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ISRAEL - LA RETENUE DE SOLDATS ISRAÉLIENS AU COEUR DE LA GUERRE DES IMAGES

ISRAEL - LA RETENUE DE SOLDATS ISRAÉLIENS AU COEUR DE LA GUERRE DES IMAGES

 

Pour une fois dans le conflit israélo-palestinien, ce sont des images de soldats faisant preuve de retenue qui font parler d'elles, et non pas celles d'un usage excessif de la force souvent reproché à l'armée israélienne.

La vidéo filmée vendredi en Cisjordanie occupée, apparemment avec un portable, montre deux jeunes Palestiniennes s'approcher de deux soldats appuyés à un muret, les bousculer, puis leur donner des coups de pied et de poing et des gifles.

Les soldats, armés et casqués, demeurent impassibles face à ce qui semble relever davantage de la provocation que de la volonté de faire mal. Puis ils s'éloignent à reculons.

Les faits semblent s'être déroulés devant la maison d'une des jeunes filles à Nabi Saleh, en territoire palestinien occupé par l'armée israélienne depuis 50 ans. Ils ont pour toile de fond les manifestations et les heurts quasi quotidiens provoqués par la décision de Washington le 6 décembre de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël.

Les affrontements ont fait des dizaines de blessés et huit morts palestiniens, dont un homme en fauteuil roulant atteint d'une balle dans la tête alors qu'il manifestait dans la bande de Gaza.

Comme à travers tous les Territoires, les Palestiniens ont lancé des pierres sur les soldats vendredi à Nabi Saleh, localité connue comme un haut lieu de la contestation contre l'occupation israélienne. Des soldats s'étaient postés devant une maison quand les deux jeunes filles en sont sorties pour les «provoquer», a indiqué l'armée.

Cette dernière a arrêté dans la nuit la plus agressive des deux, Ahed Tamimi, 16 ans. Sa mère a également été arrêtée. Les Israéliens ont saisi des portables, des ordinateurs et d'autres équipements électroniques, a dit le père, Bassem Tamimi, sur les réseaux sociaux.

«Professionnalisme»

La vidéo de vendredi ainsi que celle de l'arrestation d'Ahed Tamimi, publiée par l'armée israélienne, ont fait le tour des réseaux sociaux et des médias.

Du côté palestinien, les images de l'arrestation d'un enfant sont allées abonder l'iconographie illustrant les abus de l'armée d'occupation.

Les Israéliens, tellement habitués aux controverses sur le comportement de leur armée, se sont eux aussi emparés de cette vidéo projetant selon eux une image de mesure.

À priori favorable à leurs soldats, ce dernier épisode de la guerre des images a néanmoins laissé des Israéliens amers, énervés ou partagés.

Des internautes se sont demandés si les jeunes filles n'auraient pas dû être arrêtées sur le champ ou simplement giflées, et si les soldats étaient à ce point préoccupés de valeur éthique ou d'image qu'ils acceptaient sans réagir ce qui ressemblait à une humiliation.

«Les soldats ont agi avec professionnalisme», a indiqué pour sa part une porte-parole de l'armée. Nombre de responsables politiques ont salué leur sang-froid. Le ministre de la Défense Avigdor Lieberman y a vu le signe que l'armée israélienne «est la plus humaine qui existe».

Touchant à l'attitude des soldats en milieu hostile, l'incident a aussitôt suscité des parallèles avec une autre affaire qui a profondément divisé l'opinion: celle du soldat Elor Azaria qui, en 2016, avait été filmé achevant d'une balle dans la tête un assaillant palestinien blessé.

Militants ou agitateurs?

Le député nationaliste religieux Bezalel Smotrich s'est inquiété de l'impression produite par la vidéo. «De telles images, diffusées à travers le monde, sapent la force de dissuasion israélienne, non seulement vis-à-vis des Arabes de Judée-Samarie (la Cisjordanie) mais aussi à Gaza, en Iran et auprès de tous nos ennemis», a-t-il dit.

Les Tamimi se veulent à la pointe de la contestation à Nabi Saleh. Le père dit avoir été arrêté à maintes reprises. Ahed Tamimi, célèbre malgré ses 16 ans, s'est distinguée en brandissant le poing sous le nez de soldats israéliens sur des photos qui lui ont valu d'être reçue en 2012 par Recep Tayyip Erdogan, alors premier ministre turc.

Elle était encore en 2015 sur des photos également remarquées, parmi des femmes qui tentaient de faire lâcher prise un soldat plaquant contre un rocher un enfant au bras dans le plâtre, son petit frère.

Pour beaucoup d'Israéliens, les Tamimi sont des «agitateurs» prêts à tous les traquenards médiatiques.

Ahed Tamimi et sa mère sont en détention jusqu'à jeudi pour le moment, a dit la police israélienne.

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