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Izza Genini au service des artistes populaires d'hier à demain

Izza Genini au service des artistes populaires d'hier à demain

 

Chronique sur Radio Mars
Par Belaïd Bouimid

Avec Izza Genini, on peut parler d'une Agnès Varda marocaine.
Grâce à cette dame, le cinéma n'a pas perdu sa mémoire. 
Et l'association Anouarts a eu raison de lui consacrer toute une semaine spéciale où Ijja, d'origine judéo-Imazighen, a relevé un défi et un seul: immortaliser la mémoire et sauver une partie de la création immatérielle de la déperdition. 
Grâce à une vingtaine de courts métrages, Izza Genini a donné au Maroc et à sa jeunesse une nouvelle raison d'être et de s'apprécier. 
A travers l'étant, les cultures populaires orales, musique, chants, danses, fêtes...
Cette économie ludique orale a été longtemps déconsidérée et dénigrée par les idéologies modernistes, qui l'ont cantonnée dans une production folkloriste, réductrice. 
Les créateurs attachés à la culture populaire, dont Izza valorise l'oeuvre ont toujours été mal vus.
De Tayeb Saddiki et son Mejdoub, les Chikhates, Fatna Bent Lhoussine, les Ganaouas, Hmadchas, les Negafates, voire même le Melhoun, toutes ces créations étaient mal vues et socialement dévalorisées par les élites. 
On doit à Izza d'avoir revalorisé la création populaire, sans préjugé d'aucune nature.
Elle a agi en ethnologue, caméra au poing et ramené des milliers de témoignages portant sur le profane et le sacré. 
Grâce à Izza, de nombreux artistes ont été immortalisés avec ces reportages et leur création sauvée de l'oubli. 
Bien sûr d'autres cinéastes et chercheurs ont creusé des sillons libérateurs dans une mémoire hypertrophiée et on doit citer G. Lapassade pour les Gnaouas, Flint pour les bijoux et la culture paysanne, Ksaib et le Grand Tayeb Saddiki dont l'ombre est présente dans le parcours de Izza Genini.
Cette dernière, à travers ces témoignages pose une problématique de fond, qui n'est pas que culturelle. 
Elle est liée à l'histoire et à la mémoire en général. 
Partout et dans tous les secteurs liés à l'immatériel, le Maroc n'a pas encore atteint l'accumulation nécessaire et suffisante pour réécrire son histoire.
A travers les archives, le témoignage, l'archéologie etc.
Et cela va de la musique, traditionnelle et moderne au sport.
Nous manquons de spécialistes du documentaire, un genre longtemps mal vu et partant prohibé. 
Mais quand on voit les incursions de Izza Genini, dans des lieux sacrés, au Hammam des femmes où le regard érotico- pudique est à l'oeuvre, et donne une dimension esthétique aux personnages, on espère que nos jeunes cinéastes vont s'en inspirer. 
Pour d'autres créations, sachant que la culture populaire millénaire vient à peine d'être prise en charge, par l'approche pluridisciplinaire, y compris cinématographique. 
En football, Larbi Benbarek continue à susciter la curiosité des chercheurs, après le film de Driss Lemrini et un téléfilm d'Arryadia.
Mais il reste beaucoup à faire pour rendre justice à toutes nos stars, de Abderrahmane Mehjoub à Fatna Bent El Houcine, Nawal El Moutawakil, Hadja Al Hamdaouia, Nezha Bidouane ou Edith Piaf à Casablanca où elle venait rejoindre Marcel Verdan...
Et l'entreprise devient plus passionnante, surtout quand les vedettes marocaines sortent du cadre spécifiquement national, pour l'enrichir et accéder à l'universel !

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