Articles de la presse arabe : Il est temps que des femmes arabes soient cheffes d’État
Plusieurs auteurs arabes ont récemment publié des articles louant des dirigeantes telles que Hillary Clinton et Angela Merkel, exprimant l’espoir que les femmes des pays arabes obtiennent également les positions les plus élevées, de présidentes ou de cheffes d’Etats. Radhia Jerbi, présidente de l’Union nationale des femmes tunisiennes, a fait des remarques en ce sens dans une interview parue dans le quotidien Al-Qods Al-Arabi, basé à Londres, affirmant qu’il était temps que la Tunisie élise une femme à la présidence.
Un auteur koweïtien : Des femmes dirigent les puissantes démocraties occidentales, tandis que les femmes arabes restent marginalisées
Le journaliste et académicien koweïtien Dr Mohammed Al-Rumaihi, chroniqueur pour le quotidien égyptien officiel Al-Ahram, écrit un article intitulé « C’est l’ère du règne des femmes ». Selon lui, aujourd’hui, les plus grandes superpuissances sont régies par des « dames de fer », tandis que dans les pays arabes, beaucoup sont encore opposés à la participation des femmes à la vie sociale et politique. Extraits :
Si le terme le plus couramment associé à la femme arabe est « exclusion », celui le plus fréquemment associé aux femmes occidentales au XXème siècle est « responsable ». Si Hillary Clinton venait à être élue présidente des États-Unis, ce qui pourrait tout à fait se produire, trois puissantes démocraties occidentales – les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni – se trouveraient gouvernées par des femmes. Si [l’une des] principales candidates au secrétariat général de l’ONU – l’ancienne Première ministre de la Nouvelle-Zélande Helen Clark ou sa rivale, la directrice générale de l’UNESCO Irina Bokova – [étaient élues à ce poste], la boucle des femmes leaders qui caractérisent notre époque serait bouclée. L’ère [des femmes dirigeantes] a commencé dans les années 2000, lorsque les femmes ont atteint les positions les plus élevées en Finlande, en Lettonie et au Panama, suite à des précédents en Indonésie, aux Philippines, au Pakistan, en Israël et au Sri-Lanka…
Vu que monde [actuel] est caractérisé par l’incertitude, les guerres civiles et d’immenses pressions économiques, que l’Occident se tourne vers l’extrême droite, que les femmes qui le gouvernent désirent la plupart du temps être considérées comme « des femmes de fer », nous en venons à observer un monde très différent de celui auquel nous nous étions habitués : un monde dans lequel les relations internationales ne sont plus influencées par « la sagesse des hommes », mais plutôt par « la rigidité des femmes ». Seule la femme arabe ne trouve aucun réconfort, et continuera à se traîner, déçue, entre ceux qui acceptent [uniquement] partiellement sa participation à la vie sociale et ceux qui s’y opposent catégoriquement… Et après tout cela, nous nous demandons [encore] pourquoi nous sommes à la traîne… [1]
Un auteur égyptien : Quand verrons-nous une femme à la tête d’un Etat arabe ?
Le journaliste égyptien Amr Abd Al-Sami, également chroniqueur pour Al-Ahram, estime que les femmes sont qualifiées pour occuper les positions les plus élevées, et se demande quand elles pourront également le faire dans le monde arabe. Extraits :
Theresa May, nouvelle Première ministre britannique et cheffe du Parti conservateur, fait partie d’un réseau formidable de 23 femmes qui gouvernent des Etats, dont l’Allemagne et peut-être [à l'avenir] les États-Unis. [Theresa May] fait également partie d’un [groupe de] femmes véhémentes et combatives en Grande-Bretagne même, qui comprend la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, la cheffe du Parti national écossais, qui réclame un nouveau référendum sur l’indépendance écossaise. Une autre faction dans ce conflit [sur l’avenir de la Grande-Bretagne] se compose de la distinguée membre du Labor Angela Eagle… et de Leanne Wood, cheffe du Parti du Pays de Galles, qui appelle à l’indépendance du Pays de Galles face à la Grande-Bretagne…
Face à l’explosion de l’expansion de [la présence] des femmes en politique, je me demande quand nous aurons l’occasion de voir une femme arabe à la tête de l’une de nos sociétés, traditionnellement décrites comme des sociétés patriarcales… Nous avons eu des femmes ministres, vice-premières ministres, conseillères nationales de la sécurité et membres du Parlement, mais nous n’avons pas eu de femme présidente ou vice-présidente. Cela reflète-t-il une faille dans les sociétés arabes ? [Si oui,] quels sont les moyens d’y remédier et de briser les barrières que nous plaçons autour des femmes, alors même qu’elles [sont capables] d’occuper les postes les plus importants, si on en leur en donne l’occasion [?] [2]
Un chroniqueur d’ « Al-Hayat » : Les femmes arabes valent mieux que les hommes arabes et devraient occuper des positions de leadership
Jihad Al-Khazen, journaliste libanais d’origine palestinienne qui écrit pour le quotidien Al-Hayat, basé à Londres, souligne que si les femmes ont réalisé leur rêve d’égalité politique dans de nombreux pays, ce n’est pas le cas dans le monde arabe. Il ajoute que seule une poignée de femmes arabes sont incluses à la liste Forbes des 100 femmes les plus puissantes en 2016, et exprime l’espoir qu’elles accèdent à des postes de leadership. Extraits :
Si les femmes contrôlaient le monde, il n’y aurait pas de guerres, et nous verrions des femmes grasses satisfaites de leur poids. Je plaisante. [Mais] la vérité est que l’Allemagne a Angela Merkel pour chancelière, la Grande-Bretagne a Theresa May pour Première ministre, et les États-Unis auront peut-être Hillary Clinton pour présidente en novembre. [En outre,] une femme pourrait remplacer Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, dans quelques mois. Cette dernière année, 22 des présidents et Premiers ministres [du monde] étaient des femmes ; toutefois aucune n’était arabe ou musulmane, excepté Sheikha Hassina Wazed, [Première ministre] du Bangladesh…
Quand Hillary Clinton a été nommée Secrétaire d’Etat, au cours du premier [mandat] d’Obama, il y avait 25 femmes ambassadrices à Washington. Parmi elles se trouvaient deux [femmes arabes] représentant Oman et Bahreïn. [Mais] il convient de noter que l’ambassadrice de Bahreïn, Huda Nonoo, était juive, et que l’ancienne ambassadrice de Bahreïn à Londres, Alice Samaan, était chrétienne. Selon moi, moins de 60 des 193 Etats membres de l’ONU ont eu une femme présidente ou Première ministre, ce qui signifie que les femmes jouissent de l’égalité politique dans un tiers des pays du monde – mais, encore une fois, aucun de ces pays n’est arabe.
Il existe plusieurs listes portant sur les femmes et leurs rôles dans divers domaines. Je suis la liste [Forbes] des 100 femmes les plus puissantes, année après année. [Sur la liste de cette année] Angela Merkel est à la première place, Hillary Clinton en deuxième position, [l’économiste américaine et présidente de la Federal Reserve Board des gouverneurs] Janet Yellen en troisième position et [la femme d'affaires et philanthrope américaine] Melinda Gates, [épouse de Bill Gates,] en quatrième position. Je remarque qu’un certain nombre de places de cette liste sont occupées par des Américaines dans le domaine de la technologie, et je soupçonne certaines d’entre elles de devoir [leur place] à leurs époux, et non à leur propre créativité ou capacité d’innovation.
Quoi qu’il en soit, Sheikha Lubna Al-Qasimi, la ministre d’État des Emirats arabes unis pour la Tolérance, occupe la 43ème place de la liste… et [la femme d’affaires saoudienne] Lubna Al-Olayan la 63ème place [sic]. [3] [Al-Olayan] est la fille de feu Suleiman Al-Olayan et mérite tous les honneurs. [La femme d’affaires des EAU] Raja Easa Al-Gurg est en 91ème position, ce qui signifie que deux femmes des EAU se trouvent sur cette liste.
Les femmes arabes valent mieux que les hommes arabes, c’est mon opinion. Je compte sur elles pour occuper des postes de leadership dans nos pays… [4]
La cheffe de l’Union nationale des femmes tunisiennes : Il est temps que nous ayons une présidente
La cheffe de l’Union nationale des femmes tunisiennes, Radhia Jerbi, a déclaré dans une interview pour Al-Sharq Al-Awsat qu’en Tunisie, les femmes occupent avec brio des postes haut placés, ajoutant qu’il est temps qu’elles occupent également de hautes fonctions, dont la présidence du pays. La nomination d’un Premier ministre par Beji Caid Essebsi montre qu’il considère toujours les femmes comme incapables d’occuper un poste de cette envergure. Radhia Jerbi a appelé le Premier ministre tunisien désigné Youssef Chahed à respecter son engagement d’augmenter le nombre de postes réservés aux femmes au sein de son nouveau gouvernement. Extraits :
Nous sommes favorables à la nomination de femmes Premier ministre ou à d’autres hauts postes étatiques, car les Tunisiennes excellent dans plusieurs domaines, y compris la gestion des affaires publiques, et elles se sont montrées tout à fait capables de modifier l’équilibre des pouvoirs, notamment depuis la révolution…
Malheureusement, la mentalité en Tunisie demeure patriarcale, et l’on continue de penser que les positions de Premier ministre et de président sont réservés aux hommes… Dans un discours, le Premier ministre a souligné que son nouveau gouvernement inclurait une forte proportion de femmes : huit ou neuf portefeuilles. Nous attendons toujours, et espérons qu’il ne se contentera pas de [nommer] des femmes ministres, mais qu’il [nommera] également des femmes gouverneures régionales et PDG d’ [entreprises] nationales… [5]
Radhia Jerbi (Source : Radioculturelle.tn)
Lien vers l’article en anglais
Notes :
[1] Al-Ahram (Egypte), 7 août 2016.
[2] Al-Ahram (Egypte), 21 août 2016.
[3] Lubna Al-Olayan est en fait en 65e place.
[4] Al-Hayat (Londres), 7 août 2016.
[5] Al-Qods Al-Arabi (Londres), 12 août 1016.
memri.fr
Commentaires
Publier un nouveau commentaire