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A Essaouira, Juifs et Musulmans se retrouvent par milliers pour le seul bonheur d’être ensemble

A Essaouira, Juifs et Musulmans se retrouvent par milliers pour le seul bonheur d’être ensemble

Cette année,  le Festival des Andalousies Atlantiques enivrait à nouveau la ville, le Maroc et des milliers de mélomanes venus du monde entier.

Cyril Amar, rédacteur en chef du magazine MAG'HREB sur i24NEWS, y a rencontré André Azoulay, Conseiller du Roi Mohammed VI. L’occasion pour le fondateur de ce rendez-vous d’évoquer l’exception marocaine lorsqu’il s’agit des relations entre Judaïsme et Islam. Une exception qu’Essaouira a choisie d’incarner au service du dialogue judéo-musulman : un dialogue serein, responsable et engagé pour la Paix.

 

 

C’est face à la mer, adossé aux remparts d’Essaouira, qu’André Azoulay choisit de parler de sa ville et de son festival. Ici, le Conseiller du Roi du Maroc retrouve ses jeunes années et tout ce que la Cité des Alizés recèle d’enseignements pour qui veut bien s’en imprégner : fenêtre vers l’ailleurs, ouverture à l’autre… André Azoulay, Souiri “radical et militant”, en est l’inlassable porte-parole.

Après une parenthèse forcée de deux ans liée à la pandémie, l’emblématique Festival des Andalousies Atlantiques est revenu cette année pour sa 18e édition. Président-Fondateur de l’association Essaouira Mogador, André Azoulay en parle avec passion et ferveur : “C’est un festival indicible, qui n’arrête pas de surprendre et qui, aux yeux de certains, réunit tous les paradoxes : un festival qui n’a pas toujours été compris. Nous étions souvent considérés comme des rêveurs un peu naïfs, exprimant une réalité à laquelle beaucoup avaient tourné le dos.”

André Azoulay le répète à satiété, ce rendez-vous est le seul au monde à réunir des milliers de Musulmans et de Juifs qui ont fait le choix de se retrouver à Essaouira,  pour le simple « bonheur d’être ensemble ».

Plus qu’un slogan, un sacerdoce pour les adeptes de ce festival engagé, à contre-courant d’une culture de l’indifférence, de la fracture ou du déni. Et cette année, ils étaient plus de 10 000 venus écouter les chants et les musiques du melhoun ou du matrouz judéo-arabe.

“Nous avons explosé les chiffres. Jamais, moi qui rêve beaucoup pour mon pays, ma ville et mes Andalousies, je n’avais osé imaginer qu’ils seraient là par milliers venus d’Israël, de France, du Canada, des États-Unis, d’Amérique latine, d’Afrique et du monde Arabe… Coude à coude pour chanter et danser ensemble.

Ce slogan, “le bonheur d’être ensemble”, j’y ai pensé il y a des mois de cela, mais si j’avais pu anticiper un tel rush, j’aurais été encore plus laudatif. Je ne manque jamais de superlatifs pour parler de ce dialogue entre Islam et Judaïsme, revisité façon souirie, respectueux des sensibilités de tous et qui m’est si cher et si précieux.”

Un dialogue qui mobilise. Sur les réseaux sociaux, nous explique André Azoulay, les vidéos des concerts et des forums du festival se chiffrent année après année en millions de vues. “Les Andalousies Atlantiques expriment nos rêves les plus profonds et sont aussi le reflet de nos angoisses face aux forteresses qui restent à conquérir. À Essaouira et pendant les Andalousies Atlantiques la pensée se déploie sans tabou et fait écho à l’universalité de cette liberté qui est le seul et véritable langage de la musique et de la culture.” 

Et c’est la grande affaire de sa vie : le combat pour la paix. Déjà, en 1974, à Paris, André Azoulay et ses amis fondaient “Identité et dialogue”, le premier groupe d’intellectuels juifs sépharades mobilisés pour la Paix entre Israéliens et Palestiniens. Depuis les années 90, il est directement impliqué dans tous les processus de paix en cours au Moyen-Orient. Une paix qui semblait alors possible entre les deux peuples.

 “Aujourd’hui, tous continents confondus, à l’Est comme à l’Ouest, nous sommes dans un temps et dans un espace qui sont malheureusement ceux de la régression, ceux de toutes ces vieilles peurs que l’on croyait disparues, ceux de l’émergence de toutes les radicalités et de tous les extrémismes.” souligne André Azoulay pour qui ”le Maroc ne joue pas dans cette division car il a su faire de la légitimité historique et de la richesse de toutes ses diversités le noyau dur de son ADN.

”Ce choix singulier, pionnier et courageux, Sa Majesté le Roi Mohammed VI en est l’incarnation au plus haut niveau avec un volontarisme irréfragable et un déterminisme visionnaire qui n’a jamais fléchi”, ajoute André Azoulay, rappelant que ”quand les autres n’ont pas su résister aux tragiques illusions des théories du choc des cultures et des civilisations, le Maroc, lui, a su privilégier une modernité sociale nourrie par l’altérité, maintenant inscrite dans le préambule de notre Constitution votée en juillet 2011. Cette constitution donne toute sa profondeur au consensus national, reflet du leadership spirituel et temporel du Maroc désormais reconnu et respecté par le plus grand nombre.”

Au fil de ce parcours, il reste une pierre centrale à apporter à l’édifice : celle d’une culture de la Paix à reconstruire entre Israéliens et Palestiniens. André Azoulay se souvient avec nostalgie des années 90 et des espoirs nés du succès historique de la Conférence de Casablanca en 1994 où, comme beaucoup d’autres, le Conseiller du Roi a crû alors que l’ouvrage était terminé.

Et pourtant, conclut André Azoulay qui ne veut pas abandonner, l’équation est claire et sa solution évidente : ”Ceux, nombreux, auxquels je m’identifie et qui sont soucieux de la sécurité et d’un futur paisible pour les enfants d’Israël et de Palestine, savent qu’il n’y a pas de scénario alternatif ou de plan B à la coexistence de deux Etats, dont les citoyens accepteraient de conjuguer de la même façon, les uns pour les autres, les mots de sécurité, de justice et de dignité.

 

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