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Israël a crié victoire trop vite face au coronavirus.

Israël a crié victoire trop vite face au coronavirus.

«Ce qui se passe ici est une leçon pour le monde entier.» Pour l’épidémiologiste et ancien conseiller du gouvernement sur le coronavirus Nadav Davidovitch, Israël envoie un signal d’avertissement à l’intention de «ceux qui baissent la garde». Car en dépit d’une couverture vaccinale précoce et massive avec plus de 90% des personnes à risque dont les seniors entièrement immunisés, voilà l’Etat hébreu à nouveau submergé. Plus de 6000 contagions quotidiennes, un taux de tests positifs à 4,62% et surtout, près de 500 hospitalisés dans un état grave ce qui ne s’était pas vu depuis le mois de mars. Si rien n’est fait, leur nombre doublera tous les dix jours et le 10 septembre, près de 5000 Israéliens seront hospitalisés dont la moitié avec des complications sévères.

Nadav Davidovitch estime qu’Israël a crié victoire trop vite face au coronavirus. «Tout le monde s’est endormi quand on a annoncé que l’immunité de masse était quasi atteinte. En réalité, l’efficacité du vaccin était en train de diminuer et le variant Delta est bien plus contagieux que les précédents. Aujourd’hui, on est dans l’urgence», critique-t-il. L’Etat doit ainsi rapidement remettre sur pied son système de traçage des cas et sa campagne de vaccination à l’intention de la minorité arabe, qui représente 20% de la population, mais 36% des personnes non vaccinées. Malgré ses performances, Israël doit encore convaincre un million de citoyens réticents.
 
«Accepter les décès»

Doper les hôpitaux, voilà le remède du premier ministre Bennett qui mercredi, a annoncé une enveloppe de 2,5 milliards (712 millions de francs suisses) pour engager du personnel supplémentaire. «Où trouvera-t-on ces gens qualifiés?», s’interroge Nadav Davidovitch qui pointe un système en sous-effectif. L’idée de garder chez eux la moitié des patients qui auraient besoin d’être hospitalisés et seront soignés à la place par un proche et une équipe médicale externe ne semble pas exprimer autre chose.

Le malaise est d’autant plus palpable après l’intervention télévisée de la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked mardi soir. Selon elle, Israël a décidé «d’accepter les cas graves et d’accepter aussi les décès parce que c’est une pandémie et lors d’une pandémie, les gens meurent.»
Ces propos secouent un pays qui sort l’artillerie lourde en urgence. Troisième dose de vaccin pour le personnel soignant et les plus de 50 ans, réinstauration du passeport vert, mise en place de centaines de stations de test rapide et même, obligation pour les bambins dès 3 ans de faire un test PCR pour entrer dans certains lieux.

Désormais, tous les yeux sont rivés sur le 1er septembre, jour de la rentrée scolaire en Israël. Beaucoup craignent un confinement d’ici là. Appelée à la rescousse, l’armée secondera le Ministère de la santé qui a prévu de tester régulièrement les écoliers. Un contexte très tendu dans lequel la justice israélienne a marqué un tournant: un tribunal de Tel Aviv a estimé justifié qu’un employeur force son personnel à être vacciné ou à subir un test régulier pour venir travailler. Un précédent qui aura un impact majeur dans la bataille contre le coronavirus, qu’Israël voit avec désespoir se prolonger malgré tous ses efforts initiaux.

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