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Une performance indéniable - Par Vanessa De Loya Stauber

Projeté au festival du film Juif à Jerusalem après Cannes, le procés Goldman de Cédric Kahn relève un défi : huis clos captivant qui nous tient en haleine .

Dénué de fioriture, sans flash-back,  le réalisateur a axé son approche sur un angle sociologique et politique des années 70.

La réussite de ce film repose sur le sentiment d’assister en direct à un procés intense où seul le spectateur décidera librement de son opinion.

Un scripte remarquable d’intelligence rédigé par Arthur Harari qui campe avec brio le rôle de l’Avocat Georges Kiejman.

L’acteur Arieh Worthalter incarne divinement un Pierre Goldman arrogant,  provocateur et magnifiant le verbe avec aisance .

Victime de son idéologie marquée par ses séjours à Cuba et ses liens aux groupes de guérilleros Latino Americains, il en résultera un militantisme véhément et une célébrité sulfureuse d’intellectuel de gauche révolutionnaire .

Accusé de divers hold-up reconnus et d’un braquage qui finit mal, entrainant la mort de deux pharmaciennes. P.Goldman clamera son innocence pour le meurtre de ses deux victimes prétextant avoir  hérité des valeurs foncièrement humaines de ses parents peu banals et inspirants .

Une mère Janka Sochaczewska résistante communiste, engagée lors des grèves de mineurs en 1930, journaliste aux Temps modernes auprés de J.P.Sartre et S.de Beauvoir, expulsée dans son pays la Pologne en 1948 pour ensuite y professer dans un lycée de Varsovie.

Son père Alter Mojze Goldman,  immigré polonais, capitaine dans les chasseurs d’Afrique fut décoré de la Légion d’honneur !

Son demi-frère légendaire Jean Jacques Goldman, est discrètement présent au procés. L’acteur Ulysse Dutilloy-Liegois le représente subtilement. Enigme troublante à l’image de leurs dissonances.

Le mérite de ce film contemporain, en résonance avec certaines discriminations actuelles,  consiste à rappeler combien la justice en 1976 relatait déjà des pointes de racisme et d’antisémitisme, de même qu’un pouvoir policier hautement dénoncé par Pierre Goldman.

Justice rendue magistralement ou plaidoirie rusée qui l’exempte d’un double assassinat ?

Dénégations convaincantes ou vérité travestie, la question de son innocence reste ouverte….

Le film de Cédric Kahn fait l’impasse sur l’assassinat de Pierre Goldman en 1979 en bas de son domicile à Paris . Il n’aura pas assisté à la reconnaissance de son père honoré de la Légion en 1988.

Toute sa vie il rêva d’être à la hauteur de ses parents résistants, modèles d’identification…

Vanessa De Loya Stauber, psychanalyste.