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Il faut prendre au sérieux les menaces de Vladimir Poutine

Il faut prendre au sérieux les menaces de Vladimir Poutine
Lettre au rédacteur en chef

par Daniel Pipes

    La doctrine soviétique et l'histoire russe sont propres à susciter de vives inquiétudes.

Dans un récent article, "Putin Really May Break the Nuclear Taboo" (« Poutine peut véritablement briser le tabou nucléaire », WSJ, 28 avril), Peggy Noonan soutient de manière convaincante que nous devons prendre au sérieux les menaces de Vladimir Poutine. Les déclarations américaines sur l'impossibilité de faire usage des armes nucléaires (« Ça n'arrivera pas ! Ça ne s'est jamais produit ! ») sont erronées.

Madame Noonan arrive à cette conclusion après examen de la piètre performance militaire de la Russie en Ukraine et du caractère nihiliste de M. Poutine. Je me permets d'avancer un troisième facteur historique. M. Poutine est un Soviétique : il a vécu ses 39 premières années en Union soviétique, a atteint le grade de lieutenant-colonel dans les services de renseignement étrangers du KGB et a publiquement déploré la disparition de l'URSS. Il a été façonné par les doctrines soviétiques dont il continue de s'inspirer.

L'une de ces doctrines concerne le recours à l'arme nucléaire. Il y a presque exactement 45 ans, mon père, Richard Pipes, a fait connaître cette doctrine dans un article paru dans la revue Commentary, "Why the Soviet Union Thinks It Could Fight & Win a Nuclear War" (« Pourquoi l'Union soviétique pense qu'elle pourrait conduire et gagner une guerre nucléaire »).

« La doctrine stratégique adoptée par l'URSS au cours des deux dernières décennies nécessite une politique diamétralement opposée à celle adoptée aux Etats-Unis », écrivait-il. « La notion de guerre nucléaire prolongée est profondément ancrée dans la pensée soviétique, bien qu'elle soit rejetée par les stratèges occidentaux qui considèrent la guerre comme un échange entre deux camps... Alors que nous considérons l'arme nucléaire comme un moyen de dissuasion, les Russes la voient comme un moyen de contrainte. » Il concluait ainsi : « Il y a quelque chose d'intrinsèquement déstabilisant dans le fait même que nous considérons la guerre nucléaire comme irréalisable et suicidaire pour les deux camps, alors que notre principal adversaire la considère comme faisable et gagnable pour lui-même. »

Près d'un demi-siècle plus tard, cet article mérite d'être relu par les décideurs américains.

Daniel Pipes

Président du Middle East Forum

Philadelphie

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