Vieillesse, Biologie, Univers !
La vieillesse !
Un mot qui nous semble si abstrait et lointain pendant plus de la moitié de notre vie mais qui, peu à peu se concrétise dans notre conscience et finalement dans notre corps!
Complètement ignorée durant l’adolescence et l’aurore de notre maturité, cette idée rampe doucement dans notre conscience pour l’occuper entièrement durant le crépuscule de notre vie.
Mais, à regarder ce qu’elle représente, cette vieillesse, bien que parfois difficile à supporter physiquement, s’accompagne d’un phénomène positif que l’on appelle l’expérience.
Cette accumulation de faits vécus durant la vie, toutes les pensées que l’on a rabâchées n’ont pas complètement disparu: une bonne partie d’entre elles ont trouvé un espace où s’accumuler pour créer en nous ce que l’on appelle la “sagesse”.
Cette sagesse qui ne vient en général qu’avec l’âge, donc la vieillesse, devrait faire de ce “sage” un vrai trésor pour la société. C’est une personne qui a vu tant d’évènements passés, qui a vu leurs conséquences, et qui donc peut aider avec les solutions mais surtout les erreurs à éviter.
Malheureusement, la plupart du temps les sociétés humaines, loin de reconnaître cet atout majeur, ne font point appel à lui, car la cupidité et l’avidité du pouvoir sont presque toujours plus forts que la “raison”.
Rares sont les civilisations qui, dans l’Histoire ont su prendre avantage de cette sagesse. A l’Ouest de l’Atlantique, les natifs américains étaient un bon exemple car leurs décisions étaient toujours prises par leurs “conseils des Sages” qui étaient les plus âgés de leur tribu. D’autres sociétés qui ont existé en Proche et Extrême Orient ont su aussi prendre avantage de la sagesse de ces “Anciens” ; mais, pour les mêmes raisons citées plus haut, elles se sont vite éloignées de ces chemins.
La Nature ou Dieu qui nous a créés ne l’a pas fait par pur altruisme.
Si c’est la Nature, elle l’a fait tout simplement pour pouvoir prendre conscience d’elle-même. L’intelligence devient en quelque sorte le cerveau de l’Univers qui arrive ainsi à se contempler comme dans un miroir.
Si c’est Dieu, il l’a fait pour que nous puissions admirer et être témoins de Sa puissance et la grandeur de Son œuvre.
L’Univers, un « chef-d’œuvre d’accomplissement », n’aurait jamais eu aucun sens d’exister sans que l’intelligence ne soit là pour pouvoir l’admirer : sa taille actuelle (93 milliards d’années-lumière) est tellement ahurissante que le cerveau humain ne peut l’imaginer. D’autre part, le nombre de galaxies, d’étoiles et probablement de planètes est tellement immense que l’on peut se demander si « Dieu » pourrait prêter une attention quelconque à l’être humain, vivant sur ce grain de sable.
Ce n’est qu’à partir du 15e siècle que l’Homme a commencé sérieusement à expliquer la nature, ses phénomènes et ses lois d’une façon logique et mathématique (Copernic, Kepler, Isaac Newton), libérant Dieu des devoirs quotidiens et annuels comme le mouvement des astres célestes et les saisons sur Terre.
Mais c’est surtout au 20e siècle que le scope de l’explication de notre Nature s’est élargi pour inclure tout l’Univers (Hubble, Einstein).
Le mécanisme de l’évolution de notre Univers est un sujet a débat parmi les scientifiques et son origine est loin d’être expliquée et probablement ne le sera pas de sitôt.
Quelle que soit l’origine de sa présence, l’être humain ne vient pas avec un chèque en blanc qui lui permettrait de vivre éternellement. Il vient sur Terre pour un temps limité, puis laisse la place à d’autres yeux qui, eux aussi viendront jouir de cette Nature.
Le processus par lequel la Nature sait se débarrasser des « vieux » organismes est assez subtil.
Comme toute chose naturelle (et aussi artificielle) notre corps a constamment besoin de « pièces de rechange ». Nos cellules s’usent avec le temps et doivent être remplacées. Quand une cellule n’est plus capable de faire proprement son travail, une autre cellule encore « saine » du même genre se divise en deux (mitose) : l’une reste sur place pour continuer son travail, tandis que l’autre va remplacer la cellule défective1.
L’information la plus importante d’une cellule se trouve encodée dans 23 paires de chromosomes. Durant cette mitose, les chromosomes font une copie d’eux-mêmes et chaque cellule-fille reçoit donc 23 paires.
Les extrémités des chromosomes linéaires dans chaque cellule sont terminées par un télomère, formé d’une longue chaine répétitive d’ADN dont la fonction est de protéger le chromosome lui-même contre sa propre dégradation. Malheureusement (pour ceux qui veulent une éternelle jeunesse), après chaque division, ce télomère se trouve raccourci de plus en plus et son éventuel disparition mène à une incapacité adéquate de division de la cellule. Donc petit à petit, notre corps entier se dégrade à tel point qu’un organe ou un autre peut faillir. Cette dégradation est très visible dans les rides de la peau d’une personne âgée (explication très simplifiée du processus de la vieillesse).
Évidemment, parler de la vieillesse amène nécessairement à parler de la vie et du passage du temps.
Comme un cheval qui avance au pas, passe au trot et enfin au galop, la Nature a fait que, notre sensation du temps qui passe, est loin d’être linéaire. De ces heures interminables de notre enfance, nous passons à ces journées « égales » et monotones de la routine de notre maturité puis enfin à ces semaines et mois qui défilent au galop durant le troisième âge.
Cette même Nature qui nous a créés semble « fixer » ce temps suivant nos besoins : durant notre enfance elle semble nous « donner le temps » de nous adapter à ce monde ; durant notre maturité elle nous laisse « jouir » de la vie ; enfin, pour notre vieillesse elle semble pressée de se débarrasser de nous (et nous, de « raccourcir » d’éventuels problèmes de cette vieillesse).
Ce merveilleux organe que l’on appelle cerveau, qui apparemment est responsable de notre sensation du passage du temps, se trouve être un ordinateur que la “Nature” a créé pour permettre à la vie de ... “survivre”.
Mais il semble que, avec l’avènement de l’intelligence, l’Homme fait bien plus que survivre: il piétine cette même Nature et veut jouer le rôle d’un dieu, maître et créateur sur Terre et bien au-delà. Mais comme avec le Golem, cela risque d’échapper à son contrôle.
En conclusion, la marche inexorable du temps qui (nous souhaitons) nous mène vers cette vieillesse que nous redoutons quand même, ne manquera pas un jour de baisser le rideau sur le dernier acte de notre bref passage ici-bas.
Dictons qui donnent à réfléchir ou à sourire:
- Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait. Origine inconnue.
- La jeunesse est si belle que c’est dommage de la donner aux jeunes qui ne font que la gaspiller. Origine française
- La personne intelligente sait comment se tirer d’un pétrin dans lequel la personne sage a su ne pas se mettre. israélien- tradition Juive
- Enfin ces mots si vrais d’une chanson d’Aznavour (où la vie entière passe au galop):
Avant que de sourire et nous quittons l’enfance.
Avant que de savoir la jeunesse s’enfuit.
Cela semble si court
Que l’on est tout surpris
Qu’avant que de comprendre
On quitte l’existence.
Albert Danan
Abraham.danan@gmail.com
Février 2024
Note1 (hors-contexte mais qui a sa valeur) : Si notre économie adoptait le même processus que la Nature, nous ne serions pas en dette de plusieurs trillions de $ - mais la tenure dans la plupart des secteurs de notre économie et aussi dans l’éducation qui traine de plus en plus derrière beaucoup de pays, en est le plus grand obstacle. Aussi, le manque de « terme limite » dans notre politique mène nécessairement à la corruption et les représentants travaillent plus pour leur réélection que pour leurs électeurs ou leur pays.