Ismaël & Isaac
Et si on racontait une autre histoire ?
Et si on avait le courage de relire les textes, non pas en dehors des chemins battus et des exégèses traditionnelles, mais justement en leur compagnie, pour entendre de nouvelles sonorités, au plus proche de la lettre pour en renouveler l’esprit.
Oui ! Si on prenait le temps de relire les textes lento, selon le mot d’ordre de Nietzsche.
Lentement, très lentement, pour scruter les mots, comme dit Jankélévitch, les tourner et les retourner sous toutes leurs faces, dans l'espoir qu’une lueur en jaillira, les palper et ausculter leurs sonorités pour percevoir le secret de leur sens.
Dans chaque mot lettre, dans chaque verset, dans chaque histoire, n’y a-t-il pas, selon une formule inspirée de Lévinas, des oiseaux aux ailes repliées qui attendent le souffle des lecteurs ?
Oui ! Si on prenait le temps de relire les textes, défaits de toutes les habitudes et de tous les préjugés, sans que les affaires soient déjà classées et les dossiers déjà rangés !
Relire, habité par la responsabilité. Parce que nous savons que les mots peuvent changer le monde, que les livres comme le disait Kafka peuvent « mordre et nous piquer, qu’ils peuvent nous réveiller comme un bon coup de poing sur le crâne, comme une hache qui brise la mer gelée qui est en nous ».
Relire pour transmettre une nouvelle façon de regarder le monde, de l’entendre et de le partager !
Relire pour offrir de nouvelles conclusions, bien sûr non définitives, mais qui ouvrent l’histoire à d’autres possibilité à un autre avenir !
Relire à l’aune du dernier mot de la Michna, Bachalom, « avec la paix ». Etudier signifiant dès lors toujours désirer la paix et toujours tenter de la construire !
« Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, écrivait Camus, nous apercevons nous encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison. »
Mais pour cela il faut peut-être non seulement de la sagesse mais aussi de la générosité, et peut-être que l’un ne va se pas sans l’autre !
Gérard Haddad est ingénieur agronome, Psychiatre et psychanalyste. Plusieurs rencontres intellectuelles décisives. Lacan d'abord puis. Y. Leibowitz, dont il a traduit huit de ses ouvrages. Auteur d'une bibliographie impressionnante, il a publié, entre autres : L'enfant illégitime, les sources talmudiques de la psychanalyse, Manger le livre, Les Biblioclastes, Le jour où Lacan m'a adopté, Le péché originel de la psychanalyse, et tout récemment une trilogie aux éditions Premiers Parallèles
"La tradition des maftirim est une autre tradition paraliturgique de type bakachot était pratiquée par les ensembles appelés des Maftirim. Ils étaient organisés sous formes de confréries et de choeurs pour chanter leurs compositions à l’auditoire des synagogues à l’occasion des Shabbats, lors de certaines solennités et avant les prières. Il est intéressant de noter que cette tradition musicale était inspirée de la musique ottomane et de souligner la proximité des Maftirim d’Edirne, d’Istanbul et de Salonique avec les confréries mystiques des Mevlevi installées dans ces villes (Sadak 2005)."
Quatrième de couverture
"La Bible regorge de fratricides. À telle enseigne que Gérard Haddad qualifiait, dans Le Complexe de Caïn, son précédent livre, la rivalité fraternelle de « péché originel de la société humaine », au même titre que le complexe d’Œdipe.
Mais le mal porte en lui son propre antidote. Cet antidote, c’est l’histoire d’Ismaël et Isaac, dont le père, Abraham, est à la fois considéré comme le père du peuple juif, un aïeul essentiel du christianisme et l’un des prophètes de l’islam.
Tout est fait pour opposer les frères l’un à l’autre : Sarah, la mère d’Isaac, n’a-t-elle pas exclu de sa maison Agar, la jeune servante égyptienne avec laquelle son mari a eu Ismaël ? Pourtant, les deux frères vont réussir à coexister pacifiquement, sur le modèle du « bon voisinage ».
C’est ainsi qu’ironiquement, le plus grand exemple de fraternité heureuse nous est donné par ceux-là mêmes dont les descendants, pris dans le conflit israélo-palestinien, se déchirent aujourd’hui.
Restituer le lien fondamental qui unit les enfants d’Abraham, s’opposer à toute exclusion qui rejouerait l’exclusion inaugurale – celle de la prophétesse Agar – voici la condition symbolique au retour d’un dialogue.
Pour ce faire, il est à ses yeux nécessaire d’abandonner l’expression « civilisation judéo-chrétienne », laquelle exclut les musulmans d’une histoire occidentale qui leur doit beaucoup, pour qualifier notre civilisation de « gréco-abrahamique ».