ITINÉRAIRE DE JEAN-PIERRE LLEDO EN "ISRAËL, LE VOYAGE INTERDIT"
Aujourd'hui sort en salles le premier volet du film documentaire de Jean-Pierre Lledo "Israël, le voyage interdit", intitulé "Kippour". (Les trois autres volets s’intitulent respectivement « Hanouka », « Pourim » et « Pessah »).
Accompagné de sa fille, le réalisateur y relate son itinéraire personnel, de l’Algérie à la découverte d’Israël, un pays qu’il avait toujours refusé de visiter, empli de préjugés.
Lundi, j’ai eu l'opportunité d'assister à l’avant-première de ce 1er volet et j'en suis ressortie profondément émue.
Oscillant entre rires et larmes, mémoires et présent, questionnements personnels et discours pédagogue, Jean-Pierre Lledo nous fait voyager. Le spectateur l'accompagne à travers tous le pays et explore, au rythme de la vie israélienne, des fêtes et des rencontres, l'exil des Juifs originaires d'Algérie, les fondements de l'Etat d'Israël et les complexités de l'identité juive.
Jean Pierre Lledo est algérien. Il est né en 1947 à Tlemcen.
Jean-Pierre Lledo est également juif, par sa mère.
Une combinaison identitaire « juif algérien » qui fut à l’origine de nombreuses interrogations et réflexions pour ce cinéaste.
Au-delà de son identité juive, c’est l’attachement à la terre d’Israël qu’il rejette avec le plus de véhémence. Jusqu’à ce qu'il s'y rende, en 2008.
Itinéraire de Jean-Pierre Lledo en « Israël, le voyage interdit ».
Jean-Pierre Lledo a vécu en Algérie jusqu’en 1993, soit longtemps après la déclaration de l’indépendance de l’Algérie, le 5 juillet 1962. Pourquoi Jean-Pierre Lledo est-il parti en 1993 ? À cause des menaces islamistes.
Un parcours bien différent de la grande majorité des Juifs originaires d’Algérie, contraints de fuir, notamment à la suite du massacre d'Oran (le 5 juillet 1962), ville qui abritait jusque-là la plus grande communauté juive du pays. Doublement visés et attaqués, puisque français et juifs, suite à cet évènement tragique, beaucoup de Juifs font le choix de s'installer en Israël.
Mais pour ce communiste algérien, impensable. En 1962, Jean-Pierre Lledo à 15 ans. Sa famille reste en Algérie. Israël ? Il ne sait même pas ce que c’est, sinon une entité : « un territoire occupé », « la puissance occupante », l’ennemi… Pendant de nombreuses années, il est ainsi influencé par ce discours politique orienté et diabolisant.
Jean-Pierre Lledo a pourtant de la famille en Israël. Un oncle, une tante, des cousins. Mais il n’a aucun lien avec eux.
Pendant 50 ans il a renié ce pays et la partie juive de son identité. Ce n’est qu’en 2008, lorsqu’il se rend pour la première fois de sa vie en Israël, qu’il remet en cause ses préjugés et ses croyances.
A travers ce cheminement personnel, le réalisateur, parti à la découverte d’un pays et de sa famille, entame un réel dialogue entre ses origines, ses croyances sur Israël et la grande histoire de la tradition juive.
Ce qui est particulièrement intéressant dans le premier volet du documentaire c’est cette entrée par la fenêtre algérienne.
Grâce à son parcours personnel, se pose la question de la vie juive en Algérie française. Le documentaire mêle l’histoire du réalisateur, intime, privée, à celle, plus générale des Juifs qui vivaient en Algérie française, notamment de 1947 à 1962, leur exil puis pour certains leur intégration en Israël.
En effet, Jean-Pierre Lledo est parti à la rencontre de ces juifs originaires d’Algérie désormais installés en Israël. Medioni, Chouraqui, Charbit, Sultan, Fellous… autant de noms et de témoignages de la vie des Juifs en Algérie française de 1948 à 1962 : deux dates symboliques, puisque l’une correspond à la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël, l’autre à l’indépendance de l’Algérie.
Deux dates qui ont tout changé. Y compris pour Jean-Pierre Lledo.
Johana M.
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