Alona Fisher Kamm : «Le Maroc : un modèle inspirant pour la coexistence entre les nations»
À l’occasion de la Journée internationale de la commémoration de l’Holocauste, la Cheffe par intérim du bureau de liaison d’Israël à Rabat, Alona Fisher Kamm partage cette chronique avec les lecteurs de lobservateur.
Alona Fisher Kamm
En 2005, soixante ans après la défaite du régime Nazi, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté la résolution déclarant le 27 janvier Journée internationale de commémoration de l'Holocauste. Depuis cette date historique, plus d'une centaine de pays à travers le monde marquent cette journée des commémorations et par diverses activités, avec la participation des autorités de haut niveau, des gouvernements nationaux et locaux, ainsi que des sociétés civiles.
L'objectif de ces activités ne consiste pas seulement à préserver la mémoire des victimes de l’holocauste, mais aussi à lutter pour la prévention de futurs actes de génocide ou de toute manifestation d'intolérance, de provocation ou de violence, basée sur la croyance religieuse ou l'origine ethnique. Une importance particulière a été accordée dans la résolution aux programmes éducatifs destinés aux générations futures et au rejet de tout déni de l'Holocauste.
La tenue des élections du 27 janvier coïncide avec la date de la libération du camp de la mort d'Auschwitz. Auschwitz est devenu synonyme des atrocités commises par le régime nazi. Dans ce seul camp, 1.200.000 personnes ont été assassinées. Auschwitz représente le caractère singulier de l'Holocauste, et ce, non seulement en raison de la dimension du meurtre de masse ou de la cruauté des méthodes utilisées par les Nazis, qui ont conduit à la mort de 6 millions de Juifs. Cette spécificité repose sur l'idéologie de racisme et de haine qui le caractérise. Elle ne relève pas de critères religieux, nationaux, idéologiques, politiques ou ethniques. Chaque juif, bébé, enfant, adulte ou vieillard, fut condamné à mort simplement parce qu'il portait le judaïsme dans ses gènes.
La journée internationale de commémoration de l'Holocauste, le souvenir de ses atrocités, la lutte contre l'antisémitisme et la prévention de futurs crimes de haine ne concernent pas seulement les juifs, mais l'humanité entière et toutes les sociétés qui veulent maintenir leurs valeurs démocratiques et leur pluralisme social.
Toute tentative de nier l'Holocauste ou de commettre un crime de haine finira par renverser les valeurs fondamentales de nos propres sociétés. C'est pourquoi cette journée est commémorée dans plus de cent pays dans lesquels l'Holocauste n'a pas eu lieu ou dans lesquels il n'y a pas de Juifs du tout.
Ce constat a conduit à la création de l'IHRA, l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste, qui rassemble des gouvernements et des experts afin de renforcer et de promouvoir l'enseignement, la mémoire et la recherche sur l'Holocauste dans le monde entier.
Aujourd'hui, l'IHRA rassemble trente pays, qui reconnaissent tous la nécessité de la coordination des politiques pour renforcer l'engagement moral des sociétés et combattre le déni de l'Holocauste et l'antisémitisme croissants.
Parmi les États membres et les États observateurs, on peut trouver des pays où l'Holocauste n'a pas eu lieu sur leur territoire, des États-Unis et du Canada à l'Australie et de l'Argentine, de l'Uruguay ou du Brésil à la Nouvelle-Zélande en passant par la Turquie et l'Albanie.
Au niveau national, l'outil le plus efficace pour lutter contre l'ignorance, l'antisémitisme et le déni de l'Holocauste est incontestablement l'éducation. Les programmes d'éducation doivent envoyer un message clair aux générations futures : Plus jamais ça ! PLUS JAMAIS ! À personne ! Où que ce soit !
Au fil du temps, le volet éducatif est devenu encore plus essentiel puisque les survivants de l'Holocauste disparaissent et que leurs témoignages directs en tant que victimes disparaissent avec eux.
L'État d'Israël a servi pendant des années de refuge aux survivants de l'Holocauste et aux Juifs qui ont considéré Israël comme leur foyer et leur destination. Dans cette optique, le Président de l'État d'Israël a envoyé une lettre à Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l'occasion du deuxième anniversaire de la reprise des relations diplomatiques, exprimant sa gratitude, son admiration et sa reconnaissance à Sa Majesté le Roi et au peuple marocain qui, pendant des générations, ont agi pour protéger la sécurité, le bien-être et le patrimoine culturel de la communauté juive du Royaume.
Dans sa lettre, le Président Herzog a mentionné que pendant les heures les plus sombres de l'histoire juive, le Maroc a servi de repère lumineux et plein d'espoir pour les Juifs. Sa Majesté le Roi Mohammed V est connu comme le protecteur et le gardien des Juifs de son royaume.
Et je reprends les paroles du feu Roi Mohammed V en 1941
« Je n'approuve pas du tout les nouvelles lois anti-juives et je refuse de m'associer à une mesure que je désapprouve. Je tiens à vous informer que comme par le passé, les Israélites restent sous ma protection et je refuse qu'une distinction soit faite entre mes sujets »
Le Président a également salué Sa Majesté Mohammed VI pour ses actes historiques de soutien à la communauté juive du Maroc, tels que la dénonciation par Sa Majesté du négationnisme et sa déclaration désignant la "Solution finale" (le plan Nazi d'extermination des Juifs d'Europe) comme l'un des chapitres les plus tragiques de l'Histoire moderne.
Plus de 75 ans après l'Holocauste et malgré les efforts déployés pour combattre toutes les expressions de haine et d'intolérance, le phénomène de l'antisémitisme semble prévaloir, en changeant de formes et de visages.
Je ne doute pas que l'histoire particulière du Maroc, ses relations avec les Juifs et le rôle de la Famille Royale dans la protection de la vie, du bien-être et du patrimoine des Juifs du Maroc, font de ce pays un modèle inspirant pour la coexistence entre les nations.
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