Choqué par les emeutes à Huwara, un Israélien recueille 460 000 euros pour les Palestiniens
Grégoire SAUVAGE
Une semaine après l'expédition punitive menée par des colons israéliens dans la localité d'Huwara, en Cisjordanie, un activiste israélien qui se définit comme "religieux" et "sioniste" a lancé un appel aux dons pour indemniser les victimes. S’il a recueilli près d'un demi-million d'euros, son initiative qui lui a valu un torrent de haine sur les réseaux sociaux.
Une somme de 460 000 euros récoltés auprès de 11 500 donateurs. Tel est le montant récolté, lundi 6 mars, par Yair Fink, un activiste israélien proche du parti travailliste, en faveur des familles palestiniennes de Huwara. C'est dans cette localité située dans le nord de la Cisjordanie, que des colons ont mené dimanche 26 février une véritable chasse à l'homme contre des Palestiniens.
Des dizaines de maisons, de commerces et des véhicules avaient été incendiés, des civils agressés au hasard et un Palestinien tué par balles. Ces colons entendaient alors venger la mort de deux jeunes Israéliens assassinés quelques heures plus tôt.
Si l'extrême droite a refusé de condamner ces violences, de nombreux Israéliens se sont dits scandalisés par cette nuit de chaos. Yair Fink, surnommé "Yaya", un juif religieux également officier de réserve dans l'armée israélienne, a alors décidé de lancer une cagnotte en ligne pour aider les victimes de ce qu'il qualifie lui-même de "pogrom".
"Je suis mobilisé contre le terrorisme palestinien. Mais je crois en tant que juif – juif religieux et sioniste – que nous devons aussi lutter contre l'extrémisme et le racisme à l'intérieur d'Israël", a-t-il confié à France Inter.
Le fondateur du mouvement pro-démocratie "Notre Israël" rencontre un succès fulgurant. En moins de 24 heures, plus de 8 000 personnes ont donné environ 1 192 440 shekels, soit plus de 306 000 euros, rapporte le média I24 news.
Une initiative qui divise Israël
Interrogé sur la manière dont il compte transférer les fonds aux familles de Huwara, Yair Fink explique avoir noué des contact avec des responsables locaux pour identifier les victimes palestiniennes. Selon lui, une enquête sera menée sur les bénéficiaires pour éviter que des Palestiniens avec des casiers judiciaires puissent toucher cet argent.
Si cette initiative a reçu le soutien de nombreux Israéliens, elle lui a aussi valu des flots d'injures, de menaces et de haine en ligne. "J'ai reçu des centaines de malédictions. Les gens m'ont écrit : 'Tu es un nazi' ou encore 'Tu es un traître et un oppresseur d'Israël'... Je n'ai pas fait tout cela pour avoir des 'likes' mais parce que je sentais que c'était une initiative juive et sioniste de le faire", explique-t-il à la presse israélienne.
La démarche de Yair Fink intervient dans un contexte de recrudescence de la violence en Cisjordanie, occupée par Israël depuis la guerre des Six Jours de 1967. Le ministre israélien des Finances a notamment appelé la semaine dernière à "l'anéantissement" de Huwara, avant de se rétracter.
"Je pense que Huwara devrait être anéantie", a déclaré Bezalel Smotrich. "Je pense que c'est ce que devrait faire l'État d'Israël". Il s'est rétracté ensuite, précisant sur Twitter qu'il "ne voulait pas anéantir Huwara, mais seulement agir de manière ciblée contre les terroristes".
Yair Fink, lui, s'insurge contre ces discours haineux portés par des figures publiques et des membres de la coalition d'extrême droite dirigée par Benjamin Netanyahu. "Ces personnes n'appartiennent pas à une petite frange scandaleuse, ils font partie des dirigeants d'Israël", assure "Yaya" Fink auprès du Times of Israël. "C'est pour cela qu'en face de ces forces, nous avons besoin d'un mouvement civil qui répande la lumière et combatte ces gens".
Commentaires
Publier un nouveau commentaire