Plus de 170 pierres tombales ont été abîmées ou renversées le 18 février dans le cimetière juif Chesed Shel Emeth, à University City, près de Saint-Louis (Missouri). Devant l’ampleur des dégâts, Tarek El-Messidi, un militant de confession musulmane, a décidé de payer les réparations en récoltant des fonds sur le site de collecte musulman LaunchGood.
« Avec cette campagne, nous espérons envoyer un message d’unité de la part des communautés juive et musulmane, pour dire qu’il n’y a pas de place en Amérique pour ces formes de haine, de profanation et de violence. »
La collecte a commencé le 21 février, et les dons, de près de 4 000 personnes, ont permis de rassembler 110 000 dollars. Selon le Washington Post, le plafond proposé de 20 000 dollars a été atteint en quelques heures. Tarek El-Messidi s’est associé à Linda Sarsour qui, avec son ONG Celebrate Mercy, mène des actions visant à « répondre au mal par le bien » : des collectes pour les familles des victimes de tueries à San Bernardino (Californie) en 2015 et, plus récemment, dans une mosquée au Canada. Dans le journal israélien Haaretz, Tarek El-Messidi précise que « les retours qu' [ils ont] sur cette initiative sont extraordinaires » :
« On pourrait dire qu’il y a un point positif au milieu de toute cette haine dirigée contre les juifs et les musulmans en Amérique en ce moment, c’est qu’elle a rapproché les deux communautés. Et nous ne sommes qu’un seul exemple parmi d’autres. »
Il n’a pas dévoilé, pour l’instant, la somme nécessaire à la réfection du cimetière, mais il promet que l’argent qui restera ira à des campagnes de lutte contre l’antisémitisme aux Etats-Unis.
« N’EST-CE DONC PAS UNE ÂME ? »
Sur le site de crowdfunding comme dans les interviews données aux médias, Tarek El-Messidi dit s’être inspiré de l’histoire du prophète Mohamed, qui se leva en voyant passer une procession funéraire juive, en signe de respect. Lorsqu’on lui fit remarquer qu’il s’agissait du convoi funéraire d’un juif, il répondit : « N’est-ce donc pas une âme ? » Pour Tarek El-Messidi, cette histoire doit « devenir vraie », pour « montrer que chacun mérite de reposer en paix ».
Les deux communautés religieuses connaissent une recrudescence d’attaques antisémites et islamophobes depuis la victoire de Donald Trump. Le Southern Poverty Law Center (SPLC), qui recense les actes racistes et antisémites aux Etats-Unis, a dénombré 867 incidents racistes du 8 au 18 novembre 2016, dont cent à caractère antisémite. L’attaque du cimetière d’University City a été suivie, le 20 février, d’une douzaine d’alertes à la bombe visant des centres communautaires juifs dans le Minnesota, le Texas, l’Ohio ou en Floride.
Des démonstrations de solidarité entre juifs et musulmans, parfois concrètes, parfois symboliques, ont eu lieu depuis novembre 2016. Jonathan Greenblatt, dirigeant de l’ONG juive Anti-Defamation League, avait promis en décembre de « s’enregistrer comme musulman » si un tel registre, envisagé par la Maison Blanche, venait à exister. Dans plusieurs villes, des synagogues et des églises ont proposé d’offrir « l’asile » aux migrants menacés d’expulsion.
Dans le Missouri, le choc provoqué par cette profanation est grand. Outre les communautés religieuses, les responsables politiques, locaux ou non, se sont montrés. Le gouverneur de l’Etat, le républicain Eric Greitens, a participé à une séance de nettoyage avec 300 bénévoles. Le vice-président Mike Pence est, lui, allé sur place, le 22 février, pour dire qu’« il n’y a pas de place en Amérique pour la haine, les préjugés, la violence et l’antisémitisme ».
Par Big Browser
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