Il était une fois… Jacques Bensimon
La nouvelle fut une onde de choc. L’ancien commissaire et président de l’Office national du film de 2001 à 2006, Jacques Bensimon, vient de disparaître à l’âge de 69 ans, des suites d’un cancer. Son règne nous laisse le souvenir d’un homme intègre qui s’est battu dans des circonstances difficiles. L’ONF, quand il en prit les rênes en 2002, avait perdu du terrain après une lourde série de compressions budgétaires (ce ne furent pas les dernières). Il avait alors misé sur la relève et cherchait à moderniser l’institution. Il en parlait au départ avec passion, refusait de s’apitoyer sur le passé, mais visait l’avenir, rêvant de remettre la fiction expérimentale à l’ordre du jour à l’ONF. « Son mandat ne fut pas une tâche facile, précise Tom Perlmutter, actuel président de l’ONF, mais ses efforts ont mis en place une solide base pour l’avènement d’un nouvel ONF, qui a ouvert ses portes à une nouvelle génération de talents et d’innovations. » Tom Perlmutter le considérait comme un mentor et un ami, intense et dévoué. « Son décès est une grande perte pour l’industrie et tous les cinéastes. »
Le service et son inhumation ont eu lieu hier à 14 h à Mont-Royal, en accord avec les rituels de sa communauté juive marocaine.
Né à Agadir, au Maroc, Jacques Bensimon avait été élevé à Montréal et étudia en cinéma à New York. L’ONF fut son berceau dès 1967, année de l’Expo. Il travailla alors au sein de l’institution en pleine effervescence comme scénariste, rédacteur en chef, réalisateur et producteur, un temps responsable d’une unité de production de l’ONF en Afrique pour les Nations Unies. Ses voyages en Afrique furent nombreux, et il réalisa des documentaires pour la série Carnets du Maroc. À l’ONF, il fut aussi directeur du comité de programmation du Programme français et directeur de la distribution internationale, entre 1981 et 1986. Dans son court-métrage d’étudiant Il était une fois… Agadir, il témoignait du terrible tremblement de terre de 1960, qui jeta à terre Agadir, et lui fit perdre famille et amis.
On l’a retrouvé pionnier de la chaîne TFO. C’est sous sa gouverne, de 1986 à 2000, que TFO a connu son plein développement comme chaîne éducative au sein de TVOntario. TFO avait d’ailleurs reçu en 1994 le Prix du 3-juillet-1608 du gouvernement du Québec pour sa contribution exceptionnelle aux communautés de langue française en Amérique du Nord. De 2000 à 2001, il avait été vice-président exécutif de la Fondation de la télévision de Banff. En 2006 et 2007, Bensimon fut aussi président de la Cinémathèque québécoise. Il aura été un passionné de cinéma dont la contribution culturelle fut reconnue. Jacques Bensimon avait reçu l’Ordre du Canada en 1988. Il a été nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le gouvernement français et il reçut un doctorat honorifique de l’Université York à Toronto.
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