ENQUÊTE SUR LES USINES À FAUSSES INFORMATIONS QUI FLEURISSENT SUR FACEBOOK
Des dizaines de pages Facebook, qui réunissent des centaines de milliers d’abonnés, reprennent sans scrupule de fausses informations pour générer des revenus publicitaires.
La blague du matin est une page Facebook en apparence anodine. Les quelque 370 000 internautes qui s’y sont abonnés ont, sans doute, été appâtés par des messages humoristiques et des citations plus ou moins inspirées, tels qu’on en voit fleurir un peu partout sur le réseau. Mais derrière les blagues et les vidéos sensationnalistes, on trouve également de nombreux renvois vers des articles de sites de divertissement plus ou moins fiables. Et parmi eux, bon nombre de fausses informations.
Par exemple, cet article tiré du site petitrepos.com, qui affirme qu’une infirmière aurait échangé « plus de 9 000 bébés dans plusieurs maternités françaises » pendant vingt-deux ans.
Le site qui a publié l’article savait d’où venait la prétendue information : on y trouve la mention « source : secretnews.fr ». Un site parodique qui assume de créer des canulars plus grossiers les uns que les autres pour attirer des lecteurs et générer des revenus publicitaires. Pas besoin de chercher bien loin, donc, pour s’apercevoir que l’histoire était complètement fausse.
Cet exemple est loin d’être un cas isolé. Selon notre enquête, des dizaines de sites et des centaines de pages Facebook font partie de cette chaîne de désinformation qui diffuse massivement des légendes urbaines et des fausses informations ou présente des canulars comme des faits avérés.
1 000 clics générés vers un article peuvent rapporter autour de 2 à 5 euros à l’administrateur de la page. Un exercice qui peut rapidement s’avérer lucratif quand un simple lien posté sur deux grosses pages Facebook comme Sais-tu que ? (10 millions de fans) et Source du savoir (4 millions) peut à lui seul générer un million de clics sur un article. Peu enclines à dévoiler les ressorts de leur business, les différentes pages citées dans cet article n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
Interrogé sur les pratiques de ces pages, un porte-parole de Facebook répond que l’entreprise a mis en place différents outils pour lutter contre ce phénomène. Il cite notamment le fait de « couper les revenus publicitaires, de lutter contre les faux comptes, d’utiliser des programmes d’intelligence artificielle pour lutter contre le nombre de spams et de réduire la place des messages renvoyant vers des liens de mauvaise qualité sur le fil d’actualité des utilisateurs. »
Source : Le Monde
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