Débat télévisé en Egypte sur les relations sexuelles avant le mariage
Lors d’un débat sur les relations sexuelles avant le mariage, diffusé sur la chaîne égyptienne Al-Nahar le 5 février 2018, l’avocat Issam Agag a irrité les autres panélistes et l’animateur en demandant : « Comment une fille peut-elle cohabiter avec un homme ou vivre sa vie sans frontières de manière ‘responsable’ ? » A l’argument de l’animateur selon lequel « ce genre de discours est réactionnaire », Agag a répliqué que « tout ce qui n’a pas de frontières mène à la permissivité et à la promiscuité ». Pour sa part, l’activiste social Hadi Ahmad a rappelé qu’un homme « est autorisé à tout faire, et l’honneur de sa sœur est ce qui compte le plus pour lui, car sa masculinité en dépend ». Nada Abdallah, militante pour les droits des femmes, a évoqué « la transformation en objets des femmes et des filles », appelant à « cesser d’employer le discours de ‘l’autorité paternelle’ et affirmant que « les filles sont des êtres humains rationnels et capables, qui n’ont besoin de personne pour leur dire ce qu’elles doivent ou ne doivent pas faire ». Extraits :
Hadi Ahmad : En tant que frère, je n’ai pas de tutelle légale sur ma sœur ni l’autorité requise pour parler de sa liberté. Je n’ai pas l’autorité requise pour parler de ces choses. C’est une citoyenne, qui jouit d’une liberté totale dans tous les domaines. Si je devais intervenir dans sa vie, ce serait pour prodiguer des conseils, rien de plus. Je n’aimerais pas qu’elle me dise : « fais ceci », « ne fais pas cela », « tu dois faire ceci », ou qu’elle me frappe ou me retire mon téléphone. Nos filles quittent souvent la maison de leurs parents dans un état de choc émotionnel, à cause de leur mère et de leur père, et surtout à cause de leur frère. Leur frère, lui, vit comme bon lui semble et fait toutes les mauvaises choses qu’il veut, en croyant que son honneur et sa dignité ne dépendent que de sa sœur. Il est autorisé à faire n’importe quoi, mais [l’honneur] de sa sœur est ce qui compte le plus pour lui, car sa masculinité en dépend. C’est la quintessence d’une conduite superficielle et primitive. […]
Issam Agag : Comment une fille peut-elle vivre avec un homme, ou vivre sa vie sans limites, de manière « responsable » ? Nous sommes une société orientale. Soyons francs : savez-vous que les familles qui laissent leurs filles servir le thé aux invités sont considérées par certains comme libérales ? Dans la plupart des familles des zones rurales et de Haute Egypte, les filles sont cachées des regards des invités. Si elle entre… On n’entend même pas sa voix. On entend frapper un coup à la porte, et quelqu’un se lève et va chercher le thé et le café.
Animateur : Puis-je vous rappeler en quelle année nous sommes ?
Issam Agag : Peu importe…
Animateur : Comment pouvez-vous tenir de tels propos en 2018 ?
Issam Agag : J’obéis à la religion et à la moralité.
Animateur : Ne parlons pas de vivre avec un homme. Parlons de la liberté pour une femme de voyager, d’aimer, d’avoir une relation amoureuse avec un jeune homme.
Issam Agag : Laissez-moi vous dire quelque chose, pour que vous ne pensiez pas que je suis étroit d’esprit. Si nous soumettions cette question à…
Animateur : L’exemple que vous avez donné sur la fille qui sert le thé… Avec tout le respect que je vous dois, en 2018, ce genre de propos est réactionnaire.
Issam Agag : On dit que la liberté, c’est choisir le bon chemin, le droit chemin, et la bonne manière de se comporter, dans des limites, et que cela mènera au bonheur. Si je choisis un autre chemin, il ne mènera pas au bonheur. Tout ce qui n’a pas de limites mène à la permissivité et à la promiscuité. […]
Nada Abdallah : Ce que vous dites est considéré comme vouloir faire des femmes et des filles des objets, en ce sens qu’elles sont considérées comme la propriété de la société. Non. Les filles sont des êtres humains rationnels et capables, qui n’ont besoin de personne pour leur dire ce qu’elles doivent faire ou ne pas faire. Elles peuvent agir de manière responsable et faire ce qu’elles veulent dans leur vie. La notion de bien et de mal relève de l’éducation au sein de la famille. […]
Le second point, très important, est que nous devrions cesser d’employer le discours de « l’autorité paternelle » sur les filles, qui part du principe qu’elles ne sont rien d’autre que des objets à la maison, et que l’on peut leur dire quoi faire, car elles n’ont pas de conscience, de pensée et de cervelle. Non. Les filles sont des êtres humains à part entière…
Issam Agag : C’est ce que notre religion nous dit. [Selon un hadith :] « Vous êtes tous des tuteurs et êtes responsables de vos protégés »
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