvera son explication a posteriori et son traitement ; mais à quel délai, 6 , 12, 18 mois ? « C ‘ est quand les choses sont arrivées qu’on voit combien elles étaient faciles à prévoir » avait déjà écrit Albert Thibaudet, La République des professeurs. Cette cécité de l’économie standard, portée à son plus haut point dans les salles de marché, a frappé l’ancien courtier et statisticien Nassim Nicholas Taleb. Dans un livre paru quelques mois avant la crise de 2008, il notait à propos des prévisionnistes à court terme : « Le problème avec les experts, c’est qu’ils n’ont aucune idée de ce qu’ils ignorent » .

Négliger l’imprévu dans un monde marqué par la multiplication d’événements inopinés, les « cygnes noirs », relève selon lui de l’absurdité. Les grandes pestes du Moyen Âge et de la Renaissance s’interprétaient souvent comme un signe du Jugement dernier, celui de la fureur d’un Dieu vengeur déchaînée sur un monde touchant à sa fin.

Alors chacun se tournait alternativement vers le ciel pour implorer grâce et vers le voisinage à la recherche de coupables — les Juifs et les femmes auxquels renvoie le baudet sur lequel on crie haro dans Les Animaux malades de la peste, de Jean de La Fontaine. Dans l’Europe du XXIe siècle, l’épidémie de Covid-19 s’abat sur des sociétés sécularisées mais, depuis la crise financière de 2008, affectées à des degrés divers par le sentiment d’une « perte de contrôle » écologique, politique, financière, démographique, migratoire »[1]

• Cette pandémie soudaine, présente des causes encore mal déterminées, bien que les hypothèses et évaluations se multiplient. Un seul mot sur les causes ; il semble que l’une en soit la déforestation, l’urbanisation effrénés, nous avons offert aux microbes des moyens d’arriver jusqu’au corps humain et de s’y adapter. ( lorsqu’on abat une forêt, les chauve souris, se perchent sur les arbres de nos jardins et de nos fermes : un humain ingère un fruit qui en est couvert, pire l’attrape plus facilement pour la manger) in Contre les pandémies, l’écologie Sonia Shah, Le Monde diplomatique, mars 2020.[2]

Voici une piste intéressante à explorer. Le programme Predict financé par l’ USAID a déjà identifié plus de 900 virus liés à l’extension humaine sur la planète. On trouve quelques articles allant en ce sens, Bill Gates, n’avait- il pas évoqué, il y plusieurs années « une pandémie pouvant causer une dizaine de millions de morts »

• Cette pandémie à la durée et au traitement encore inconnus dessinera – t-elle les contours d’un nouvel ordre mondial, comme on l’ a tant de fois espéré en 1919, en 1945 ; en 1990 – 1991 ? Presque tous les observateurs penchent pour une réponse positive sans étayer leur conviction et encore moins de dessiner les contours du monde de demain. Nous ne commettrons pas les erreurs de nos prédécesseurs avait dit Churchill, nous commettrons les nôtres. Quelles erreurs serviront de leçons à nos successeurs ?

• La pandémie serait apparue, le 27 novembre 2019 , bien que certains cas auraient été décelées dès septembre -octobre, mais alors dans une opacité quasi-totale. La Chine n’a décidé du confinement du Wuhan que le 23 janvier, après avoir arrêté le 3 janvier sept médecins lanceurs d’alerte, dont le docteur Li Wenliang, qui mourra du virus le 11 janvier . Wuhan est la deuxième plus grande ville du centre de la Chine après Chongqing et toutes deux ont servi de capitales au régime nationaliste pendant la guerre sino- japonaise de 1937 – 1945.

• 2)Qui accroîtra la césure Nouvelle Triade, et périphérie

• Depuis, elle s’est répandue en Europe, qui en est devenue l’épicentre, puis les Etats -Unis, qui en sont aujourd’hui le principal foyer, eux qui se croyaient à l’abri des menaces, comme avant le 11 septembre Mais au lieu de créer une coalition internationale contre le coronavirus, comme en 2001 contre la « terreur » ils se murent davantage et menacent le monde de leur foudre (cf. pétrole). Donald Trump fustige même l’OMS, qui aurait ménagé la Chine

• .Le fait que la pandémie se soit d’abord répandue dans la nouvelle Triade – Chine – Europe, Etats -Unis, qui représente près des 2/3 du PIB mondial, montre bien que la césure Centre/Périphérie, fracture que la pandémie révèle une nouvelle fois au grand jour ,ne fera que s’ accroître. Dans un rapport intitulé « Le prix de la dignité », Oxfam indique, le 9 avril, qu’entre 6 et 8 % de la population mondiale pourrait basculer dans la pauvreté alors que les gouvernements mettent à l’arrêt des économies entières. « Cela pourrait constituer à l’échelle mondiale un recul de dix ans dans la lutte contre la pauvreté, et un recul de trente ans dans certaines régions comme en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord », plus de la moitié de la population mondiale étant menacée de tomber sous le seuil de pauvreté à la suite de la pandémie . Mesure -t-on tous les effets d’une telle situation ?

• Quant à l’ Europe, prise entre le marteau et l’enclume, dont on prévoyait que l’année 2020 serait son année, sera-t-elle à la hauteur du défi ? Pour le moment elle n’en a pas encore montré le chemin. Si un éclatement est peu probable, elle devra faire montre d’une imagination, d’une solidarité et d’une générosité sans pareille .En tout cas le manque de solidarité vis-à –vis de l’Italie et de l’ Espagne laissera des traces.

• La santé pour tous titrait le Supplément du Monde diplomatique de juillet 2019, qui rappelait que la communauté internationale s’était donnée dans ses ODD – Objectifs de développement durable- d’atteindre la couverture santé universelle ( CSU). On était loin de croire alors que cet objectif n’était pas uniquement les pays du Sud .
Convient-il de rappeler que le 24 mars, est la Journée mondiale contre la Tuberculose , une date passée bien inaperçue Provoquée par le bacille de Koch, cette maladie affectait encore 10 millions d’humains à travers le monde et en a tué 1,2 million en 2019. C’est pourquoi, alors que nous luttons contre le Covid-19, qui a fait pour le moment près de 60.000 morts, il faut se rappeler que l’éradication de la tuberculose est toujours espérée pour 2035.
Les victimes annuelles du SIDA après leur pic de 1, 7 millions en 2004, n’ont certes fait que diminuer : 800 000 en 2017, 770 000 en 2018, mais restent significatives. Quant au troisième grand fléau, celui du paludisme il continue à provoquer 500 000 victimes annuelles ?Bien sûr ces pandémies, « traditionnelles » auxquelles on peut le dire on s’est habitué n’ont rien à voir avec le coronavirus, encore valait -il les rappeler…

• Cette crise du SARS – Cov -2 ( Cov 19 ( eng) révèle bien des choses de notre état du monde; mais heureusement depuis qu’ Ambroise Paré dans son récit de la peste à Lyon en 1564, dépeignant une ville à l’abandon, exemple d’une société sans Etat, où tout manque, nourriture, soins, charité que de progrès nous avons accompli. Le « nihilisme n’a pas encore vaincu » , nous restons une civilisation « nous rassure Alain Finkielkraut Bien que l’on ait assisté à bien des actes non de « barbarie » ;, mais d’absence de décence (détournement et/ou accaparement de masques en provenance de la Chine, détournés/empochés par les Etats -Unis…). Aux réflexions philosophiques, éthiques, culturelles, qui se multiplient, il convient d’y ajouter le regard géopolitique

• 3)Qui fait état d’un miroir de l’état brisé de notre monde.

• Nous n’avons même plus, comme Stendhal à sortir tendre notre miroir, le monde vient à nous. Notre monde est comme un miroir brisé et il faudra de longs mois pour recoller les morceaux. Cette crise représente d’ores et déjà le troisième choc systémique de la mondialisation, 2001,2008, la plus grave selon Angel Gurria , secrétaire Général de l’ OCDE qui a lancé un appel à la coordination internationale autour de quatre axes

• – Intensification de la coopération pour les vaccins et les traitements
• – – politiques communes en matière de soins
• – Action coordonnée des banques centrales
• – – tous doit être fait pour rétablir la confiance, notamment en éliminant les restrictions aux échanges
• Ce dernier point est le plus porteur, mais délicat à mettre en œuvre, à l »heure du « chacun pour soi », individuel ou collectif

• Sera -t-elle une crise économique majeure, à l’instar de 1929 , tout dépendra de sa durée , de son extension , mais croire que la croissance mondiale, ne sera que divisée par deux – en gros de 3,2% à 1 , 5%, paraît bien prudent . Les évaluations, hypothèses, études abondent ; chacun pourra s’y référer.

• Dans quelle mesure façonnera – t-elle le duopole américano -chinois, pour le moment bien des experts penchent vers un renforcement de la Chine, à la fois par ce qu’elle semble avoir maîtrisé la pandémie, que sa machine économique a commencé à redémarrer ( Huawei, rît ; Apple pleure, et qu’elle déploie son soft power, en Italie et ailleurs , suivie de son partenaire russe. En tout cas ce sont les anciens tigres asiatiques qui ont le mieux maîtrisés la pandémie, preuve, s’il en fallait encore, que le développement économique, on disait jadis social, n’est pas synonyme de la croissance.
En tout cas , en Chine, le régime sortira probablement renforcé » de la crise, ne croyons pas que XI Jinping soit un nouveau Gorbatchev après Tchernobyl, Pékin a déjà rétorqué sur tous les plans et n’abandonnera ses plans de déploiement de la 5G En tout cas on assiste à l’émergence d’un monde post américain, comme ce fut à la fin du XIXe siècle lorsque le pouvoir impérial britannique a commencé à être battu en brèche.

• Pour le moment on a assisté à une Gouvernance mondial en panne, une solidarité (européenne en berne, et une coopération internationale anémique. Est- ce pour autant la preuve de l’inexistence de la Communauté internationale, comme l’explique Hubert Védrine de longue date ?

• 4)Qui ressemble à une loupe grossissante de nos faiblesses, de nos incapacités , de nos inégalités

• Donald Trump est plus que l’égal de lui -même, ( il s’est réjouit au départ des malheurs de la Chine, le « virus chinois ») et souhaiterait le rapatriement de certains investissements américains. Il dresse désormais un mur sanitaire avec le Mexique. Que pense t-il de la situation de l’Iran et du Venezuela , les sanctions seront -elles adoucies, l’envoi des médicaments et appareils sanitaires autorisé ?
Plutôt il entend profiter de la détresse du second en promettant la levée partielle des sanctions contre la promesse de la tenue d’élections. Quelle légitimité revêtiront celles-ci, sachant que plus de 5 millions de Vénézuéliens ont fui le pays. Que fait la nation indispensable de Madelaine Albright?
Est – ce le glas du leadership américain ? Son organisation sociale profondément inégalitaire sera – -t-elle amendée- Se mobilisera- t-elle comme après Pearl Harbour ? Quel impact aura la pandémie sur le scrutin de novembre ? Il n’est pas certain que Trump soit battu, encore 60% de l’électorat sont favorables à son action et les Etats les plus touchés, New York et la Californie sont des bastions démocrates dont il n’a rien à espérer ?
Heureusement la Californie se conduit en « Etat nation, y a-t-il d’autres exemples aux Etats -Unis et dans le monde ?Donald Trump s’estime toujours bien puissant, puisque ‘un seul tweet, a fait bondir les cours du brut de 3O%, c’est dire la fébrilité et la volatilité des marchés – réputés « rationnels « alors que la réunion OPEP + n’a même pas eu lieu ! Mais il me semble bien prématuré de prédire l’effondrement du capitalisme américain, comme l’envisage Douglas Kennedy ( le Monde du 2 avril). Les GAFAM disposent de bien des armes et Jeff Bezos, a vu encore sa fortune de croître de 5,7 milliards de $ . C’est à une mutation d’ensemble à laquelle on assistera et le secteur de la santé ( 17% du PIB ) a de beaux jours devant lui pour reconquérir des positions et des parts de marché.

• La pandémie aggrave les fractures, les inégalités touche particulièrement les migrants, les réfugiés, les plus démunis sont les plus touchés. Un jour on nous présentera les comptes , surcroît de violence, de terrorisme, surgissements de courants anti modernistes, anti occidentales

• 5) Qui détraque notre horloge géopolitique

• Car elle rétrécit l’espace ( -nous amène comme Xavier de Maistre à voyager autour de notre chambre) et rétrécit la longueur de notre horizon décisionnel. Rarement , peut – être même jamais, les décideurs , quelque qu’ils soient, ont vu leur horizon décisionnel limité à 3, voire à 4 semaines tout au plus, ce sur tous les plans. Quel Churchill pourra nous dire, demain, tout de suite que ce n’est pas la fin du commencement, mais le début de la fin?

• Observons que la « quasi-totalité « des grandes conférences, des salons, des manifestations sportives, sont annulées, jusqu’en novembre, comme la COP 26 de Glasgow , quand s’arrêtera cette liste, qui s’allonge chaque Que deviendra le Brexit ?
La date du 31 décembre chère à Boris Johnson paraît bien compromise. En Russie après avoir annulé le scrutin du 22 avril , le « leader national » maintiendra – t-il la grande parade du 9 mai qui était prévue comme le deuxième couronnement du « tsar » ?
Mon sentiment est -qu’il pourrait la maintenir, sous les caméras de TV, mais en dehors du public, — ou la reporter au jour de la patrie, 4 novembre. Gouverner, c’est prévoir et … choisir .

• Entrer dans un monde marqué par l’aléa infectieux suppose de corriger nos carences et de constater notre incapacité, notamment en Europe, à donner une réalité au principe de précaution et à cultiver l’approche préventive écrit Dominique Strauss Kahn dans son solide article dans Politique Internationale ( 5 avril, en ligne). Cela dit, beaucoup d’interrogations se pressent, auxquelles chacun apportera ; individu, entreprise, collectivités, régions, Etats, organisations internationales dans les semaines à venir des réponses appuyées .

• Comme l’écrit Serge Halimi dans Le Monde diplomatique d’avril qui consacre un riche dossier à la pandémie : « La plupart d’entre nous n’avons connu directement ni guerre, ni coup d’État militaire, ni couvre-feu. Or, fin mars, près de trois milliards d’habitants étaient déjà confinés, souvent dans des conditions éprouvantes ; la plupart n’étaient pas des écrivains observant le camélia en fleur autour de leur maison de campagne. Quoi qu’il advienne dans les prochaines semaines, la crise du coronavirus aura constitué la première angoisse planétaire de nos existences : cela ne s’oublie pas. Les responsables politiques sont contraints d’en tenir compte, au moins partiellement ».

• 6)Certitudes et inconnues : les chemins de l’avenir

No hay Camino, se hace el Camino caminando
• Il n’y a pas de chemin , on le trace en marchant
• Machado

• Sur les chiffres
• On évoque la grippe espagnole causant 3 à 4 fois –( 40 à 60 millions versus 15 millions ) plus de victimes que la Grande guerre .
• Plus grave serait la sous -estimation des victimes en Chine, un conseiller de Boris Johnson parle d’un coefficient multiplicateur de 25 à 40 .Dans ce cas le chiffre des victimes se situerait autour de 150 à 200 000 ( tremblement de terre en 1976 l’année de la mort de Chou et de Mao, plus de 360 000 victimes), depuis la population chinoise a doublé
• Quel sera le bilan mondial ( Afrique, Brésil … ) quand sera -t-il établi, par qui , OMS, autre autorité « fiable et reconnue »? Car on est bien face à l’impossibilité de confiner, au moins durablement, le Sud , habitué à une vie communautaire, où les conditions sanitaires sont très insuffisantes. Se laver les mains est chose inatteignable pour la moitié de la population africaine.
Pour le moment 1, 5 Million de contaminés, 80 000 décès, si ce chiffre gonflait de 20 000 par jour pendant encore au moins trois semaines, les proportions apparaîtraient vraiment « bibliques » comme l’ a dit Mario Draghi . Reste la grande inconnue africaine et celle de tous les déshérités, le milliard du Bottom down de Paul Collier d’Oxford.

• Quant aux pertes économiques mondiales , il est trop tôt pour les mesurer Atteindront- elles 2% du PIB mondial pertes de 1600 G $6% du PIB mondial= 4000 G $, soit 1 ½ PIB annuel de la France (hypothèse extrême) ?Pour le PIB de la zone euro, Patrick Arthus estime les pertes entre 2 et 5%.

• Tout le monde a les yeux braqués sur le pétrole, dont les niveaux de prix ont atteint à peu près ceux d’octobre 1986 ( 9$ le bbl), une des causes de la chute de l’URSS, quels effets produira cette chute sans précédent sur les pays (Algérie , Angola, Nigéria) qui dépendent de l’or noir et du gaz pour 95 à 97% de leurs exports.
Mais qu’en est -il des autres matières premières, minerai de fer cuivre, nickel, en dehors des terres rares et de minerais utilisés dans les EVs ?
• Comment vont évoluer les secteurs clefs ( loisirs, services, tourisme 10%¨du PIB mondial, transport aérien et maritime ), surtout quelle sera la vitesse et l’ampleur de la reprise, on ne remplit pas une bouteille d’un litre, avec deux litres !Comment les chaînes de valeur vont elles se restructurer ?Il semble assuré, comme l’ a exprime , Daniel Cohen, dans son interview au Monde du 2 avril, que « cette crise sanitaire, signale l’accélération du capitalisme numérique.
Le télétravail, l’enseignement à distance, la télémédecine vont de répandre mais cela accroîtra encore les différences entre les pays et la région. Singapour , la Corée du Sud, Taiwan, les anciens tigres asiatiques sont beaucoup mieux outillés que la Somalie, les pays du Sahel, ou les pays en survie ( Venezuela, Syrie, Irak, Gaza…)

• La trêve de Dieu est -elle pour demain ?

• Antonio Guterres, le pape François ont appelé à l’arrêt des combats, mais qu’en est il en réalité ? au Yémen pas de trêve en vue, au Sahel ? Le souffle de la pandémie n’a pas fait cesser le sifflement des balles. Que faire ? L’ opération Barkhane se poursuit , pour l’instant.
Peut -on prévoir dans un ou trois mois ? Quels effets à court terme sur les forces, lorsque je vois qu’un bâtiment de la US Navy a été arrêté ( 30 cas de Covid – 19) qu’ en est-il, qu’en sera -t-il dans les casernes, lorsque l’on constate que l’armée, avec bien sûr le corps médical et la police est la colonne vertébrale du combat. Après avoir écrit ces lignes j’apprends qu’une quarantaine de marins du Charles de Gaulle ont été infectés.

• Dès que les conditions le permettront, nul doute que les conflits repartiront alors même que les puissances seront surtout concernées par leur situation domestique. On peut craindre que ce soit le cas, en Syrie en Libye, au Sahel au Yémen. D’autant que de nombreux États ébranlés par la crise auront encore plus de difficulté que par le passé à agir à l’extérieur.
Les zones grises, les zones de non droit, se répandront et rendront la surface de la planète encore plus « peau de léopard » En tout cas on remarque que l’armée dans tous les pays se révèle une des seules institutions sur laquelle, on peut se reposer, demandera -t-elle demain plus de moyens pour assurer ses missions à venir

• L’ OTAN agit également à la marge, se donnant un léger surcroît de légitimité, ,n’est ce pas de bonne guerre ? Elle a activé son plan EADRCC ( Euro- Atlantic Disaster Response Coordination Centre), mais ses manœuvres ont été gelées J’observe que les Etats -Unis, dépositaires du Pacte atlantique , ont reçu le document d’adhésion de la Macédoine, comme 30 è membre de l’OTAN, comme si de rien n’était…

• La gouvernance et la coopération internationale a démarré avec retard
• Pour le moment, ni le G7,ni le G 20, n’ont brillé par leur « activisme », comme en 2008.L’ UE fait ce qu’elle peut , et elle a réagi avec trois semaines de retard, comme la quasi-totalité des gouvernements Mais il est vrai comme l’a remarqué Dominique Reynié, qu’elle est bâtie plus à partir d’une idée de coopération que de solidarité . l’idée européenne s’est vu refuser l’accès à l’affectio societatis par des Etats nationaux qui voulaient conserver en monopole ce lien de reconnaissance . Une fois de plus la cigale malade s’oppose à la fourmi frugale. Il apparaît tout de même prématuré de prévoir l’éclatement de l’ Union.

• Les gigantesques plans de sauvetage financiers

• Les besoins sont énormes et les chiffres annoncés gigantesques ( UE, 7500 G euros 6% du PIB USA 2000 G $.On parle de l’hélicoptère monnaie, 1000 euros : par habitant ., le Canada avance 2000 C$ ;
• Dominique Strauss Kahn évoque le recours aux Droits de tirage spéciaux du FMI. Rien n’empêche de les réactiver ; rien, sauf l’allergie américaine à tout ce qui ressemble à une action multilatérale — allergie que la tiédeur des Européens n’aide pas à contrebalancer ). Allègement des dettes des pays à bas revenus et émission massive de DTS sont aujourd’hui un passage obligé pour contribuer à éviter une catastrophe économique dont les conséquences rejailliront au-delà des rives de la Méditerranée.Les opportunités d’investissement créées par l’effondrement d’une partie de l’appareil de production, comme l’effet sur les prix de mesures de soutien, peuvent relancer le processus de destruction créatrice décrit par Schumpeter.
• Source Politique Internationale, 5 avril 2020

• Car ce qu’il nous faut dès maintenant, précise l’ancien Directeur Général du FMI ce sont :
• – des plans de soutien de la demande de l’ordre de grandeur de la perte de production (plusieurs points de PIB pour 2020 seulement). Ceux-ci doivent reposer, pour les ménages comme pour les entreprises, sur de véritables soutiens à leur liquidité par des mesures fiscales et budgétaires ;
• – une coordination de ces politiques avec les actions menées par les banques centrales en matière monétaire ;
• – un instrument de mobilisation de ressources budgétaires et d’endettement commun en Europe. Sans mutualisation, la réponse budgétaire sera insuffisante ;
• – une action concertée au niveau international incluant l’extension de cette liquidité au-delà des pays développés.
• Ce plan habile et bien conçu mettra, cependant du temps à s’appliquer.
• La CNUCED, pour sa part, vient de lancer un appel pour le lancement d’un plan d’aide de 2500 G$ pour les pays en développement, ce qui ne représenterait que 600 $ par habitant :
• -1000 G annulation de dettes
• -1000G $ d’aide du FMI
• -500 G $ d’aide urgente, médicaments, tests, matériels renforcement des appareils sanitaires.

• Les raisons d’espérer demeurent ; la France va accorder une aide de « près de 1,2 milliard » d’euros pour la lutte contre la propagation du Covid-19 en Afrique, a annoncé mercredi 8 avril le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. «Au niveau bilatéral nous prendrons part à cet effort en réorientant une partie substantielle de notre aide au développement sur les enjeux de santé et les enjeux alimentaires pour près de 1,2 milliard d’euros », a-t-il déclaré devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

• Mais inonder de liquidités des économies évitera certaines faillites mais ne permettra pas de relancer une production bloquée par le manque de personnel, confiné par décision gouvernementale ou par la peur de l’épidémie. Pour chaque pays qui compte, chaque région les spécialistes devraient dresser un état des lieux.

• -les réponses nationales ‘confinement, tests, masques, matériel, production.
• -l’état des systèmes de santé
• -les coopérations, qui aide qui et comment au delà des effets d’annonce Chine et Russie, pour Italie qu’en est il , pour l’Iran, le Venezuela, Gaza… liste sans fin

• Une dernière remarque peut être faite sur le niveau adéquat de coopération et de multilatéralisme. Sur les cinq niveaux que je perçois, mondial , intercontinental, régional, sub régional, national lequel est le plus efficace et opératoire. Le niveau mondial ( ONU , OMS) est la seule légitime, mais est dépourvu de moyens . Il fixe des orientations , dresse un bilan quotidien, distribue de l’aide L’interrégional est quasi inexistant ; le régional souvent déficient, que peut faire l’Union africaine dans les conditions d’urgence actuelle. Il ne reste plus que les organisations subrégionales se mobilisent , elles , dans l’urgence. Même l’échelon national, n’est pas toujours efficient où les Doumas régionales adoptent des dispositions souvent différentes, sinon contradictoires .

• Effets sur la démocratie, les libertés publiques et les « nouveaux autoritaires », leur comportement a t-il changé, s’est-il consolidé
• On observe les déclarations de Loukachenko, de Bolsanaro, de Duterte . Le premier préconise une bonne rasade de vodka et de pratiquer les sports collectifs, comme antidote. En Europe, Viktor Orban s’ arroge les pleins pouvoirs , le 30 mars ; lui permettant de légiférer par décret, pour une durée indéterminée.
La présidente de la Commission européenne, a eu raison de rappeler que les mesures prises par les Etats membres   » doivent être limitées « et « strictement nécessaires » et a-t-elle précisé « ne doivent pas durer indéfiniment »

Sera-t-elle entendue lorsque les urgences de l’heure s’imposeront ?L’ épidémie montre clairement que l’état d’exception est devenu la condition normale, des habitudes se prennent, – notamment en matière de surveillance, reviendra –t-on sur toutes ?
• En sus du nécessaire renforcement du rôle de l’OMS dans la mise en œuvre de politiques de prévention actives, cette réapparition du sentiment d’interdépendance doit être accompagnée pour ne pas qu’émerge une société de défiance généralisée.
.
• Il va de soi que les études médicales, virologiques, sociologiques, ethnologiques se multiplieront et livreront leurs premières conclusions
• Quels effets ont joué et joueront à l’avenir le climat et la biodiversité sur les pandémies ( fonte du permafrost, autres boucles rétroactives…). En ce domaine également les études à venir et les décisions sont vivement attendues, quelle alimentation pour demain, comment mieux utiliser les ressources en eau ; les habitudes alimentaires , en Chine ( animaux) seront -elle modifiées . Quoiqu’il en soit après le changement climatique, la biodiversité, les migrations internationales, les armes de destruction massive, voilà que la santé devenue, non seulement un Bien commun, mais comme objet de haute politique, ce pour un bon bout de temps.
• La crise sanitaire crée l’opportunité d’une mobilisation accrue pour lutter contre le changement climatique. Au-delà des liens entre le climat et la santé publique, les mesures prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie transforment le débat sur les contraintes budgétaires que nous nous imposons comme sur l’encadrement des comportements individuels. Mais il existe aussi un lien avec d’autres domaines de la préservation de l’environnement et en particulier la préservation de la biodiversité.

• Les décisions en cours

• En dehors des mesures, ponctuelles, prises dans l’urgence ( fabrication de masques, de ventilateurs, d’appareils de tests) assiste- t-on à des retours d’investissements , de relocalisations ?
• Quels Etats reviendront, reporteront leurs décisions sur la G5 de Huawei, Londres envisage de revenir et les autres, réponses individuelles ,concertées, sous pression ?Qui construit les masques, les ventilateurs, les systèmes de surveillance ; quel emploi sera fait du traçage des populations , de la monnaie électronique. Tant de questions se bousculent, qui nous interpellent, citoyen, électeur. Pour la première fois peut -être ; comme l’avait perçu en 1967 , Marshall Mac Luhan, nous vivons dans un village planète où quelques palais côtoient bien des masures

• Conclusions provisoires

• La carte du monde en sortira modifiée, certes mais dans quel délai et dans quelle mesure ? En sortirons-nous collectivement plus affermis, conscients vis-à-vis de l’avenir, plus solidaires, plus inventifs ?
• Il apparaît illusoire de favoriser tel secteur par rapport à tel autre, par exemple l’ agriculture et la santé au détriment du climat ou de la biodiversité, c’est toute la chaîne des interdépendances qui est en cause. Les décideurs disposent ils d’un tableau de bord, complet et opérationnel, d’où l’utilité des plate – formes d’information type OCDE…
• Afin d’apporter des solutions progressives à défaut d’espérer une sortie immédiate et globale par le haut de cette crise, les institutions de concertation actuelles apparaissent insuffisantes et inadaptées , encore convient -il de les utiliser au mieux
• Ce n’est pas une réunion du Conseil de sécurité, ni un sommet du G7 ou du G20, ni même un sommet de l’UE, qui permettront à eux seuls d’apporter une réponse unique et concertée à l’actuelle pandémie. Certes ,il est envisagé une réunion du Conseil avec la participation -une première dans l’histoire de l’ONU – des chefs d’Etats du P5, les membres permanents.
La valeur symbolique d’un tel sommet saute aux yeux. Convient-il d’y voir la panacée. Que n’y a t’on eût recours dès les premiers signes d’extension mondiale de la pandémie ? Est -ce pour « embarquer « Trump dans une action collective à laquelle il ne paraît nullement converti ? Plus grâce encore, pourquoi distinguer les 5 permanents du reste de la Communauté internationale.
Que de non dits ;Pour justifier leur statut de membre permanent doté du droit de véto. Ceci pose, -une nouvelle fois , la question de la nature et des pouvoirs des organisations internationales. Certes il faudra donner plus de pouvoir à l’ OMS , mais lesquels . Les Etats -Unis, la Chine sont ils prêts à lui déléguer plus d’ attributions dans les circonstances actuelles, sachant que la sécurité sanitaire, et non la seule santé est devenue, question de haute politique, et devrait le rester.
Faudra – t-il agir en priorité en faveur de la santé, au détriment de la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité, alors que ce trinôme est bien réel et il conviendra d’agir dans toutes ses dimensions.

• Faut-il se reposer en définitive que sur une intelligence collective, une action en réseaux , à des approches plurielles, combinant actions nationales , locales et impulsions et incitations venues du sommet, auxquelles, il est fait appel. Il est certain que le monde de demain ne sera plus identique à celui d’hier. Mais l’humanité opère – t-elle des mutations d’ampleur en quelques mois seulement ?Un immense effort d’éducation, de formation, d’identification sera nécessaire durant des années, sources d’investissement, de création d’emplois

• Sans parler de Fonds global, de Plan Marshall, il est préférable, dans un premier temps outre les aides d’urgence aux plus nécessiteux de se concentrer sur les solidarités de proximité, de prévoir des dispositifs d’urgence sur les zones les plus sensibles (camps de migrants et de réfugiés, zones de conflits…). La grande question reste toujours la même . A une question de Louis XV, :lui demandant ce qu’il lui fallait pour gagner la guerre, le maréchal de Saxe, répondit : Sire, trois choses, de l’argent, de l’argent, de l’argent !

Que les divers fonds mis en place ne se réduisent pas aux seuls crédits publics, c’est un vaste Global Pledge dont on a besoin à l’échelle planétaire. Certains « milliardaires » américains ont mis la main à la poche, action louable et vite rendue publique, qu’en est -il des autres régions du monde

Eugène Berg

Notes
• [1] Jusqu’ ‘à la prochaine fin du monde, Renaud Lambert, et Pierre Rimbert, Le Monde diplomatique, avril 2020
• [2] Une étude menée en 2017 a révélé que les apparitions du virus, dont la source a été localisée chez diverses espèces de chauves-souris, sont plus fréquentes dans les zones d’Afrique centrale et de l’Ouest qui ont récemment subi des déforestations. Lorsqu’on abat leurs forêts, on contraint les chauves-souris à aller se percher sur les arbres de nos jardins et de nos fermes. Dès lors, il est facile d’imaginer la suite : un humain ingère de la salive de chauve-souris en mordant dans un fruit qui en est couvert, ou, en tentant de chasser et de tuer cette visiteuse importune, s’expose aux microbes qui ont trouvé refuge dans ses tissus. C’est ainsi qu’une multitude de virus dont les chauves-souris sont porteuses, mais qui restent chez elles inoffensifs, parviennent à pénétrer des populations humaines — citons par exemple Ebola, mais aussi Nipah (notamment en Malaisie ou au Bangladesh) ou Marburg (singulièrement en Afrique de l’Est). Ce phénomène est qualifié de « passage de la barrière d’espèce ». Pour peu qu’il se produise fréquemment, il peut permettre aux microbes issus des animaux de s’adapter à nos organismes et d’évoluer au point de devenir pathogènes.

CV Eugène Berg

CARRIÈRE DIPLOMATIQUE
• Juin 1973 – Ministère des Affaires Étrangères
Direction des affaires politiques, puis au Service des Nations unies et Organisations Internationales.

• Juillet 1990 à novembre 1993
Adjoint au Président de la Commission Interministérielle pour la Coopération franco-allemande.

• Janvier 1994 à septembre 1998
Consul général à Leipzig (Allemagne).

• Octobre 1998 à janvier 2003
Ambassadeur de France en Namibie et au Botswana.

• Mars 2004 à mai 2006
Ambassadeur de France aux îles Fidji, à Kiribati, aux Iles Marshall, aux Etats Fédérés de Micronésie, à Nauru, à Tonga et à Tuvalu.

DIPLÔMES

• Maîtrise d’économie 1965
• Proficiency Cambridge 1966
• Licencié en Droit – Faculté de Droit de Paris (Assas) 1968
• Diplôme de l’Institut d’Études Politiques Paris 1967.
• Ancien élève de l’E.N.A. l’Ecole Nationale d’Administration (1971– 1973)

AU SEIN DES ENTREPRISES

• Détachement chez TOTAL (1983 -1886)
• De 2008 à 2013, Représentant de la société TOTAL à Mourmansk.
ENSEIGNEMENT

• Maître de conférences à IEP Paris (1973 – 1986),
• Direction de Séminaire sur le Pacifique (2006 – 2008),
• Conférences de méthode,
• Interventions à l’ENA,
• Interventions à l’École Polytechnique,
• Préparation ENA de Grenoble (1973 – 1986, 1989 – 1993), Toulouse, Aix en Provence,
• Enseignements de géopolitique au CEDS Paris et à Saint -Cyr

OUVRAGES– PUBLIÉS

• Chronologie Internationale (1945-1980 éd. PUF Collection Que sais-je ? 1997 4 éditions. Non alignement et Nouvel Ordre Mondial éd. PUF – 1982
• La politique internationale depuis 1955 éditions Economica – 1990 -1756 pages ouvrage couronné par l’Académie des Sciences morales et politiques
• Un ambassadeur dans la Pacifique éd. Hermann 2009
• La Russie pour les Nuls (éditions First, 2016).
• A la recherche de l’Ordre mondial éd Apopsix, septembre 2018

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