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De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4.
Envoyé par Luz
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 02 novembre 2008, 10:18 |
LE LAC IZOURAR - LE RETOUR
Au cours du déjeuner sous la guitoune berbère, Mohamed nous annonce que nous sommes invités chez lui, dans la belle maison qu'il vient de construire avec ses cousins, ses amis, ses voisins.
...Nous nous déchaussons, traversons une large entrée, un premier salon, puis nous arrivons dans la salle de réception appelée "tamesriyt". C'est une longue pièce étroite, agrémentée de tapis, de coussins, de couvertures et, nouveauté, de "grandes fenêtres" vitrées et voilées.
Les plateaux arrivent surchargés de pâtisseries maison : mellouis, tuiles aux amandes, sablés, cornes de gazelles. Combien d'heures de travail , dans la cuisine obscure , rudimentaire pour un tel résultat ? Seuls les hommes sont présents... discrétion des femmes qui ont peiné dans l'isolement.
Thé-pâtisseries, thé-pâtisseries, thé-pâtisseries.
La coutume des trois thés est respectée, le moment trop exceptionnel pour refuser. Le premier est fort comme la vie, le deuxième sucré comme l'amour, le troisième amer comme la mort. (Mais il existe d'autres versions).
J'éprouve le besoin de sortir. Je croise la femme de Mohamed, sa petite fille de 18 mois dans les bras : elle se précipite dans sa chambre. J'ai à peine le temps de dire "bonjour, merci". Dans le couloir je rencontre la mère de Mohamed : petite, mince, un visage très fin sous un foulard bariolé. Elle s'affole comme si elle avait vu le diable, elle s'éloigne de moi avec une célérité surprenante pour une femme de son âge ! Je n'ai le temps de dire ni bonjour, ni merci.
... Elle a disparu au bout du couloir, du temps, de l'espace. Deux grand-mères se sont croisées, pendant une fraction de seconde. Deux mondes, deux cultures, pourtant, j'en suis consciente, malgré nos différences, nous sommes des grand-mères parallèles.
Elle porte en elle toute la richesse de la culture berbère de tradition orale, toute l'histoire de la vallée, de ses croyances, de ses coutumes, transmise de génération en génération, jalousement sauvegardée...
Pièces jointes:
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 03 novembre 2008, 08:01 |
ALAN et PATRICIA
Ils sont américains. Dans une revue de voyage, Patricia a remarqué une petite photo, 5x5cm, de la terrasse de notre auberge Dar Itrane. Au premier plan, sur le mur ocre rose, un verre de thé à la menthe ; au delà, la vallée, les montagnes. Elle a pointé son index sur la photo et elle a dit à son ami : "C'est là que je veux aller, dans cette auberge, dans cette vallée, dans ce pays."
A New-York, ils ont sauté dans un Boeing, dans une vieille 205 hors d'âge à Marrakech. Ils étaient encore loin d'Agouti (le premier village de la vallée) quand la nuit est tombée : la nuit-noire, sans lune, sans électricité, sans personne pour les renseigner. Ici on ne voit aucun panneau de signalisation, c'est contraire à la tradition : chacun sait d'où il vient, où il est, où il va...
Brusquement, dans le halo des phares : deux hommes sur le bord de la piste. Dans un français mâtiné d'américain, Patricia demande où elle est, explique où elle veut aller. Ils ne la comprennent pas, mais ils sont tellement fiers qu'on s'intéresse à leur vallée ! En guise de bienvenue, l'un d'eux introduit dans la voiture ... une belle truite fario, grasse, ruisselante, elle frétille sur les genoux de Patricia. Hurlement de terreur. Est-ce une hallucination ? Deux montagnards, tout droit sortis de l'Ancien Testament, auraient pêché un poisson magique dans ce desert de poussière jaune et de roches ... Alan , dans un sursaut de "survie", remercie, accélère, laissant sur le bord du chemin, deux pêcheurs pantois.
Dans la vallée, personne n'aurait refusé, c'était une offrande rare et généreuse...
Notre auberge Dar Itrane (la maison sous les étoiles) à droite.
Pièces jointes:
Ils sont américains. Dans une revue de voyage, Patricia a remarqué une petite photo, 5x5cm, de la terrasse de notre auberge Dar Itrane. Au premier plan, sur le mur ocre rose, un verre de thé à la menthe ; au delà, la vallée, les montagnes. Elle a pointé son index sur la photo et elle a dit à son ami : "C'est là que je veux aller, dans cette auberge, dans cette vallée, dans ce pays."
A New-York, ils ont sauté dans un Boeing, dans une vieille 205 hors d'âge à Marrakech. Ils étaient encore loin d'Agouti (le premier village de la vallée) quand la nuit est tombée : la nuit-noire, sans lune, sans électricité, sans personne pour les renseigner. Ici on ne voit aucun panneau de signalisation, c'est contraire à la tradition : chacun sait d'où il vient, où il est, où il va...
Brusquement, dans le halo des phares : deux hommes sur le bord de la piste. Dans un français mâtiné d'américain, Patricia demande où elle est, explique où elle veut aller. Ils ne la comprennent pas, mais ils sont tellement fiers qu'on s'intéresse à leur vallée ! En guise de bienvenue, l'un d'eux introduit dans la voiture ... une belle truite fario, grasse, ruisselante, elle frétille sur les genoux de Patricia. Hurlement de terreur. Est-ce une hallucination ? Deux montagnards, tout droit sortis de l'Ancien Testament, auraient pêché un poisson magique dans ce desert de poussière jaune et de roches ... Alan , dans un sursaut de "survie", remercie, accélère, laissant sur le bord du chemin, deux pêcheurs pantois.
Dans la vallée, personne n'aurait refusé, c'était une offrande rare et généreuse...
Notre auberge Dar Itrane (la maison sous les étoiles) à droite.
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 04 novembre 2008, 08:18 |
La FLUTE MAGIQUE
... D'un pas ferme, nous empruntons la piste qui mène à Aït-Takhida. Alternances de landes désertiques et de frais vallons. Surpris, nous traversons un verger de pommiers chargés de fruits polis comme des boules de billard. Le guide nous autorise à croquer les fruits tombés : acides et juteux, ils nous désaltèrent agréablement.
Ait Takhida est un très beau village traditionnel : maisons de pisé ocre, rose orangé, pêche... Le paradis nous attend un peu plus loin : la rivière traverse un pré ombragé des noyers centenaires. Comme tous les jours, notre guide a trouvé l'emplacement idéal pour déjeuner : tapis, matelas, makla.
Le cuisinier prépare les salades, la mule broute une herbe grasse et nous, nous plongeons nos pieds échauffés, meurtris, dans l'eau glacée de l'Assif Bougmez. Nous connaissons l'absolue plénitude du vide et du rien...
Pièces jointes:
... D'un pas ferme, nous empruntons la piste qui mène à Aït-Takhida. Alternances de landes désertiques et de frais vallons. Surpris, nous traversons un verger de pommiers chargés de fruits polis comme des boules de billard. Le guide nous autorise à croquer les fruits tombés : acides et juteux, ils nous désaltèrent agréablement.
Ait Takhida est un très beau village traditionnel : maisons de pisé ocre, rose orangé, pêche... Le paradis nous attend un peu plus loin : la rivière traverse un pré ombragé des noyers centenaires. Comme tous les jours, notre guide a trouvé l'emplacement idéal pour déjeuner : tapis, matelas, makla.
Le cuisinier prépare les salades, la mule broute une herbe grasse et nous, nous plongeons nos pieds échauffés, meurtris, dans l'eau glacée de l'Assif Bougmez. Nous connaissons l'absolue plénitude du vide et du rien...
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 04 novembre 2008, 08:41 |
AIT TAKHIDA (suite)
La grâce nous est accordée de vivre une scène biblique : des troupeaux de chèvres noires, au long poil lustré, viennent tremper leur barbichette, au bord de l'autre rive. Elles s'abreuvent délicatement, croquent du cresson sauvage, s'étonnent : "Vous ne voulez pas goûter, c'est si bon !"
Sous la houlette d'un maître invisible, elles se retirent tel un corps de ballet discipliné, pour laisser place aux troupeaux de moutons dorés, orangés, qui occupent la scène pour un autre tableau... comme une cérémonie rituelle, avec ses chants pour voix aigrelettes et basses continues, sa chorégraphie irréprochable.
Ne pas, ne plus bouger. S'imprégner de cette scène somptueuse de rusticité, de simplicité, la graver dans sa mémoire à jamais...
...C'est l'heure de la sieste bienfaisante : le soleil est au zénith. Tout le monde se retire : les trottants, les trottinants, les rampants, les volants,les bêlants, les braillants. Le soleil terrasse la vallée, mûrit les pommes sous la terre, sur les arbres, les lourds épis de maïs, promesses d'un hiver sans disette.
Humilité devant la toute puissance solaire : repos, silence, paix.
Pièces jointes:
La grâce nous est accordée de vivre une scène biblique : des troupeaux de chèvres noires, au long poil lustré, viennent tremper leur barbichette, au bord de l'autre rive. Elles s'abreuvent délicatement, croquent du cresson sauvage, s'étonnent : "Vous ne voulez pas goûter, c'est si bon !"
Sous la houlette d'un maître invisible, elles se retirent tel un corps de ballet discipliné, pour laisser place aux troupeaux de moutons dorés, orangés, qui occupent la scène pour un autre tableau... comme une cérémonie rituelle, avec ses chants pour voix aigrelettes et basses continues, sa chorégraphie irréprochable.
Ne pas, ne plus bouger. S'imprégner de cette scène somptueuse de rusticité, de simplicité, la graver dans sa mémoire à jamais...
...C'est l'heure de la sieste bienfaisante : le soleil est au zénith. Tout le monde se retire : les trottants, les trottinants, les rampants, les volants,les bêlants, les braillants. Le soleil terrasse la vallée, mûrit les pommes sous la terre, sur les arbres, les lourds épis de maïs, promesses d'un hiver sans disette.
Humilité devant la toute puissance solaire : repos, silence, paix.
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 04 novembre 2008, 08:56 |
AIT TAKHIDA (suite)
Champs d'avoine : promesse d'un hiver sans disette.
Pièces jointes:
Champs d'avoine : promesse d'un hiver sans disette.
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 04 novembre 2008, 10:00 |
Le PLATEAU d'AROUS
... Nous longeons le Djbel Tizal, en direction du plateau d'Arous. Le contraste est violent : nous cheminons au bord de la rivière, sous la coulée verte des arbres centenaires ; à quelques mètres, la caillasse incandescente irradie une chaleur suffocante. C'est là, sur les premières pentes de la montagne que se construisent les nouvelles maisons de Takhida, rouges et rousses, flamboyantes, comme la pierraille qui s'étend à perte de vue, brûlant les yeux.
Nous abordons l'immense, l'infernal plateau d'Arous. Aucune ombre. Grillés, les épineux ; éclatées, les pierres en arêtes tranchantes ; fendue, craquelée, la terre. Desséché, l'air qui irrite la gorge. Nous sommes exposés, sans parade, au feu du soleil, au feu de la terre ...
Nous n'arriverons jamais à l'ombre du massif ?
Une, deux, trois notes s'échappent d'une flûte lointaine...
Est-ce une hallucination ?
Non, le vent brûlant vole encore quelques notes qui tintent comme des perles de cristal dans l'air sec, brisant l'état d'hébétude dans lequel nous marchons.
Fragiles, antiques, ces modulations nous relient seules au monde intelligible. Nous voulons le voir ce musicien, ce magicien, qui avance, là-bas, très loin, porté par la houle noire de ses chèvres martelant de leurs fins sabots obstinés le plateau d'Arous qui vibre comme une nappe d'ambre.
Le jeune berger est là, et tous les bergers de tous les temps sont présents en lui. Troublant, saisissant de beauté, il joue, sans perdre des yeux, ses cent cinquante chèvres espiègles, facétieuses, capricieuses. Cette sollicitation visuelle constante, exigeante, a développé chez lui le plus beau des regards : ses yeux semblent des diamants noirs taillés, de la plus belle eau.
Nous "dégaînons" nos appareils photos... pour saisir... "l'insaisissable". D'un geste mesuré de la main, d'un sourire velouté, d'une voix douce, il nous interrompt : la photo "volerait son âme". Il est souverain comme un DalaÏ-Lama, humble de l'humilité pure du nomade.
Nous sommes désarmés, nos certitudes, repères, critères vacillent...
Pièces jointes:
... Nous longeons le Djbel Tizal, en direction du plateau d'Arous. Le contraste est violent : nous cheminons au bord de la rivière, sous la coulée verte des arbres centenaires ; à quelques mètres, la caillasse incandescente irradie une chaleur suffocante. C'est là, sur les premières pentes de la montagne que se construisent les nouvelles maisons de Takhida, rouges et rousses, flamboyantes, comme la pierraille qui s'étend à perte de vue, brûlant les yeux.
Nous abordons l'immense, l'infernal plateau d'Arous. Aucune ombre. Grillés, les épineux ; éclatées, les pierres en arêtes tranchantes ; fendue, craquelée, la terre. Desséché, l'air qui irrite la gorge. Nous sommes exposés, sans parade, au feu du soleil, au feu de la terre ...
Nous n'arriverons jamais à l'ombre du massif ?
Une, deux, trois notes s'échappent d'une flûte lointaine...
Est-ce une hallucination ?
Non, le vent brûlant vole encore quelques notes qui tintent comme des perles de cristal dans l'air sec, brisant l'état d'hébétude dans lequel nous marchons.
Fragiles, antiques, ces modulations nous relient seules au monde intelligible. Nous voulons le voir ce musicien, ce magicien, qui avance, là-bas, très loin, porté par la houle noire de ses chèvres martelant de leurs fins sabots obstinés le plateau d'Arous qui vibre comme une nappe d'ambre.
Le jeune berger est là, et tous les bergers de tous les temps sont présents en lui. Troublant, saisissant de beauté, il joue, sans perdre des yeux, ses cent cinquante chèvres espiègles, facétieuses, capricieuses. Cette sollicitation visuelle constante, exigeante, a développé chez lui le plus beau des regards : ses yeux semblent des diamants noirs taillés, de la plus belle eau.
Nous "dégaînons" nos appareils photos... pour saisir... "l'insaisissable". D'un geste mesuré de la main, d'un sourire velouté, d'une voix douce, il nous interrompt : la photo "volerait son âme". Il est souverain comme un DalaÏ-Lama, humble de l'humilité pure du nomade.
Nous sommes désarmés, nos certitudes, repères, critères vacillent...
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 05 novembre 2008, 09:25 |
LE PLATEAU D'AROUS (suite)
...Un aprés-midi d'été, quelques notes de flûte ont ciselé le temps, brisant, fracassant la gangue des alluvions émotives et culturelles fossilisées, nous situant dans notre vérité toute nue, là, maintenant, à jamais différents de tout ce que nous croyions être : des randonneurs chancelants, recrus de fatigue, de chaleur, d'azur, des touristes passant tout au crible de la raison raisonnante, jugeant, comparant, condamnant.
Nous devenons conscience limpide, fluide, abandonnant toute référence métaphysique, philosophique.
Le jeune berger joue. Les chèvres, nous, immobiles, accueillant ce récital de flûte improvisé, dans la nudité d'un site strictement minéral. Qu'il dure une éternité...
Nos chemins se séparent. Le berger remonte vers les hauts pâturages d'Arous, tel un prince de légende, son troupeau de chèvres accrochant une majestueuse traîne noire, mouvante, à sa tunique de laine patinée par la poussière du Haut-Atlas.
Nous nous engageons dans les petites gorges d'Arous, fraîches, sombres, humides. Nous sommes silencieux, recueillis dans cette nef aux parois rouges, violacées, ocre jaune, verticales, vertigineuses, fleuries de valérianes rose indien. Au-dessus, le ciel, coulée de lave bleu-roi. Nous buvons le souffle léger qui remonte de la vallée.
... Une voix ample, ardente, module un chant d'une beauté inconnue, intemporelle. Les sons vibrent, ricochent contre les murailles, fusent hors des gorges, affolent un vol de choukas. Nous ne désirons rien d'autre : Mohamed chante dans une anfractuosité de la paroi qui résonne intensément...
Chante Mohamed, chante comme chantaient tes ancêtres, quelques siècles avant que Terres d'Aventure guide nos pas dans ce sanctuaire...
Ce que nous vivons dans ce lieu magique achève notre métamorphose. Nous prenons conscience de la plénitude du contentement, de la densité du présent.
Ce soir nous infuserons dans la vapeur bienfaisante du "hammam berbère" rustique, aux effluves rares, miraculeux du genévrier thurifère qui embrasera le foyer...
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...Un aprés-midi d'été, quelques notes de flûte ont ciselé le temps, brisant, fracassant la gangue des alluvions émotives et culturelles fossilisées, nous situant dans notre vérité toute nue, là, maintenant, à jamais différents de tout ce que nous croyions être : des randonneurs chancelants, recrus de fatigue, de chaleur, d'azur, des touristes passant tout au crible de la raison raisonnante, jugeant, comparant, condamnant.
Nous devenons conscience limpide, fluide, abandonnant toute référence métaphysique, philosophique.
Le jeune berger joue. Les chèvres, nous, immobiles, accueillant ce récital de flûte improvisé, dans la nudité d'un site strictement minéral. Qu'il dure une éternité...
Nos chemins se séparent. Le berger remonte vers les hauts pâturages d'Arous, tel un prince de légende, son troupeau de chèvres accrochant une majestueuse traîne noire, mouvante, à sa tunique de laine patinée par la poussière du Haut-Atlas.
Nous nous engageons dans les petites gorges d'Arous, fraîches, sombres, humides. Nous sommes silencieux, recueillis dans cette nef aux parois rouges, violacées, ocre jaune, verticales, vertigineuses, fleuries de valérianes rose indien. Au-dessus, le ciel, coulée de lave bleu-roi. Nous buvons le souffle léger qui remonte de la vallée.
... Une voix ample, ardente, module un chant d'une beauté inconnue, intemporelle. Les sons vibrent, ricochent contre les murailles, fusent hors des gorges, affolent un vol de choukas. Nous ne désirons rien d'autre : Mohamed chante dans une anfractuosité de la paroi qui résonne intensément...
Chante Mohamed, chante comme chantaient tes ancêtres, quelques siècles avant que Terres d'Aventure guide nos pas dans ce sanctuaire...
Ce que nous vivons dans ce lieu magique achève notre métamorphose. Nous prenons conscience de la plénitude du contentement, de la densité du présent.
Ce soir nous infuserons dans la vapeur bienfaisante du "hammam berbère" rustique, aux effluves rares, miraculeux du genévrier thurifère qui embrasera le foyer...
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 05 novembre 2008, 09:33 |
MAISON de TERRE incendiée par le feu solaire. Aït TAKHIDA.
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 05 novembre 2008, 09:41 |
Bouquet de fleurs sèches
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 05 novembre 2008, 09:44 |
Intérieur berbère. Pastel.
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 06 novembre 2008, 09:19 |
Les HAUTS PATURAGES d'AROUS
C'est la dernière randonnée du programme. Lever matinal et petit déjeuner "complet" : pain d'orge odorant, miel du Haut-Atlas au goût incomparable, crêpes au beurre, petits gâteaux aux amandes juste sortis du "four"...
Mohamed nous a prévenus : trois heures de rude montée nous attendent. Nous progressons dans le lit asséché du torrent : aucun endroit plat où poser le pied. Nous sommes constamment en équilibre-deséquilibre, sur les cailloux ronds, polis, brassés, abrasés depuis des millénaires par les eaux torrentielles dévalant de la chaîne du M'Goun...à la fonte des neiges.
Cette attention constante, soutenue, est épuisante : nous risquons l'entorse, la chute à tout moment. Cet état de vigilance absolue brouille la vue, la nuque fléchie en permanence, tétanisée, devient douloureuse...
L'accès à l'étroit sentier nous autorise une première pause "fruits secs-chocolat Aiguebelle". Geneviève, frêle et résistante comme un oiseau migrateur, arpente en notre compagnie le lit rocailleux des torrents, les landes brûlées du plateau d'Arous, les pentes arides du Waougoulzat. Où trouve-t-elle cette énergie à son âge ? Elle revient dans son pays natal, après soixante ans d'absence... pour honorer la mémoire de son père, Louis Emberger, auteur d'un livre rare : "Les arbres du Maroc" (1938). A sa demande, le guide a taillé une branche de cade, en guise de bâton de marche. Elle fera ainsi revivre le souvenir de son père, herborisant dans le Haut-Atlas, alors connu des seuls initiés.
Le soleil, implacable en fin de matinée, ralentit la progression du groupe. Le sentier nous conduit vers le haut-plateau, à 2500 m. d'altitude. Mais où sont les verts pâturages ? Nous ne voyons que des éboulis, des vagues minérales, agressives... Nous ne regardons plus que le bout de nos chaussures.
Un dernier raidillon et soudain... le miracle ! Nous apercevons une belle khaïma, là-bas, au milieu d'un pré, doux à nos yeux, comme du velours. Nous enlevons nos chaussures, nous marchons pieds nus dans l'herbe fraîche, c'est un bonheur indescriptible !
Déjeuner et sieste bienfaisante sous la khaïma. Nous évitons de penser au retour...
Pièces jointes:
C'est la dernière randonnée du programme. Lever matinal et petit déjeuner "complet" : pain d'orge odorant, miel du Haut-Atlas au goût incomparable, crêpes au beurre, petits gâteaux aux amandes juste sortis du "four"...
Mohamed nous a prévenus : trois heures de rude montée nous attendent. Nous progressons dans le lit asséché du torrent : aucun endroit plat où poser le pied. Nous sommes constamment en équilibre-deséquilibre, sur les cailloux ronds, polis, brassés, abrasés depuis des millénaires par les eaux torrentielles dévalant de la chaîne du M'Goun...à la fonte des neiges.
Cette attention constante, soutenue, est épuisante : nous risquons l'entorse, la chute à tout moment. Cet état de vigilance absolue brouille la vue, la nuque fléchie en permanence, tétanisée, devient douloureuse...
L'accès à l'étroit sentier nous autorise une première pause "fruits secs-chocolat Aiguebelle". Geneviève, frêle et résistante comme un oiseau migrateur, arpente en notre compagnie le lit rocailleux des torrents, les landes brûlées du plateau d'Arous, les pentes arides du Waougoulzat. Où trouve-t-elle cette énergie à son âge ? Elle revient dans son pays natal, après soixante ans d'absence... pour honorer la mémoire de son père, Louis Emberger, auteur d'un livre rare : "Les arbres du Maroc" (1938). A sa demande, le guide a taillé une branche de cade, en guise de bâton de marche. Elle fera ainsi revivre le souvenir de son père, herborisant dans le Haut-Atlas, alors connu des seuls initiés.
Le soleil, implacable en fin de matinée, ralentit la progression du groupe. Le sentier nous conduit vers le haut-plateau, à 2500 m. d'altitude. Mais où sont les verts pâturages ? Nous ne voyons que des éboulis, des vagues minérales, agressives... Nous ne regardons plus que le bout de nos chaussures.
Un dernier raidillon et soudain... le miracle ! Nous apercevons une belle khaïma, là-bas, au milieu d'un pré, doux à nos yeux, comme du velours. Nous enlevons nos chaussures, nous marchons pieds nus dans l'herbe fraîche, c'est un bonheur indescriptible !
Déjeuner et sieste bienfaisante sous la khaïma. Nous évitons de penser au retour...
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 06 novembre 2008, 09:39 |
Les HAUTS PATURAGES d'AROUS
Les nomades tondent les moutons, Les femmes lavent, cardent, filent la laine. Sous leurs tentes, elles tissent mantes (capes) et couvertures qui s'imprègnent des odeurs de la vie nomade : épices, menthe, beurre rance,fumée âcre du genévrier... C'est tout cela que nous emportons, comme un trésor, en choisissant une des pièces accrochées au mât de la khaïma...
Pièces jointes:
Les nomades tondent les moutons, Les femmes lavent, cardent, filent la laine. Sous leurs tentes, elles tissent mantes (capes) et couvertures qui s'imprègnent des odeurs de la vie nomade : épices, menthe, beurre rance,fumée âcre du genévrier... C'est tout cela que nous emportons, comme un trésor, en choisissant une des pièces accrochées au mât de la khaïma...
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 06 novembre 2008, 09:58 |
Les HAUTS PATURAGES D'AROUS.
... Tout près de notre campement, des moutons et des brebis paissent une herbe généreuse. Des agneaux, nouveau-nés, têtent leur mère à satiété et tombent à la renverse, les yeux mi-clos, soudainement repus, engourdis dans le bien-être de la satisfaction absolue...
Qui connaît une telle félicité ?
Nous ! Couchés à l'ombre bienfaisante de la tente, nous tendons au mimétisme, nouvellement nés à la simplicité, à l'humilité, à la lumière, à l'espace...
Nous savourons le privilège d'être là, pendant quelques heures, à côté des agneaux qui grandiront sur le haut-plateau d'Arous, jusqu'aux premières neiges...
... A côté des agneaux alchimistes de la sérénité, de la béatitude.
Pièces jointes:
... Tout près de notre campement, des moutons et des brebis paissent une herbe généreuse. Des agneaux, nouveau-nés, têtent leur mère à satiété et tombent à la renverse, les yeux mi-clos, soudainement repus, engourdis dans le bien-être de la satisfaction absolue...
Qui connaît une telle félicité ?
Nous ! Couchés à l'ombre bienfaisante de la tente, nous tendons au mimétisme, nouvellement nés à la simplicité, à l'humilité, à la lumière, à l'espace...
Nous savourons le privilège d'être là, pendant quelques heures, à côté des agneaux qui grandiront sur le haut-plateau d'Arous, jusqu'aux premières neiges...
... A côté des agneaux alchimistes de la sérénité, de la béatitude.
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Re: De MEKNES ? ...IMASSINE, sac ? dos et godillots, mules , dromadaires ...et 4/4. 09 novembre 2008, 08:24 |
RETOUR à l'AUBERGE. Le DEPART ...
... Il faut se résigner : dire adieu aux agneaux, aux pâturages, retrouver les éboulis, la pierraille des "torrents". Le soleil décline, nos forces aussi. Mohamed nous tire vers l'auberge en chantant d'une voix gutturale une mélopée ancestrale.
Nous approchons de l'auberge. Le "chef" a chauffé le hammam : l'odeur incomparable du genévrier nous attire irresistiblement, nous pressons le pas. Cette odeur-là vaut tous les parfums du monde : elle est réservée aux seuls résidents de l'auberge, les randonneurs de passage pour une nuit, ignorent tout du hammam de Dar Itrane, c'est un lieu "secret".
Aucun parfumeur n'a jamais emprisonné l'odeur si particulière de ce bois millénaire, aucun hôtel cinq étoiles ne peut procurer un tel luxe.
...Le charbon, tiré du genévrier, est le plus cher du monde. Il tinte comme du cristal...
Il faudra aussi se décider à préparer nos bagages, à dire adieu à notre chambre, à l'auberge, à la vallée, à la Voie Lactée, car les 4x4 de Terdav seront là demain matin. Le départ pour Marrakech est fixé à 10h...
Pièces jointes:
... Il faut se résigner : dire adieu aux agneaux, aux pâturages, retrouver les éboulis, la pierraille des "torrents". Le soleil décline, nos forces aussi. Mohamed nous tire vers l'auberge en chantant d'une voix gutturale une mélopée ancestrale.
Nous approchons de l'auberge. Le "chef" a chauffé le hammam : l'odeur incomparable du genévrier nous attire irresistiblement, nous pressons le pas. Cette odeur-là vaut tous les parfums du monde : elle est réservée aux seuls résidents de l'auberge, les randonneurs de passage pour une nuit, ignorent tout du hammam de Dar Itrane, c'est un lieu "secret".
Aucun parfumeur n'a jamais emprisonné l'odeur si particulière de ce bois millénaire, aucun hôtel cinq étoiles ne peut procurer un tel luxe.
...Le charbon, tiré du genévrier, est le plus cher du monde. Il tinte comme du cristal...
Il faudra aussi se décider à préparer nos bagages, à dire adieu à notre chambre, à l'auberge, à la vallée, à la Voie Lactée, car les 4x4 de Terdav seront là demain matin. Le départ pour Marrakech est fixé à 10h...
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