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Enrico Macias et tous ses amis

 

Enrico Macias et tous ses amis

 

 

 

Enrico Macias fête ses cinquante ans de carrière avec son album de duos Venez tous mes amis. Ses amis s’appellent : Carla Bruni, Cali, Dany Brillant, Corneille, Khaled, Gérard Darmon,DaniNatacha St-PierSerge Lama, Valérie Lemercier et Liane Foly. Interview donnée pour l'émission de RFI, La Bande Passante.

 

RFI Musique : "Chansons tristes ou chansons gaies, moi je chante ce qu’il me plait / c’est la musique qui m’affole, musique orientale ou espagnole". C’est toujours comme ça aujourd’hui ?
Enrico Macias : Toujours. Ça n’a jamais changé. Depuis que je suis adolescent, je fais de la musique. J’ai toujours aimé la musique. Je n’ai jamais pu concevoir ma vie quotidienne sans musique, jamais. Parfois je me dis que cela va peut-être s’arrêter un jour, je ne sais pas … Quand je me réveille le matin, automatiquement je pense à la guitare, à la musique. Je prends ma guitare et j’écris des chansons.
 
L’Oriental, c’est une chanson dont la version originale date de 1962. La version 2012 de cette chanson est interprétée avec Khaled. Est-ce que comme vous, l'interprète d'Aïcha ressent le besoin de retourner chanter en Algérie ?
Lui, il y va tout le temps. Il y retourne quand il veut. Moi malheureusement, ce n’est pas mon cas. Je ne peux pas y retourner comme je veux.
 
Vous en êtes toujours attristé ?
J’en suis malheureux et affecté. Finalement, mon retour en Algérie coïncidera certainement avec la réconciliation de tous les enfants d’Algérie, y compris les pieds-noirs et les rapatriés, mais aussi les harkis. Je veux réunir tout le peuple, le peuple algérien dans son ensemble qui, lui, désire mon retour ardemment. Il n’y a pas que moi qui suis frustré, il y a tout le public.  
 
Autre ami : Cali, le chanteur qui sort un nouvel album intitulé Vernet-les-Bains. C’est le village qui l’a vu grandir, un peu votre Constantine quelque part. Adieu mon pays est la chanson en duo avec Cali. Vous n’avez pas écouté la version originale avant d’enregistrer cette version duo 
Absolument pas.
 

Deux générations différentes entre vous et Corneille. Est-ce que ce monde du show bizness, depuis que vous avez fait votre entrée, a beaucoup changé ? Vous ne vouliez pas le faire ?
Non, je voulais m’imprégner du nouvel arrangement. Et puis surtout de la présence de Cali avec moi qui m’a vraiment agréablement surpris. Je ne pensais pas qu’un jeune de sa génération pouvait chanter Adieu mon pays, avec moi. Et si bien, avec émotion, avec originalité aussi, et surtout avec sa propre personnalité.
 
Autre "ami", Dany Brillant. Un duo éclatant avec ce Juif tunisien pour Les filles de mon pays. Vous vous êtes bien amusés tous les deux, cela se sent dans le morceau…  
Oui, nous nous sommes amusés parce que je m’entends bien avec lui. Moi je le tutoie comme si c’était mon fils. Et lui me vouvoie tout le temps ! Je lui dis "Mais arrête de me vouvoyer". Il me dit "Non je ne peux pas faire autrement. Vous êtes mon maître. Vous êtes ceci, vous êtes cela". Ça m’a beaucoup touché. Mais par contre, il s’est déridé. Quand on était dans le studio, il m’a étonné. Il me semblait qu’on était sur scène ou qu’on était vraiment en train de boire un coup ensemble, dans un bar.
 
Sur ce nouvel album Venez tous mes amis, on retrouve Corneille. Ce chanteur d’origine rwandaise qui a une enfance difficile...
C’est vrai. Je l’ai vu une fois quand il a raconté à la télévision son histoire, et j’ai été très touché. J’ai absolument voulu Corneille dans cet album avec moi et surtout pour Oranges amères. Je trouve que nos deux voix se marient à merveille.
 

Oui, ça a changé. Ça a changé peut-être à cause du trop grand nombre de chaînes de télévision. Et puis aujourd'hui, il n’y a pas assez d’émissions de variété.
 
Et aujourd'hui, quand on débute dans la chanson, c’est différent d'après vous ?
Il y a des changements dans les époques mais en fait, on revient tout le temps aux classiques. Et les classiques resteront tout le temps des classiques. Il y aura tout le temps des chanteurs qui deviendront des classiques.
 
Qu’est-ce qu'un chanteur classique pour vous ?
C’est un chanteur qui dure longtemps et qui impose son répertoire un petit peu comme quelque chose de récurrent.
 
Quelle est votre définition du chanteur populaire ? 
Je suis fier d’être un chanteur populaire, mais attention, je fais une grande différence entre le populaire et le populisme. C’est tout à fait différent. Etre un chanteur populaire, c’est par exemple quand on m’appelle Enrico, au lieu de Monsieur. Si on m’appelle Gaston, ça me fait plaisir aussi parce que c’est mon vrai prénom.
 
Vous avez beaucoup de rêves aujourd’hui ?
Oui, j’ai toujours des rêves. Le premier rêve, c’est de retourner en Algérie, pas personnellement mais pour ce que je représente, pour essayer de redevenir un symbole. J’ai été le symbole de l’exil et je voudrais être le symbole de la réconciliation de tous les Français d’Algérie, pieds-noirs, harkis compris. Le deuxième rêve, je n’ai jamais voulu faire de politique mais s’il fallait faire de la politique, je voudrais fonder un parti politique de toutes les minorités confondues qui s’associeraient à mon parti, devenir le leader de ce parti pour essayer d’exprimer nos revendications, d’exprimer nos joies, nos peines, et d’être compris par tout le monde. Vivre en meilleure intelligence avec les autres membres de la société française.
                        
Une question en rapport avec l’intitulé de ce nouveau disque : a-t-on vraiment des amis dans ce métier ?
Bien sûr qu’on a des amis mais il y a un proverbe en arabe qui dit : "Les gens de ton métier (quelque soit le métier d’ailleurs) sont en principe des ennemis". Mais moi, je n’y crois pas du tout à cela. Je crois que l’amitié, c’est quelque chose qui existe, que ce soit dans notre métier ou en dehors.
 
Comment avez-vous rencontré ce jeune chanteur, Mickaël Miro ?
C’est mon fils, Jean-Claude Ghrenassia (ndlr : musicien et producteur) qui me l’a présenté, je ne le connaissais pas. J’ai été ravi de le rencontrer. On a tout de suite eu des atomes crochus. Quand il est venu au studio, quand j’ai vu ce petit bonhomme vouloir chanter Le Mendiant de l’amour, je me suis dit "Qu’est-ce que ça va donner ?". Dès qu’il s’est mis au micro, j’ai aimé. D’ailleurs, quand on écoute le début de la chanson, je trouve magnifique la manière dont il chante.
 

 

Aujourd'hui, vous comptabilisez 50 ans de carrière et 50 millions d’albums vendus …
Oui, mais ça, les chiffres c’est une chose. Ce qui compte le plus pour moi, c’est toujours l’amour du public. Quand je passe sur scène, je sens un amour incroyable. Ce n’est pas un amour de la part du public vis-à-vis d’une idole ou d’une icône. C’est vraiment un amour affectueux, tendre, entre le public et moi.
 
2013 sera entre autre l’année d’un concert à Montréal au Québec…
Oui, c’est prévu début juin. Et ensuite, je vais enchaîner sur les Etats-Unis, Miami, New York, Los Angeles.
 
On vous connaît là-bas ?
Oui, depuis 1968, je vais régulièrement aux Etats-Unis.
 
Ça crée des liens effectivement, depuis 68. Ce sont des francophiles, des francophones ?
Au début, c’était uniquement ça. Maintenant, ce sont tous les gens du Moyen-Orient, tous les Européens qui habitent là-bas. Et beaucoup, beaucoup d’Américains.
 
Enrico Macias Venez tous mes amis (AZ Universal) 2013
En concert le 22 janvier 2013 à l'Olympia à Paris
Site officiel d'Enrico Macias 
 
L'ensemble de l'interview, accompagnée de sessions live, est à écouter sur RFI

 

Par Alain Pilot

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