ELOGE DU TEMPS
Voilà bien des mois que je souhaite écrire un article sur le temps mais le temps file et je m'égare dans mes pensées. Quoique de temps en temps, je retrouve mon aplomb et bien que le temps passe vite, je me donne le courage de le maitriser. Selon Claude Monet et bien d'autres sages, le moins on a de temps, plus on en fait des choses. Je me mets donc à la tâche.
Il y a tant de choses qui se bousculent dans mon esprit et dont j’aimerai parler. Je suis sûr que j’en aurai le temps, car ces jours ci, mon capital, c’est le temps. Ce fameux temps que le monde loue a leur employeur contre un salaire pas toujours adéquat.
J’ai toujours souhaité avoir du temps à vendre,(l’emballer dans un packaging quelconque) et l’offrir à l'industrie qui en a toujours besoin.
C'est bien Honoré de Balzac qui a dit que le temps est le seul capital des gens qui n’ont que leur intelligence pour fortune.
On dit bien Tempus fugit, que le temps s’envole. Qui ne souhaite pas en avoir d’avantage. Je crois en effet que c’est la plus grande richesse et il me navre souvent de voir des centaines de gens le gaspiller bêtement, lui manquant ainsi de respect.
C'est bien dommage!
Ce fameux temps, je souhaite en parler un peu plus.
Je me souviens de ce mot de Servan Shreiber qui disait dans son livre ‘’L’art du Temps’’ que le temps nous angoisse, alors nous nous grisons de lui pour l’oublier, nous accélérons pour le laisser sur place et qu’importe après tout puisqu’il paraît que le délai entre une déclaration de guerre nucléaire et la fin du monde serait d’environ un quart d’heure.
Alors que pour les Bouddhistes et les Hindous, le temps est une illusion. Il importe donc que chaque chose soit faite en son temps.
N’est ce pas Simone Weil qui disait que toutes les tragédies que l’on peut imaginer reviennent à une seule et unique : L’écoulement du temps.
Nous nous devons donc de changer notre attitude à l’égard du temps, car c’est en notre pouvoir, si nous voulons en bénéficier au maximum. Nous savons tous qu’à la différence des autres ressources, le temps ne peut être acheté ou vendu, emprunté ou volé, stocké ou économisé, fabriqué multiplié ou modifié. C’est la seule ressource à ne pas être renouvelable. Le plus
courant des objectifs de la technique, n’est il pas de faire la même chose en moins de temps?
Ah la belle parole de Baudelaire :’’ La vraie matière première de l’amour, c’est le temps’’.
Me permettez vous d’en ajouter?
D’après Spinoza, le temps est uniquement un mode de connaissance de la pensée, un attribut. Alors que l’idée de Kant est que l’espace et le temps ont le même aspect, la même substance, les mêmes façons de se manifester
Oh Grand Dieu, je me perds. Quoi de plus court qu’une nuit d’amour? Quoi de plus long qu’une seconde les doigts coincés dans une portière? Le temps n’existe pas. Il n’a ni début ni fin. Le temps est éternel. Temps et espace sont les attributs de Dieu.
Quant aux hommes, il burine leurs traits, creuse des rides sur leur front. Quand la justice veut punir, l’amende, la saisie ne sont que peccadilles, seules les peines qui privent du temps de liberté sont redoutées.
L’empereur Titus, ce libéral qui construisit le Colisée, demandait parait-il chaque soir ’’Ai-je bien utilisé mon temps.?
Plus près de nous, Jacques Attali dit bien que la machine, celle de l’âge industriel moderne, n’est pas la machine à vapeur, c’est l’horloge.
Avant lui, Balzac disait que le temps est le seul capital des gens qui n’ont que leur intelligence pour fortune.
Paul Claudel plus subtilement nous apprenait que ce n’est pas le temps qui manque, c’est nous qui lui manquons.
Quant à Jean de la Bruyère, pour lui, ceux qui emploient mal leur temps sont les premiers à se plaindre de sa brièveté.
Je me trouve, comme Érasme l’a fait avant moi pour la folie, malgré moi,à faire l’éloge du temps et devrai m’arrêter là, mais c’est plus fort que moi.
Je pense à Karl Marx pour qui le capitaliste vole le temps qui devrait être employé à respirer l’air libre et à jouir de la lumière du soleil.
Quant à ceux qui emploient bien leur temps, Michel de Montaigne, annonce que la science et l’expérience croissent avec la vie.
Charles de Montesquieu, lui, se plaignait : c’est un malheur disait-il qu’il y a trop peu d’intervalle entre le temps ou on est trop jeune et le temps ou l’on est trop vieux.
Friedrich Nietzsche, plus sévère trouvait que le temps en soi est une absurdité, il n’y a de temps que pour un être sentant.
Marcel Proust comparait le temps de la vie à la terre qui tourne mais le sol sur lequel nous marchons ne semble pas bouger. On ne s’en aperçoit pas et nous vivons pourtant tranquilles.
Proust ajoute, le temps fait oublier les douleurs, éteint les vengeances, apaise les colères et étouffe la haine. Alors le passé est comme s’il n’eut jamais existé
Voltaire est plus pratique : le temps est assez lent pour quiconque en profite; qui travaille et qui pense en étend la limite. Il a bien dit qu'il faut cultiver son jardin.
Je finis ce merveilleux bal avec Blaise Pascal : Nous ne tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours, ou nous rappelons le passé pour l’arrêter comme trop prompt, si imprudent que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres et ne pensons point au seul qui nous appartient.
J’ose croire que le lecteur a su se délecter autant que moi de tant de belles paroles accumulées et préservées précieusement au long d’une courte vie.
Ce que je trouve de sympathique et d’hurluberlu, c’est que j’ai utilisé pour écrire le document ci haut les noms de plusieurs personnalités connues de tous et qui ont dit des mots intelligents à propos du temps dont je parlais.
Or me souviendrai-je de tout cela? Ai-je réussi à mémoriser toutes ces belles paroles? Ou bien sont elles là simplement pour enjoliver mes écrits?
De bonnes questions, n’est-ce-pas?
La simple réponse à l’exercice que je viens de m’imposer est que tout est là pour le plaisir du lecteur, lequel j’espère s’enrichira de quelque chose qu’il ne connaissait peut-être pas , et s’il avait déjà lu ou entendu de tels propos qu’il a aimé, alors je ne fais que lui confirmer que je partage ses sentiments.
Le mot KOMBOLOI en grec, contrairement à la croyance anglophone qui prétend qu'il s'agit de perles de souci, la vraie explication est: espacer le temps,autrement dit, faire que le temps perdure.
''Le temps doit être malléable, multiples dimensionnel. Basé non seulement sur les mouvements planétaires et les horloges, mais aussi en fonction de notre appréhension personnelle.'' (certaines de ces notes ont été relievèes dans le livre Voyage Avec Epicure de Daniel KLEIN)
N'est-il pas curieux que pour certains le temps passe vite alors que pour d'autres il est trop long à passer?Pourquoi cette différence?
Les concepts tels, ´maintenant´ ou ´pas encore´ ou encore ´attendre sans cesse ´ varient dans leur sens d'un individu à l'autre et d'un temps à l'autre.
Nous avons tous entendu l'expression ´´les années passent plus vite à mesure que nous vieillissons, alors que nous savons pertinemment que les années passent exactement de la même manière depuis toujours.
Lorsqu'il s'agissait du temps, les Grecs ont inventé deux mots, chacun avec un sens différent.
Chronos dénote la dimension du temps, sa durée, qui se déplace régulièrement du passé au présent au futur. Par exemple: 'je vous verrai demain au bureau'
Airos dénote la qualité du temps plutôt que sa quantité, comme ' quel serait le meilleur moment pour faire l'analyse de ma vie'. Ce temps là est de nature personnelle comparativement à la dimension universelle
L'expérience du temps varie d'une culture à l'autre, d'une période à l'autre.
J'ai lu l'histoire d'un poète Roumain qui a vécu plus de trente ans dans le monde opaque du communisme, ou le temps n'avait aucune valeur. Tout ce qu'il pouvait faire était de parler. Si les conversations avec ses amis duraient des nuits entières, elles n'avaient aucun sens, car le temps était gelé. Il n'y avait aucune urgence à se rendre quelque part.
Ne trouvons- nous pas que le temps passe plus vite en Amérique qu'ailleurs?
La réponse peut se trouver dans l'angoisse et le stress, car nous croyons que nous ne faisons pas assez, car la possibilité est là de faire plus, ou au moins se bien sentir plutôt que d'être coupable.
Et c'est la vie de nos jeunes d'aujourd'hui qui ressentent cette urgence qui vient du fait qu'ils ont connaissance du temps qui passe trop vite, qu'ils craignent de manquer le bateau au risque de sombrer dans la panique.
Combien chanceux me sens-je d'avoir passé cette étape et de vivre le temps qui me reste, en paix et harmonie avec mon entourage sans me soucier du temps qui passe.
JACQUES HADIDA
SAN DIEGO