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Gaza : journée de vérité

Gaza : journée de vérité (011910/18) [Analyse]

Par Ilan Tsadik © Metula News Agency

 

Le vendredi, à Gaza, c’est le jour des émeutes et des actes de guerre contre le territoire israélien, ses soldats et ses habitants. Ce que la presse dévoyée de certains pays européens nomme, reprenant littéralement la propagande islamique de la Bande côtière, la "Marche du retour".

 

Cela fait désormais trente semaines que les miliciens armés, protégés par des milliers de boucliers humains, tentent en vain de tuer un soldat de Tsahal ou de réaliser un attentat sanglant de notre côté de la barrière de sécurité.

 

La semaine dernière, une unité de l’Armée israélienne s’est trouvée face à face avec un groupe de miliciens armés qui venait de franchir le grillage. Les soldats ont réagi immédiatement, abattant les sept assaillants.

 

Le comité d’organisation de ces émeutes a à nouveau appelé cette semaine les civils de l’enclave palestinienne à venir se faire tuer en attaquant la barrière, comme le confirme le film de propagande annexé [Voir la vidéo].

 

Mercredi, l’imposante délégation égyptienne venue à Gaza afin de négocier l’ "accord Singapour" est rentrée chez elle. Un membre de la médiation cairote a confié, dépité, à Sami el Soudi au téléphone : "Rien à faire avec ces cinglés ; ce sont des scorpions qui se piquent parmi et se piquent eux-mêmes".

 

C’était après que deux grosses roquettes contenant chacune 20kg d’explosifs avaient été tirées de la Bande vers Beersheva et une ville de Goush Dan, la grande banlieue de Tel-Aviv et ses 4.5 millions d’habitants. L’une a détruit une maison au cœur de la capitale du Néguev, l’autre est tombée dans la Méditerranée.

 

Quelques heures après ces tirs, la rédaction de Métula annonçait, en dépit de nos problèmes de sécurité Internet désormais résolus, deux informations significatives : 1. Ces roquettes provenaient des entrepôts du Hamas qui est le seul à en posséder de ce type à Gaza. 2. Ce n’est ni le Hamas tronc traditionnel qui les a lancées ni le Djihad palestinien, mais l’une des quatorze autres organisations islamiques armées.

 

Le tronc traditionnel a même dénoncé ces attaques dans un communiqué, les qualifiant d’ "irresponsables".

 

Mais comme l’a expliqué en exclusivité mondiale mon excellent camarade Sami el Soudi il y a quelques semaines, le Hamas tel que nous l’avons connu ces dernières années n’existe plus. Incapable de payer ses miliciens, il a éclaté en une dizaine de sous-groupes et ne contrôle quasiment plus rien, pas même ses dépôts d’armes. Pour ne rien arranger à ses affaires, ses leaders ne s’entendent sur rien, particulièrement pas sur le projet Singapour.

 

Même formellement, c’est désormais un "comité" dans lequel siègent les autres factions de l’ex-Hamas, les Djihadistes, les Salafistes, le Comité de résistance populaire, les pro-Iraniens, etc. qui prend les décisions dans la Bande. Un comité dans lequel tout le monde s’embrasse au début des réunions et se plante le couteau dans le dos à la sortie.

 

C’est l’une de ces factions ex-Hamas qui a tiré les roquettes. Pour torpiller la mission égyptienne et précipiter Gaza dans une nouvelle guerre avec Israël. Ce courant fait partie de ceux qui voudraient tout sacrifier pour la gloire d’Allah ; selon Sami, ils constituent environ trente pour cent des forces constituées dans l’enclave, mais ils ont la capacité de faire tout sauter et de torpiller les efforts de pacification. Ce, notamment en modulant la hauteur des flammes lors des émeutes du vendredi et en lançant des projectiles sur l’Etat hébreu lorsque la situation tend à se calmer.

 

Hier (jeudi) le nombre des cerfs-volants et des ballons incendiaires était en baisse, mais ce matin on a découvert deux engins de pyromanie sur le territoire du Conseil régional d’Eshkol. Ils n’ont blessé personne et n’ont pas déclenché de feu.

 

Après le tir des deux roquettes, le Khe’l Avir, l’Armée de l’air, a détruit une vingtaine d’objectifs des organisations islamiques, dont un tunnel aboutissant en Israël et son puits vertical d’accès, dans la région de Khan Younès, dans le tiers sud de la bande côtière. C’était un avertissement à moindre frais, puisque les miliciens avaient eu le temps de délaisser ces positions et de se mélanger à la population.

 

En Israël, une partie des ministres, dont celui de la Défense, Avigdor Liebermann, de même que la moitié des généraux de l’Armée, jugent que la situation dans le Sud est devenue intolérable, et qu’il n’est plus possible de laisser une poignée de Djihadistes suicidaires décider de la sécurité quotidienne de tout un pays.

 

A cette détermination s’ajoute celle des paisibles habitants du pourtour de Gaza, qui en ont assez de voir leurs champs brûler à cause des incendies provoqués par les cerfs-volants enflammés. L’ensemble des citoyens israéliens partage leur extrême ras-le-bol, mais l’exécutif et l’état-major ont décidé qu’on ne déclencherait pas une guerre à cause de ces pyromanes, de ce fait, notre colère est régulièrement minorée dans les media. Seules les élections générales anticipées dont on parle pour le début 2019 pourraient refocaliser l’attention des futurs candidats sur les souffrances des habitants du sud d’Israël.

 

Déjà lors du conseil des ministres exceptionnel de mercredi, la menace d’une opération de grande envergure a été adressée aux milices islamiques de Gaza. Et depuis deux jours, des dizaines de chars et de canons autotractés ont fait leur apparition dans le pourtour de la Bande. Je ne me souviens pas d’en avoir vu autant depuis des années.

 

Au cas où des agressions armées du genre de la semaine dernière ou de nouveaux tirs de roquettes se produiraient cette après-midi, je pense que Tsahal a d’ores et déjà décidé de frapper fort en représailles, et que l’on assisterait à un gros embrasement ce weekend.   

 

Des voix officieuses se font entendre depuis hier en provenance des dirigeants des milices, particulièrement du Hamas tronc traditionnel, afin de nous assurer qu’ils allaient "raisonner" les émeutiers et "réduire les violences" relativement aux semaines passées.

 

Cela n’est pas vraiment rassurant, car la moitié de ces dirigeants souffle au contraire sur les braises comme on le voit dans la vidéo, et surtout, qu’aucune faction n’a les moyens de prendre le contrôle sur les autres. Ainsi, c’est un peu à la roulette que se jouera la détérioration ou non de la situation au Sud.

 

Il y a quelques instants, à 11h10 locales, les organisateurs des "rassemblements" ont demandé aux participants que "celui de ce vendredi soit non-violent" et de "ne pas s’approcher de la barrière". On ne va pas tarder à voir s’ils ont été entendus.

 

En prévision de toute éventualité, la rédaction a mobilisé deux reporters-journalistes dans le pourtour de Gaza. Deux autres sont prêts à descendre immédiatement de Métula nous rejoindre.   

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