Décès d’Adolfo Kaminsky, le « Faussaire de Paris », qui a sauvé des milliers de juifs de la déportation.
Le photographe Adolfo Kaminsky, homme aux mille vies qui fut le « roi des faux papiers » au service de la Résistance puis des mouvements anticoloniaux, est décédé à l’âge de 97 ans, le lundi 9 janvier.
Juif d’origine argentine et fils d’immigrés russes juifs, né à Buenos Aires avant de venir en France, il se rêvait artiste-peintre. Mais à 17 ans, il s’engage dans la Résistance à Paris, après être sorti du camp d’internement de Drancy. Il offre ses connaissances en chimie et en photogravure, utiles pour la décoloration des encres qui vont servir à fabriquer de faux papiers, dans un laboratoire clandestin, sauvant des milliers de vies. Le début d’une riche carrière de trois décennies, au péril de sa vie et au mépris de sa santé, sous couvert d’une activité de photographe tout ce qui il y a de plus banal dans ses ateliers du Quartier latin ou du quartier du Sentier.
Il a travaillé pour les services secrets français jusqu’à la capitulation de l’Allemagne nazie et a aidé les rescapés juifs des camps de la mort à émigrer en Palestine.
Il se fera ensuite faussaire politique en devenant l’expert en faux papiers de toutes les luttes anticoloniales et antifascistes: réseau FLN pendant la guerre d’Algérie, antifranquistes en Espagne, anti-Salazar au Portugal, lutte contre les colonels en Grèce, Printemps de Prague, luttes contre les dictatures en Amérique latine, ANC, Guinée, Angola, déserteurs américains pendant la guerre du Vietnam et même jusqu’à Daniel Cohn-Bendit en mai 1968… « Pendant trente ans de sa vie, mon père a fabriqué des faux papiers, jamais pour lui-même, toujours pour les autres, pour venir en aide aux persécutés et aux opprimés », explique Sarah.
En 1971, il avait mis fin à ses activités de faussaires. Son œuvre de photographe, à l’humanisme rappelant Doisneau, avait été exposée, notamment au Musée d’art et d’Histoire du Judaïsme en 2019. Sa vie a fait l’objet d’une pièce de théâtre. Le metteur en scène Jean-Claude Falet lui avait rendu hommage, en 2016, en adaptant le roman de la fille de cet héros de l’ombre.
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