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J’ai inventé les Beatles, par Brian Epstein

J’ai inventé les Beatles, par Brian Epstein

 

Jeunesse

Brian Epstein est l’aîné d’une famille juive de Liverpool. Ses parents possèdent une chaîne de magasins d’équipements électriques. Instable, dépressif, Epstein peine à se trouver un équilibre. Sa scolarité est marquée par des renvois successifs et départs volontaires, son intérêt allant uniquement vers les disciplines artistiques. Il passe son service militaire qu’il quitte prématurément, ayant des problèmes à s’intégrer en tant que très mauvais militaire. Il retourne ensuite à Liverpool, déprimé, et reprend son travail au magasin de ses parents. Passionné de théâtre, il passe avec succès le concours de la Royal Academic of Dramatic Art, mais ses inhibitions paralysantes le forcent à abandonner la scène et à rentrer à Liverpool une fois encore.

Cette succession d’échecs dans sa vie, d’abord son traumatisme d’avoir été un bouc émissaire à la dizaine de collèges différents où il a été inscrit, et ensuite en tant que militaire, puis enfin son retrait du théâtre le rendent brisé, peu sûr de lui. Il aime particulièrement la Musique classique il se rend de temps en temps à des concerts mais n’a jamais songé à devenir manager. Il a quelques amis à Liverpool mais est envahi d’un Complexe d’infériorité qu’il a réussi à apprivoiser par ses aptitudes en théâtre. C’est très certainement cette connaissance de la scène qui lui permettra de donner les conseils les plus adaptés (et les plus concluants) dans son futur rôle d’ Impresario.

Il semble aller mieux quand, au début des sixties, il devient responsable de la section musique d’un magasin de la société NEMS (North End Music Stores), créée par son père en 1957. Il est ensuite promu directeur du deuxième établissement de la société, à Whitechapel. Sa compétence, son enthousiasme et le dynamisme de la scène musicale de Liverpool (le Mersey Beat) font que le magasin devient un des plus importants du nord de l’Angleterre.

Rencontre avec les Beatles

C’est un de ses clients, Raymond Jones, qui lui parle le premier des Beatles. Il commande alors 500 exemplaires de leur disque My Bonnie enregistré en Allemagne avec Tony Sheridan et décide d’aller les voir dans le club où ils jouent, le (Cavern Club) à Liverpool. Nous sommes le 9 novembre 1961. Dans son autobiographie, il révèle qu’« ils n’étaient pas très bien habillé s, ni très propres. Ils étaient cependant plus attirants qu’aucun des autres groupes qui jouaient à ces concerts de midi. » Frappé par leur magnétisme, il se fait conseiller par un ami avocat et les invite à son bureau le 3 décembre afin de leur proposer de devenir leur manager. Secret, Brian Epstein n’a jamais révélé les motivations profondes de cet engagement, peu intéressé qu’il était par la musique et venant d’un milieu différent des quatre garçons. Il a peut-être reconnu d’instinct leur potentiel, qu’il soit artistique ou commercial, s’est senti fasciné par eux. Pour lui-même, il aurait trouvé là l’occasion de séduire et se valoriser. C’est lui qui convainc Mike Smith, dénicheur de talents de Decca Records, de venir les écouter. Le 1er janvier 1962, le groupe est auditionné mais le contrat ne se fait pas, non plus chez Columbia Records ou EMI. Brian ne se décourage pas. Il jure de les rendre « plus grands qu’Elvis ».

Suite à l’audition chez Decca, les responsables lui propos ent de laisser tomber les Beatles, argumentant que "votre magasin ma rche bien à Liverpool, vous devriez vous y tenir" mais il res te persuadé de leur futur succès et reste très investi dans la recherche de maisons de disques, et est même plus exigeant sur la qualité de la maison de disques que les Beatles eux-mêmes. John Lennon propose de tester une maison de disques s’appelant Embassy, mais Brian Epstein refuse sèchement en pensant que la qualité n’est pas suffisant e. Malgré son entourage qui pense que Brian est sur le point de fa ire un nouvel échec dans sa vie, l’un de ses proches lui disant mê me "tu vas prendre combien de temps avant d’abandonner cette fois ? " il retourne à Londres, seul, une nouvelle fois, déterminé à réussir.

Sur le plan artistique, Brian Epstein a énormément joué dans l’image du groupe, en effaçant son aspect sauvage et rebelle, et leur vestes en cuir les remplaçant par des complets veston, une attitude beaucoup plus gentleman. Ce changement à certainement contribué à rendre les Beatles accessible à plus de générations, et également plus l’ouvrir à la gent féminine, donc diversifier la gamme des auditeurs et des fans. Sur un autre plan, Brian Epstein avait déjà eu une ambition de devenir styliste, il avait donc déjà un grand sens de la mode et de l’élégance, ce qui a sûrement joué dans leur future extrême popularité.

Succès du groupe

En avril 1962, le vent tourne quand un éditeur, Syd Coleman, leur fait rencontrer George Martin, directeur artistique (A&R) de Parlophone une division d’EMI, qui, après une audition le 6 juin 1962, décide de devenir le producteur des Beatles et de leur faire signer un contrat d’enregistrement, tout en leur suggérant de remplacer Pete Best. Brian Epstein se charge lui-même de signifier son renvoi à Best, le 16 août 1962. Ils reviennent aux studios EMI d’Abbey Road le 4 septembre avec leur nouveau batteur, Ringo Starr. Le rêve de Brian est exaucé lorsque le premier 45 tours : Love me do / PS I love you est publié le 5 octobre 1962. Ce renouveau dans la vie de Brian semble l’épanouir considérablement, mais pour un temps seulement. Car son instabilité et son caractère dépressif prennent le dessus au rythme de ses escapades nocturnes assaisonnées de drogues et excès en tous genres.

En octobre 1964 paraît l’autobiographie d’Epstein, sous le titre A Cellarful of Noise, co-écrite avec le journaliste Derek Taylor, alors son assistant. Dans cette autobiographie, on peut lire entre les lignes que Brian Epstein est de plus en plus conscient que le fait qu’il ait droit à 25% des bénéfices des Beatles va le rendre extrêmement riche, et en même temps, on sent malgré ce succès enorme une personnalité auto-destructrice, dépendante à de nombreuses drogues, un complexe par rapport au fait qu’il soit Juif et Gay, se disant victime d’Antisémitisme et d’Homophobie. En tout cas Brian Epstein est un personnage très secret, evitant de donner trop d’informations aux interviews, et dans son autobiographie il parle plus de sa manière de vivre la Beatlemania que de la manière avec laquelle il l’a créée.

La carrière d’Epstein, bien qu’exemplaire n’est pas exempte d’erreurs. Néanmoins, elles restent anecdotiques. Ainsi, en juillet 1966, il omet de répondre à l’invitation de l’épouse du dictateur Philippin, Imelda Marcos, avant le concert de Manille, le 4 juillet. Les Beatles, devant la TV dans leur chambre d’hôtel, s’aperçoivent qu’on les attend au palais présidentiel où ils ne se rendent pas. Epstein tente de s’expliquer à la télévision, mais l’émission est brouillée. Toute protection policière est retirée aux Beatles lorsqu’ils repartent, ils parviennent jusqu’à l’aéroport où une foule hostile les attend, ils sont agressés, risquent un véritable lynchage, puis réussissent à atteindre leur avion qui va rester bloqué sur le tarmac, le temps qu’Epstein aille se faire délester de la recette de leur concert devant plusieurs dizaines de milliers de personnes !

Quelque temps avant sa mort, Brian Epstein commence à transférer les responsabilités de la direction de NEMS à ses adjoints et amis : Nat Weiss, son représentant aux États-Unis et Robert Stigwood. Il tient à ne s’occuper que du groupe, réussissant à maintenir leur cohésion.

Mort

Le 27 août 1967, soit près de trois mois après la sortie de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band et alors que le groupe est à son apogée, Epstein est retrouvé mort dans son lit, alors que les Beatles sont à Bangor, au Pays de Galles, où ils sont allés à la rencontre du Maharishi Mahesh Yogi. La mort brutale de leur manager les laisse totalement désemparés. On découvre rapidement que le décès est dû à une overdose de barbituriques. Les funérailles de Brian Epstein ont lieu le 30 août à la Greenbank Synagogue de Liverpool. Il est enterré au Long Jane Jewish cemetery.

Après sa mort, son frère Clive Epstein reprend la direction de NEMS Enterprises mais il ne peut gérer correctement cette entreprise pleine de confusion plus de dix-huit mois. Les Beatles déclarent qu’ils se débrouilleront seuls dorénavant. Le frère cadet détient néanmoins la quasi-totalité des parts de NEMS, propriétaire à 51% de Northern Songs, le catalogue de chansons des Beatles, qui sera vendu en 1969 sans qu’ils ne puissent rien y faire.

La thèse du suicide concernant sa mort a été évoquée, mais est écarté e pour différentes raisons, d’abord car il n’avait pas une at titude particulièrement spéciale les jours précé dents, et surtout qu’il venait d’assister à l’enterrement de so n père quelques semaines auparavant. Il essayait alors de trou ver un appartement pour sa mère qu’il aimait énorméme nt (l’appelant comme la "plus belle femme du monde" dans son autobiographie) et n’aurait donc pas osé causer de nouvelles souffrances à sa mère. Mais cette mort sous overdose prouve que Brian Epstein noyait ses complexes dans des drogues de tout genres, d’abord l’alcool quand il est exclu du service militaire, ensuite les amphétamines au début des Beatles, ensuite le cannabis lors de la Beatlemania, et le LSD qu’il prendra en 1967 quelque temps avant sa mort.

Personnalité

Rapports avec John Lennon

L’homosexualité de Brian Epstein, révélée sur le tard, l’aurait fait tomber éperdument amoureux de John Lennon, le qualifiant même, en parlant des Beatles du « seul qui compte ». Epstein souffre de cet amour à sens uni que. Les vacances qu’il prend avec John en avril 1963 en Espagne alimente une rumeur de liaison entre eux, mais le chanteur dira avoir toujours repoussé Epstein : « Elle n’a jamais été consommée, mais nous eûmes une relation intense et précieuse. »1 L’anecdote la plus connue à ce sujet date de l’époque où Brian, réalisant son autobiographie, à l’aide de son as sistant Derek Taylor, hésite sur le nom qu’il allait lui donner. I l a en tête le titre " A Cellarful Of Noise " (qui sera finalement retenu), et en parle aux Beatles. John lui répond du tac-au-tac « pourquoi pas plutôt " A Cellarful Of Boys" ? »

Travail de manager

Les Beatles, aussi talentueux soient-ils, ont toujours reconnu qu’ils n’auraient certainement pas été ce qu’ils furent sans Epstein. Son décès a marqué le début du processus de séparation du groupe, même si ce fait n’a pas été visible immédiatement.
L’influence du manager s’exerça sur deux plans. De l’intérieur, il modela la vie du groupe tout en les éloignant des mirages du show business et en gérant leurs finances. C’est lui qui suggéra aux Beatles leur fameux « ensemble Cardin sans col » et leurs inévitables bottines durant leurs premiè res années. Déjà à cette époque, ces mods semblaient en avance d’une ou deux modes. De l’extérieur, elle fut à l’origine de l’image fraternelle et drôle des quatre garçons. Il se plaça toujours en première ligne et contrôla les signatures de contrats avec une grande clairvoyance. Il mit également toute son énergie dans l’organisation des concerts, si bien que le dernier de ceux-ci, au Candelstick Park de San Francisco le 29 août 1966, auquel il n’assista pas, sembla indiquer le début de son retrait de la scène.

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