Petit, j’étais un enfant curieux de tout.
J’ai eu la chance dans les années 1960 de pouvoir suivre et comprendre la fabrication des tapis de Rabat.
Nous vivions à Rabat, l’entreprise de mon père était à Casa, mais nous avions une campagne à une vingtaine de kilomètres contre la forêt de la Mamora autour de laquelle dans des maisons ou petits douars les femmes fabriquaient des tapis de Rabat.
J’ai pu, parce que j’étais petit, voir de près les métiers où les femmes étaient attelées des heures et des heures pour faire progresser petit rang par petit rang un tapis dont le dessin semblait sortir de leur savoir-faire, de leur imagination créative, plus que d’un dessin pré-établi que je n’ai jamais pu apercevoir.
Ces tapis étaient des commandes de commerçants qui apportaient la matière première sous forme de longues pelotes de laine teinte, permettant par leur variété le futur dessin d’un tapis de Rabat.
Ces livraisons de pelotes de laine teinte se faisaient généralement par Mobylette.
J’ai pu voir aussi tout le processus en amont depuis les ballots de laine qui était lavée, cardée pour en tirer des fils débarrassés des impuretés. Ensuite, il était demandé aux enfants de filer la laine.
La fabrication de ce très long fil de laine était aussi d’un grand intérêt.
Ces fabrications de fils de laine qu’on tisse sont encore visibles de nos jours y compris dans les grandes villes du Maroc. Les fils tissés ainsi peuvent servir à la fabrication de djellabas, de burnous ou de tapis.