Au Maroc, le drapeau israélien brûlé lors d’une manifestation
Une enquête porterait sur des irrégularités financières et sur des abus sexuels à la mission israélienne ; environ 100 manifestants ont dénoncé la normalisation entre les deux pays
Des dizaines de manifestants ont protesté vendredi contre la normalisation des liens entre le Maroc et Israël devant le Parlement marocain et après le rappel, par l’État juif, de son envoyé à Rabat dans le cadre d’une enquête portant sur des irrégularités financières et des abus sexuels qui auraient été commis au sein de la mission israélienne, qui n’a que récemment rouvert ses portes.
Environ cent personnes ont scandé des slogans contre le rapprochement qui a eu lieu entre le Maroc et Israël, critiquant le chargé d’affaires israélien David Govrin et le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita.
« Aujourd’hui, nous nous trouvons devant le parlement pour dénoncer les actes affreux » qui auraient été commis par Govrin, a commenté Amine Abdelhamid, un activiste pro-palestinien opposé à la normalisation entre les deux pays.
« La dignité du Maroc n’est pas à vendre, la normalisation doit cesser », a-t-il ajouté.
Un drapeau israélien a été brûlé au cours de cette manifestation.
L’inspecteur-général du ministère des Affaires étrangères, Hagav Behar, avait été envoyé en toute hâte au Maroc, la semaine dernière, après des accusations lancées contre le chef de la mission, Govrin, concernant des plaintes graves sur le fonctionnement du bureau qui a rouvert l’année dernière.
« Un haut responsable israélien » de la mission aurait ainsi abusé sexuellement de plusieurs femmes – des faits qui sont susceptibles d’entraîner un incident diplomatique grave avec le Maroc.
Il y a eu aussi des plaintes concernant des actes de harcèlement sexuel dans la mission.
Le ministère a également ouvert une enquête sur de multiples problèmes financiers et administratifs, avec notamment la disparition d’un cadeau de grande valeur qui avait été offert par le roi du Maroc à l’occasion de la Journée israélienne de l’Indépendance.
De tels cadeaux sont enregistrés avec soin et envoyés au gouvernement, mais cet objet précieux semble avoir disparu et il ne figure dans aucun registre.
Des investigations ont également été lancées contre un homme d’affaires local et l’un des responsables de la communauté juive, Samy Cohen, un ami de Govrin, qui aurait été impliqué dans l’accueil de plusieurs ministres israéliens. Il aurait été à l’origine de rencontres entre ces derniers et des officiels locaux même si lui-même n’est aucunement affilié à la mission.
L’équipe enquêterait aussi sur un conflit présumé qui opposerait Govrin et le responsable de la sécurité de la mission.
La décision de rappeler Govrin a été prise par le directeur-général du ministère des Affaires étrangères, Alon Ushpiz, suite à une enquête initiale qui a été menée par une haute-délégation israélienne arrivée au Maroc, lundi, pour recueillir les déclarations du personnel.
Selon un article paru sur le site d’information Ynet, il y avait un sentiment général de chaos au ministère, mardi – et le site a cité des responsables de ce dernier disant que « tout le monde s’agresse mutuellement ».
L’article n’a pas fourni les détails de l’enquête mais il a précisé que quelques plaintes avaient été déposées par d’anciens employés de la mission israélienne à Rabat qui avaient été renvoyés par Govrin à différentes occasions.
Les détails de l’enquête, dont l’existence a tout d’abord été signalée lundi par la chaîne publique Kan, ont été confirmés à Zman Yisrael, le site en hébreu du Times of Israel, par le ministère.
Pour sa part, Govrin est actuellement au sein de l’État juif et il est impliqué dans l’enquête en cours, a noté une source diplomatique.
Il n’y a eu aucune réaction du côté des autorités marocaines.
Le Maroc est devenu le troisième État arabe à normaliser ses liens avec l’État juif dans le cadre des accords signés en 2020 sous l’égide des États-Unis, rejoignant les Émirats arabes unis et Bahreïn.
Le bureau de liaison israélien à Rabat était fermé depuis la fin des années 2000, quand le Maroc avait décidé de mettre un terme aux relations de bas niveau qui existaient entre les deux pays lorsque la Seconde intifada avait éclaté. Même si les bureaux de liaison des deux nations avaient été fermés il y a environ 20 ans, tout était resté dans l’état dans les missions, ce qui aura permis à Jérusalem et à Rabat de les rouvrir rapidement.
Le Maroc et Israël avaient initialement prévu d’ouvrir des bureaux de liaison dans leurs pays respectifs mais ils envisagent d’ouvrir de pleines ambassades à l’avenir.
Il y a eu, ces derniers mois, une série de visites de haut-rang de la part des officiels israéliens au Maroc et les deux pays ont signé des accords économiques, culturels et dans le secteur de la Défense.
Govrin, 58 ans, est considéré comme un diplomate expérimenté et il travaille au service du ministère des Affaires étrangères depuis 1989. Il parle couramment l’arabe et il a été ambassadeur en Égypte de 2016 jusqu’au mois d’août 2020.
L’équipe du Times of Israel a contribué à la rédaction de cet article.
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