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Mira Awad, chanteuse victime du conflit israélo-palestinien

Mira Awad, chanteuse victime du conflit israélo-palestinien

 

 

Par Judith Duportail

 

 

L'artiste arabe israélienne pourrait ne pas pouvoir se produire samedi soir à Nazareth sous prétexte qu'elle a représenté Israël à l'Eurovision en 2009.

Mira Awad, artiste d'une trentaine d'années, célèbre au Proche-Orient, fait figure de symbole des difficultés auxquelles font face les Israéliens aux origines arabes, pas assez israélien d'un côté, plus assez arabe de l'autre. Mira Awad est attendue samedi soir à Nazareth où vivent de nombreux Arabes israéliens, pour un concert.

Mais les prises de position politiques de la chanteuse en faveur d'un dialogue entre les deux parties lui valent un appel au boycott. Le collectif d'associations palestinien «Boycott, désinvestissement et sanctions» (un groupe qui entend peser sur Israël en boycottant tout ce qui a rapport avec l'état Hébreu) a également demandé à la mairie de Nazareth d'annuler la venue de la chanteuse. C'est ce collectif qui avait, par exemple, fait pression sur Vanessa Paradis pour qu'elle annule son concert à Tel-Aviv en janvier 2011.

«Nous vous demandons d'annuler ce concert, écrit le collectif dans une lettre ouverte, compte tenu de la coopération de Mira Awad à la propagande sioniste dans le monde.» La mairie de Nazareth n'a pas encore réagi mais la chanteuse, selon les informations publiées sur son compte twitter, compte toujours s'y produire samedi soir.

«Les Arabes Israéliens ne devraient pas être vus comme des traîtres parce qu'ils essaient de s'intégrer, écrit Sahar Segal, étudiante israélienne dans une tribune au Daily Beast, en réaction à l'appel au boycott de la chanteuse. Le repli sur soi pousse les Arabes israéliens à rester pauvres et exclus de la société.» Le taux de chômage des femmes Arabes israéliennes atteint en effet 78% de la population.

«Palestinienne de coeur mais israélienne sur mon passeport»

En 2009, la chanteuse arabe et chrétienne Mira Awad avait accepté de représenter Israël à l'Eurovision, en compagnie de la chanteuse israélienne et juive Noa. Elle s'était vue accusée de «collaborer avec la propagande sioniste» par le collectif d'associations palestiniens «Boycott, désinvestissement et sanctions». De l'autre côté, l'extrême-droite israélienne jugeait Mira Awad indigne de représenter le pays car «irrespectueuse» des traditions juives.

 

«Je me sens palestinienne de coeur, mais je suis israélienne sur mon passeport», a-t-elle expliqué au quotidien hébreu NRG . Minoritaire dans la minorité, Mira Awad fait partie de la poignée de chrétiens parmi les Arabes israéliens, majoritairement musulmans. L'artiste se sert de son identité multiple dans son travail. Elle a par exemple un rôle dans le sictom Avodah Aravit, «Travail d'arabe», souvent décrit comme un «Plus belle la vie à l'israélienne». Elle y joue une avocate arabe en couple avec un israélien juif. Un couple qui n'existe cependant qu'à l'écran. Interviewée par NRG en février dernier, Mira Awad, qui vit à Tel Aviv, expliquait ne pas pouvoir avoir une histoire d''amour sérieuse avec un Israélien: «La réalité est qu'il y a en Israël beaucoup de garçons charmants avec qui passer de très bons moments. Mais même le plus gauchiste des Israéliens refusera de se marier avec moi, car cela voudrait dire que ses enfants ne seront pas juifs.»

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