États-Unis : La chanteuse Laura Elkeslassy s’inspire du patrimoine judéo-marocain
Par Valentin Becker
La chanteuse Laura Elkeslassy, basée à Brooklyn aux États-Unis, s’est plongée dans l’histoire de sa famille marocaine de confession juive pour son premier album «Ya Ghorbati : Divas in Exile». À 37 ans, la chanteuse née en France de parents d’origines judéo-marocaines se plonge «à travers le temps et l'espace pour raconter une histoire de bouleversement politique et d'exil, remettant finalement en question le binaire entre arabe et juif».
Ce projet était une opportunité pour la chanteuse de se pencher sur l’histoire de ses ancêtres. «Ma mère est née à Fès et mon père à Marrakech, Ma famille était au Maroc pendant des siècles. C’est cela que j’explorais, je voulais comprendre d’où je venais», raconte-t-elle.
Cet album est aussi une opportunité pour les juifs séfarades et mizrahim de se réapproprier leurs origines, dit-elle. «Certains connaissent ce patrimoine. D’autres en ont été déconnectés, parce qu'ils ont grandi dans des environnements ashkénazes et n'ont pas nécessairement eu accès à leurs propres traditions liturgiques ou musicales qui sont enracinées dans la musique arabe».
Elkeslassy considère «Ya Ghorbati» comme un album «multimédia», en ce que le projet rassemble musique, vidéo et des essais sur l’histoire de chaque chanson, rapporte la presse new-yorkaise spécialisée sur la communauté juive. L’album rend hommage à plusieurs divas, dont la marocaine Zohra Elfassia, la franco-algérienne Line Monty, ou encore le très singulier chanteur algérien Salim Halali, qui s’est installé un temps à Maarif à Casablanca pour y tenir un cabaret à succès.
«Les divas présentées dans l'album étaient des pionnières féministes, trouvant joie, liberté et pouvoir dans un paysage culturel parfois hostile. J'étais fascinée par la façon dont, à leur manière unique et avec leurs propres contradictions, toutes ces artistes ont fait face aux forces puissantes qui ont changé leur époque et leur carrière : le patriarcat, le colonialisme, la montée des nationalismes juif et arabe. J'étais curieux de comprendre comment ces forces avaient façonné leur vie, et avec elles, la vie de leur génération et de celle de mes parents», explique Laura Elkeslassy.
Ce mercredi, la chanteuse jouera cet album, enregistré live, au Congregation Beth Elohim à Park Slope pour célébrer la Journée mondiale du réfugié, le 20 juin.
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