Coin de tendresse : MON CHIEN, CE PETIT HÉROS
PAR
THÉRÈSE ZRIHEN-DVIR
Le quotidien n’est pas toujours attrayant pour ne pas dire parfois lugubre, nous laissant avec un goût amer après chaque nouvelle. Ces petites créatures qui meublent nos vies, sont souvent de véritables sources de joie - joie qu’il faut savoir extraire du fond de nous-mêmes, et chez moi je la découvre chez Floppy, mon vieux chien.
Il y a plus d’une dizaine d’années, une de mes filles avait pris la sérieuse décision d’acquérir un chien… Nous en avions presque toujours eu chez nous des chiens de toutes sortes et de toutes tailles. Le dernier berger allemand que nous avions élevé nous avait été mystérieusement dérobé. J’en garde à ce jour, le souvenir cuisant.
Trop jeune et trop inexpérimentée, ma fille revint à la maison tenant une boule de fourrure brune entre ses deux mains. On pouvait avec peine distinguer qu’elle avait des yeux… à chacune de ses tentative de sauter de nos mains, elle chutait par terre dans un léger son de flop…Nous le nommâmes Floppy, il ne cessait de « flopper ».
Il n’était alors âgé que de quatre semaines. J’avais déjà à ce stade constaté qu’il avait un petit problème dans son bassin arrière et que ses petites pattes se croisaient en forme de X, s’entrechoquant à chaque fois qu’il tentait de se mettre debout. Je mentionnais cet inconvénient à ma fille qui fit appel au vendeur, lequel dû lui avouer qu’en fait, la petite bête souffrait d’une malformation congénitale et que l’unique moyen de la réparer serait une très coûteuse intervention chirurgicale. Il était évident qu’en lui rendant la petite bête, nous signons sa mort. Nous nous regardâmes, ma fille et moi, bien profondément dans les yeux, et sans un brin d’hésitation, nous lui arrachâmes la petite bête des mains. Inutile de préciser que ni ma fille, ni moi, n’étions prêtes à lui tourner le dos. La vie est un bien précieux et nous, les humains sommes les outils dont notre Seigneur se sert pour Ses projets ou pour nous évaluer à travers nos épreuves.
Floppy grandit chez nous. Il eut droit à une très belle niche, à des repas nourrissants, des vitamines et surtout beaucoup d’amour et d’attention. Pour parer aux frais qui risquaient de nous tomber dessus si le besoin devenait pressant de l’opérer, nous signâmes sur une police d’assurance.
Pendant plus de dix ans, cette petite bête devenue très grande, nourrissait une confiance aveugle en nous et nous suivait dans sa vie là où la nôtre nous menait. Floppy faisait partie de notre famille et les grands comme les petits lui manifestaient affection, amour, qu’il nous rendait à sa manière.
Son handicap bien que visible, ne l’empêchait pas de courir, ni d’aboyer de toutes ses forces quand un étranger s’aventurait auprès de la muraille encerclant notre demeure.
Mais Floppy, en dépit de tous nos efforts vieillissait et son handicap que nous avions traité avec beaucoup d’attention s’aggravait de jour en jour. Il y a quelques semaines, lors d’un grand orage, en le guidant vers l’abri à l’intérieur de la maison, nous avions constaté qu’il avait du mal à grimper les marches d’escalier. Une fois à l’intérieur, il s’affala sur son lit et ne le quitta plus. Je fis appel à ma fille qui téléphona au vétérinaire et le verdict qu’elle reçut n’était que trop évident. Floppy souffrait d’un problème dans son bassin inférieur et seul un neurologue pourra nous fournir un diagnostic plus précis. Ce que nous fîmes. Ce dernier nous recommanda une intervention chirurgicale de la colonne vertébrale puisque Floppy souffrait de plusieurs hernies discales. Vu son âge cela pouvait culminer en sa mort. Nous étions prévenues. Maintenir Floppy dans sa condition figée et lui infliger une vie qu’il ne voulait pas ou alors tenter sa chance en le faisant opérer, que faire ? Le coût ne nous importait pas, nous le voulions en vie et nous étions toutes prêtes à extraire tous nos deniers pour le soigner. Il faut dire aussi qu’en dépit du prix et de tous les traitements qu’il devra suivre après, le chirurgien ne nous promettait pas une guérison complète, mais au moins une vie plus supportable… ou alors éviter tout cela en ayant recours à l’euthanasie… « Il n’est guère jeune, onze ou douze ans pour un chien, c’est vieux », conclut-il.
Malgré les efforts, les sacrifices, les coûts et ceux à venir, nous n’étions pas prêtes à abandonner. Floppy entra à l’hôpital le mercredi 7 décembre et fut opéré le lendemain. Les yeux rouges de larmes, nous avions suivi toutes les étapes, murmurant des prières au Seigneur pour qu’Il ait pitié de cette petite bête - véritable puits d‘amour.
Floppy sortit de son intervention chirurgicale, complètement à plat avec la colonne vertébrale ouverte sur trois endroits. Il resta hospitalisé six jours au bout desquels il revint a la maison que nous dûmes préparer à l’avance pour le recevoir (Dans mon living).
Inutile de vous décrire notre souffrance à le voir aussi mal en point et incapable de se relever. Nous lui avions acheté une sorte de gaine que nous devions lui mettre afin de le faire sortir pour ses besoins. Floppy n’est pas un petit chien, et à chaque que je devais lui mettre cette gaine, je n’étais pas loin de défaillir. Au bout de trois jours après son hospitalisation, Il tenta de se lever, et miracle, il avait réussi à se tenir debout pendant quelques secondes seulement. Nous avions toutes les deux hurlé de joie.
Cela fait maintenant plus de deux mois que Floppy habite avec moi, et sa récupération tient du miracle. Hier, il galopait presque dans le jardin. Bien sur, il est encore sous traitement : acupuncture, piscine chauffée où il apprend à marcher, et physiothérapie.
Quelqu’un osa nous demander si cela valait la peine, j’ai failli le chasser de chez moi à coup de balai…
« Qu’y a-t-il de plus important, de plus précieux dans la vie, sinon l’AMOUR : Celui que nous sommes capables de donner et celui que nous pouvons recevoir ?
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