Les paquebots reliant Casablanca a Marseille

Bonjour,
Que de souvenirs, je suis arrivé au Maroc en 1949 avec le Djenné après une traversée agitée comme la mer. Il parait que j'étais le seul dans la salle à manger du navire, j'avais presque 4ans.

Amicalement.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 13/11/2008 09:39 par clementine.

Je suis arrivé dans les mêmes conditions un an avant, et aussi à 4 ans....
Amicalement

Il y a bien longtemps que je voulais ajouter mon "grain de sel" à cette chronique maritime:
Vos témoignages m'ont beaucoup émue , car ces paquebots -en particulier ceux de la Compagnie Paquet -ont littéralement bercé mes jeunes années..
Je me souviens ...du Djenné,tout blanc, qui reliait Konakri à Marseille...
Du Koutoubia,long et fin ,avec ses hautes cheminées façon "Titanic"...
Mais ceux que je préférais , c'étaient les cargos mixtes , l'Azrou et l'Azemmour:
Ils pouvaient accueillir une centaine de passagers , et il régnait sur ces navires une atmosphère bon enfant...
Il était fréquent que l'on fût invité à la table du Commandant...Les voyageurs y étaient choyés et le snobisme n'était guère de mise ...
Moi aussi , j'ai tenu la barre de ces deux paquebots...J'étais très fière de cet "exploit" ,réalisé à huit ou dix ans
Ma dernière traversée s'effectua à la fin des années 60 (en 67 , je crois)...J'avais obtenu de mon père de ne pas m'envoyer de billet d'avion , à l'époque plus onéreux qu'une place sur un paquebot!
Après une journée de canicule passée chez une tante marseillaise,je pris
l'Azemmour où je retrouvai deux r'batis de ma connaissance ,eux aussi étudiants...Le navire fit plusieurs escales avant d'accoster à Casablanca,et nous nous arrêtâmes à Malaga:
Nous devions y acheter du vin pour nos familles chez un caviste de nos amis...Il faisait alors une chaleur d'incendie , et ce brave homme eut la malencontreuse idée de nous faire goûter quelque puissant nectar:

Assommés par les deux ou trois "copitas" de vin capiteux ,dont l'effet fut décuplé par ce mois de juillet brûlant,nous fûmes enchantés de trouver sur le chemin du retour une calèche où nos jambes une peu vacillantes trouvèrent quelque repos avant le retour au port...

Je n'oublierai jamais le frisson du départ ,à la poupe du navire , quand la sirène hurlait le signal de tous les possibles pour deux mois de vacances en France,tandis que les lumières liquides de la ville de Casablanca scintillaient au loin...

Plus que le séjour en Corse ou dans le Midi ,les vraies vacances se passaient à bord de ces bateaux aux cuivres rutilants ,dans la contemplation des dauphins, alors si nombreux,et d'énormes navires de commerce qui croisaient notre route...

Je n'oublierai jamais la vue de Barcelone depuis le bastingage ,avec la statue de Colon dressée comme un porte-plume baroque ,un de ces porte-plumes qu'on achetait dans les magasins de souvenirs ,cachant dans un renflement d'ivoire une image ténue que l'oeil percevait à travers une loupe...
Je n'oublierai jamais les barques de pêche au lamparo ,que le navire approchait parfois de très près en pleine nuit...

Un soir de 1985 , alors que je dînais dans un de ces petits restaurants dela Barceloneta (avant les ravages des Jeux Olympiques) d'une assiette de "calamares en su tinta",je vis un énorme paquebot longer la plage avant d'entrer dans le port de Barcelone.Il ruisselait de lumière et je revis cette merveilleuse scène d'"Amarcord" de Fellini,au cours de laquelle les habitants de Remini se lancent à la rencontre du "Rex", ce navire mythique qui les attire comme autant de papillons...
Je ne pus m'empêcher de penser à mes traversées d'autrefois...
J'aperçois parfois des paquebots à Sète:
Ils font de longues croisières ,mais ont la forme d'un fer à repasser!
Peu de ponts réservés à la flânerie des passagers , mais des superstructures essentiellement vouées à la consommation (jeux , boutiques etc)...
Les "nôtres" étaient peut-être moins luxueux (?),mais beaucoup plus beaux...
Amitiés chaleureuses



Modifié 1 fois. Dernière modification le 13/11/2008 09:39 par clementine.

Bonjour Mylene,

merveilleux ton recit de ces traversees entre Casablanca et Marseille.

Voici pour illustrer quelque peu ce sujet et la date de ton dernier voyage sur un de ces paquebots, la liste des departs de tous les navires battant pavillon Cie Paquet pour la periode de 1966 a 1967.

Paquet/NCP Sailings December 1966-December 1967 Vessel(s) Ports of call
Paquet:
- Ancerville: Marseilles, Casablanca, Tenerife, Dakar.
Return voyages: Dakar, Las Palmas, Casablanca, Marseilles.
-Lyautey: 1) Marseilles, Gibraltar, Tangier, Casablanca, Madeira, Tenerife.
Return voyages: Tenerife, Las Palmas, Casablanca, Marseilles.

2) Marseilles, Casablanca, Tenerife, Dakar.
Return voyages: Dakar, Las Palmas, Casablanca, Marseilles.

3) Marseilles, Casablanca
-Azemmour: Marseilles, Tangier (many voyages), Casablanca.

June-August:
Marseilles, Málaga, Casablanca.

September-October:
Marseilles, Port Vendres, Casablanca.

Return voyages: Casablanca, Tangier, Málaga (August-September only) or Alicante (some voyages), Marseilles.

-Azrou: Marseilles, Tangier (many voyages), Casablanca.

Return voyages: Casablanca, Tangier, Málaga (one voyage, in August only) or Alicante (many voyages throughout the year) or Port Vendres (July-August only), Marseilles.
Pièces jointes:

POUR EN RAJOUTER.

NOUS GARDONS UN SOUVENIR PARTICULIER DANS LA FAMILLE; CELUI D'UN VOYAGE CASA AJACCIO SUR LE LYAUTEY.
C'EST VRAI C'ETAIT EN FAIT UNE CROISIERE, EN TOUT CAS UN GRAND SOUVENIR INDELEBILE, CETTE ANNEE NOUS N'AVIONS PAS TRAVERSé L'ESPAGNE(NOTRE PAYS ENTRE LES DEUX)MAIS CETTTE ODEUR DU VOYAGE EN BATEAU, JE LA RETROUVE à CHACUNE DE MES TRAVERSEES.
LA MEMOIRE OLFACTIVE N'A PAS D'AGE.

JEAN-FRANçOIS
DE BASTIA

Bonjour Jean Francois et Bienvenu parmi nous.

Ton recit me rappelle de bons souvenirs sur ces navires. C'est vrai qu'il y avait une odeur tres particuliere sur ces paquebots. Nulle part ailleurs je ne l'ai ressentie.

Voici la theiere d'ataye traditionnelle de Bienvenue a Dafina que nous partageons tous avec toi.

Amicalement,

elie
Pièces jointes:

Coucou !"

Le message est parti avant correction :Lire "ondoyante satin vert"

Je vous embrasse affectueusement..
Cette anecdote de la "dame" de la Plantation est restée gravée dans ma mémoire.
Appuyé sans le vouloir sur une touche..."fichier"...

PS
Il ne faut pas oublier que ,pendant ces traversées, des gens voyageaient dans des conditions navrantes , à fond de cale, ou louaient pour trois nuits une chaise longue dans un coin discret ,affrontant ainsi le froid poisseux du petit matin...même en plein été..
A très bientôt

Bonsoir à tous!
Merci pour ces nouveaux messages sur les paquebots de la Cie Paquet.
Bienvenue à Jean-François...Tu as raison :ces voyages étaient en fait de vraies croisières ,que nous n'aurions guère pu nous permettre -en ce qui concerne ma famille tout au moins- si l'Etat français n'avait pas permis à mon père , petit fonctionnaire, de bénéficier de congés payés une fois tous les deux ans...
"Prendre le bateau", c'était une vraie fête ...entre deux voyages "par l'Espagne" aux frais de la famille...
J'aime profondément ce pays , et en particulier l'Andalousie ,mais les traversées ,surtout à bord des deux cargos mixtes,étaient magiques...
Odeurs mêlées de sel ,de goudron et de gas-oil qui mettaient parfois à mal nos estomacs de terriens...
Cabine du Lyautey une fois partagée avec une danseuse "osée" (comme on disait) de la "Plantation" , ce cabaret qui se trouvait en face du cinéma Renaissance:
Ma mère , assez pudibonde, me tirait par la main quand , au cours d'une promenade familiale ,je me plantais devant la vitrine de la "boîte" :fascination pour les robes de sirène des "dames" décolletées (probablement des strip-teaseuses)...
Cette année-là , une de ces "créatures" un peu sulfureuses vint à partager la cabine qui nous avait été attribuée :mon rêve de paillettes était à portée de main...
Ce surprenant voisinage -mon père avait par erreur été logé dans une autre cabine-fit que ma mère garda un air pincé pendant tout le voyage , mais j'exultai intérieurement...
La "dame" -qui avait dû faire quelques numéros coquins pour animer les soirées du paquebot -essaimait ses flacons de parfum aux touffeurs entêtantes, ses bâtons de rouge et ses fonds de teint en pots de porcelaine ,que je crevais d'envie d'essayer...
Et , comble du ravissement , elle étalait ses robes de scène sur la couchette supérieure -restée libre- au-dessus de la mienne...
Quand je me mettais sur la pointe des pieds sur l'échelle qui menait
à ce lit superposé , les pampilles et les franges de ces robes "de princesse" me chatouillaient délicieusement le visage...Je me croyais chez Mr Benatar,le marchand de tissus du marché,dont le magasin était pour moi la Caverne d'Ali Baba...
Je devais avoir cinq ou six ans et j'aimais croiser notre voisine dans ses tenues de cocktail _mousseline imprimée, moire bleue ondoyante satin vert-très entourée de messieurs empressés...
Elle n'était pas vraiment jolie , mais elle avait "du chien"!
Nous arrivâmes à Marseille à l'aube et la préparation des malles de la voisine fut homérique...
Dans une combinaison de nylon noir , elle allait et venait fébrilement ,la tête hérissée de bigoudis...A l'heure du petit déjeuner , un de ses admirateurs -un jeune officier de l'équipage- vint cogner à la porte de la cabine...
Peut-être un peu trop tôt...
La "dame" lui ouvrit sans paraître gênée ,totalement démaquillée ,les joues enduites de crème grasse , ce qui révélait une absence totale de sourcils:elle donnait à son visage un peu lourd et pâteux une désastreuse ressemblance avec une tête de veau...
Le jeune homme eut l'air de frissonner sous ses épaulettes et se retira presque peureusement...
Moment à la fois cocasse et pathétique...
Ma mère eut l'air satisfaite de constater que le Mal avait été vaincu...
Je ne sais si la "dame" et l'officier se sont revus...
Merci , Elie , de ta gentillesse et de tes attentions toujours délicates...
Et pardon à Fellini pour le "Remini" qui se voulait "Rimini"..

Peut-être en dehors du sujet?
Mais il y avait aussi une ligne Casa-Bordeaux, qui était desservie par le "Ville de Bordeaux": un navire de croisière qui reliait Bordeaux à Dakar, et faisait escale à Casablanca.
Ce navire a été utilisé à plusieurs reprises pour rapatrier les troupes dans les années 58/59, après l'indépendance. Mon régiment ayant été dissous, j'y ai terminé mon service militaire comme “officier de bord”, avec cabine sur le pont et à la table du Commandant, seul responsable de tout ce qui concernait les militaires embarqués, quelque soit leur grade.
Le Navire faisait la croisière Bordeaux-Dakar, et tous les soirs il y avait bal dans toutes les classes... et toutes les célibataires en mal de soupirants se payaient la croisière, vu qu’au retour le navire se remplissait à Casa, d’officiers et sous-officiers, et autres civils, rentrant du Maroc ! Attention l’ambiance...
Le travail n’était pas très pénible: il suffisait de compter le même nombre de militaires à l’arrivée qu’au départ de Casa, de vérifier que la soupe était bonne, et que les militaires ne foutaient pas le bordel dans le cheptel des croisiéristes... ce qui était moins évident.
J’ai fait sur ce bateau plusieurs voyages, avant d’être libéré à Bordeaux. Peut-être que certains d'entre vous ont fait partie de ces voyages ?

Bonsoir,Fench!
Tu n'es en aucun cas hors sujet!Je pensais d'ailleurs au "Ville de Bordeaux" en écrivant ces quelques lignes...
Il y avait presque une "ligne de partage des eaux" entre les Français du Maroc ou autres personnes devant se rendre régulièrement en France:
Ceux du Sud-Ouest allaient à Bordeaux , les Méridionaux de l'Est (Languedoc ,Corse etc...j'appartiens aux deux régions citées)préférant
faire route vers Marseille...
Je me souviens de deux petits copains d'enfance ,Jean-Yves et Alain ,
qui habitaient l'immeuble Landesque ,rue de Bruxelles.
Nous prenions le bateau une fois tous les deux ans,sensiblement à la même date et une véritable rivalité s'était installée entre nous dans la fièvre du départ imminent:
Nous nous défiions à grands coups de prospectus:
Je défendais la Compagnie Paquet ;eux "en tenaient" mordicus pour la Compagnie Transatlantique...
Tu vois , j'avais oublié ce détail amusant,nos fâcheries étant aussi fugaces que pétillantes...
Il y avait toujours en effet quelques célibataires en quête de maris...
La "dame" de la Plantation en faisait de toute évidence partie...
Amicalement...

le port en 1925
"LE CUIRASSE PROVENCE" bateau de guerre
amicalement
alain76



Modifié 1 fois. Dernière modification le 13/11/2008 09:12 par clementine.
Pièces jointes:

Toujours en 1925 différents bateaux
Pièces jointes:

Bateau "LE MARECHAL LYAUTEY" emportant LYAUTEY à son départ définitif du Maroc en 1925
Pièces jointes:

le " NICOLAS PAQUET " le 21 mars 1931
Pièces jointes:

sous marins "VENGEUR" "ACTEON"

ravitailleur de sous marins " JULES VERNE"
juin 1933
Pièces jointes:

passage de l'escadre à casa juin 1933
Pièces jointes:

torpilleur "ADROIT" et cuirassés "LORRAINE " et "J BART

JUIN 1933
Pièces jointes:

porte avions "Ct TESTE" juin 1933
Pièces jointes:

cuirassé "LORRAINE" juin 1933
Pièces jointes:

le 03 janvier 1935, s'est échoué sur les rochers d' Aïn Diab le bateau "ILE de LOOS
en voici 3 photos
la n°1
Pièces jointes: