Quand Farid El Atrach se produisait en concert au Maroc
MUSIQUE - Farid El Atrach a été au Maroc. Et plutôt deux fois qu'une. En 1951, il a animé plusieurs concerts à Rabat, devant, notamment, le roi Mohammed V. En 1971, il reviendra sur invitation du roi Hassan II, pour jouer un concert à Skhirate, un certain 10 juillet 1971.
Dans les années 50, alors qu'il était en tournée dans les pays du Maghreb, la vedette de la musique et du cinéma égyptien Farid El Atrach s’est produit au Maroc, devant le roi Mohammed V en personne. Le souverain avait même décoré le "chanteur triste" (Farid El Atrach était célèbre pour ses chansons tristes et mélancoliques) d’un wissam alaouite. Dans une interview accordée à la radio nationale en 1951, on apprend que Farid El Atrach a chanté deux soirs consécutifs sur les planches du théâtre Royal à Rabat (actuel cinéma Royal).
20 ans plus tard, en 1971, Farid El Atrach reviendra au Maroc. Le 9 juillet 1971, dans le cadre des festivités du 42e anniversaire du roi, il a animé un concert devant ce dernier, et lui a même dédié une chanson. Hassan II appréciera le geste, et invitera Farid El Atrach à jouer un concert le lendemain, au palais de Skhirate.
Rencontre avec Ahmed Bidaoui
Durant son concert du 19 juillet, un événement inattendu se produira. Comme le rapportait le magazine TelQuel dans son dossier "les folles soirées de Hassan II", "lors d’une soirée avec Farid Al Atrach, Hassan II décide de faire découvrir à sa guest star son luthiste préféré. Instructions sont alors données pour ramener Ahmed Bidaoui. Sauf qu’il faut se lever tôt, beaucoup chercher, et s’armer de patience, pour espérer retrouver la trace du jeune compositeur. Qu’à cela ne tienne, les forces de police sont missionnées pour mettre la main sur Bidaoui. Qui se terre, quelque part, dans un bistrot casablancais. 'Debout, le roi te demande', lui assènent les policiers. Pris d’un mélange de joie et de panique, le musicien ne tient plus sur ses jambes. Il est alors escorté jusqu’au palais royal de Rabat.
Quelques tasses de café et une douche froide plus tard, Ahmed Bidaoui fait son entrée sur scène, où il récupère le luth que vient de poser Farid Al Atrach. Les musiciens de l’orchestre redoutent le pire, mais leur frayeur se dissipe devant les premières notes magiques du compositeur marocain. Sa prestation lui vaut même une standing ovation de Farid Al Atrach et Hassan II himself.
Sauf que l'acclamation honorifique provoque en Bidaoui une réaction inattendue. L'homme se lève de son siège et assène un violent coup de pied… à son luth, qui se brise en mille morceaux. Le tout sous le regard médusé de Hassan II. Un ange passe dans la salle… L’assistance reste hagarde, tandis que les serviteurs se mettent à scander: 'Que Dieu donne longue vie à Sidi'.
Fin de la soirée, le monarque se couche, et la vie reprend son tonus normal. Saleh Charki, musicien et fidèle compagnon de Bidaoui, raconte que ce dernier est resté silencieux sur le chemin du retour. Mais il fallait bien qu’il explique son geste, dès le lendemain, devant le souverain. Convoqué par Hassan II après sa sieste, Bidaoui se surpasse en implorations et en improvisations : 'Que Dieu donne la vie à Sidi. J’ai cassé le luth car je ne voulais plus que quelqu’un touche l’instrument sur lequel a joué Farid Al Atrach et qui m’a donné toute cette inspiration'. Bonne réponse : le monarque sourit. Et passe l’éponge."
Un musicien à Skhirate
Le samedi 10 juillet 1971, jour de la première tentative de coup d'État militaire contre Hassan II, Farid El Atrach était présent au palais royal de Skhirate aux côtés de plusieurs célèbres artistes arabes pour fêter l'anniversaire du roi Hassan II. Ce qui l'a sauvé? Après avoir fini son concert, il a fait part au roi Hassan II de son désir de rentrer pour se reposer. Le roi accepte, Farid El Atrach se dirige vers la sortie en voiture, et se retrouve nez-à-nez avec une des soldats armés jusqu'aux dents. Les mêmes qui feront une centaine de victimes, quelques minutes plus tard. Les soldats font signe à la voiture de s'arrêter, puis, miraculeusement, l'autorisent à continuer son chemin.
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