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Juifs du Maroc: un attachement immémorial

Juifs du Maroc: un attachement immémorial

A Essaouira comme à Casablanca ou à Fès, la préservation du patrimoine judéo-marocain renvoie au monde entier l’image d’un Maroc bel et bien tolérant et jaloux de son identité culturelle plurielle.

De tous temps, le patrimoine culturel judéo-marocain est considéré comme l’un des plus anciens dans le Royaume. A travers ses sites historiques, synagogues, mellahs, expressions culturelles et artistiques, le patrimoine judéo-marocain témoigne d'une véritable histoire commune et multiséculaire, et transmet aux nouvelles générations un héritage dont la valeur est inestimable et qui a caractérisé le Maroc de nos ancêtres.

Cette coexistence millénaire a été relatée par de très grands écrivains marocains à travers des récits et études, dont notamment ceux d'Edmond Amran El Maleh, Haïm Zafrani et Simon Levy. Pour célébrer ce patrimoine riche et glorieux, S.M. le Roi Mohammed VI a visité, mercredi 15 janvier 2020, Essaouira, cette magnifique ville marocaine symbole millénaire de la tolérance, dans laquelle coexistent deux grandes religions historiques: judaïsme et islam. Deux civilisations jalousement protégées par le Maroc, devenu au fil des années, voire des siècles, l’un des pays arabo-musulmans les plus célèbres en matière de tolérance religieuse.

Un héritage inestimable
A mains égards, la visite du Souverain à Essaouira est historique. Elle consolide davantage les liens fraternels qui unissent depuis des siècles les juifs marocains à leurs compatriotes musulmans. C’est ainsi que S.M. le Roi a procédé à la visite de l’ancienne médina de la ville, qui fait peau neuve grâce à un ambitieux programme de réhabilitation qui a mobilisé des investissements de l’ordre de 300 millions de dirhams. La visite s’est déroulée en présence de plusieurs personnalités juives et des hauts responsables marocains, dont le conseiller royal André Azoulay. Il y a eu aussi la présence de Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil de la communauté juive au Maroc, et Audrey Azoulay, fille d’André Azoulay et directrice générale de l’Unesco.

Proximité et complicité
Gad El Maleh, célèbre humoriste à la renommée mondiale, était aussi présent. Cette visite royale, qui vient donner une forte impulsion aux efforts de mise en valeur de cet espace à haute valeur patrimoniale, témoigne de la volonté constante du Souverain de préserver le cachet architectural de la ville de Mogador, de promouvoir son rayonnement culturel et touristique et d’améliorer les conditions de vie et de travail de ses habitants. « Bayt Dakira » a été le lieu historique inauguré par S.M. le Roi Mohammed VI après plusieurs mois de travaux de restauration et de réhabilitation.

Il s’agit, en fait, d’un espace spirituel et patrimonial de préservation et de valorisation de la mémoire judéo-marocaine, unique en son genre au sud de la Méditerranée et en terre d’Islam. En effet, cet espace historique, culturel et spirituel abrite la synagogue «Slat Attia», la maison de la mémoire et de l’histoire «Bayt Dakira» et le Centre international de recherches Haïm et Célia Zafrani sur l’histoire des relations entre le judaïsme et l’islam. La visite du Souverain à cet édifice traduit l’intérêt particulier qu’il accorde au patrimoine culturel de la communauté juive marocaine et sa volonté permanente de préserver la richesse et la diversité des composantes spirituelles du Royaume et de son patrimoine authentique. Elle illustre également la détermination du Souverain à suivre de près ce chantier de réhabilitation qui bénéficie aux 13.000 habitants de la médina et porte sur 26 autres projets qui s’articulent autour de quatre principaux axes, à savoir la réhabilitation de l’espace urbain, la restauration et la mise en valeur du patrimoine historique, la promotion de l’accès aux services sociaux et le renforcement de l’attractivité touristique et économique de l’ancienne médina d’Essaouira. Nichée dans une ruelle étroite du Mellah, le vieux quartier juif d'Essaouira, «Bayt Dakira» «témoigne d'une période où islam et judaïsme ont eu une proximité, une complicité et une intimité exceptionnelles».

Destinées hors du commun
Ce sont là les mots justes utilisés par André Azoulay dans son allocution devant S.M. le Roi. Il faut savoir que le conseiller royal est à l'origine de ce projet mémoriel de grande envergure, en partenariat avec le ministère de la Culture. «Bayt Dakira» réunit des objets offerts par des familles locales et permet de découvrir des destinées hors du commun de juifs d'Essaouira. Comme ce premier juif élu de l'histoire des Etats-Unis, David Levy (1810-1886), issu d'une famille de l'ancienne Mogador partie aux Etats- Unis au début du XIXe siècle. Signe d'une singulière histoire, un panneau liste les conseillers royaux juifs issus d'Essaouira. Le nom d'André Azoulay figure en bas, avec la date de son arrivée au Palais royal à l'appel de S.M. Hassan II. L'exposition présente aussi des photographies anciennes, des films d'archives, des enregistrements musicaux, des costumes traditionnels et objets religieux.

Un patrimoine à préserver
A l'étage, un centre de recherches doit accueillir des résidences de chercheurs et des travaux sur l'histoire entre islam et judaïsme. A l'époque du sultan Mohamed III, qui transforma au XVIIIe siècle le petit port en centre diplomatique et commercial, l'ancienne colonie portugaise «était la seule ville en terre d'islam avec une population à majorité juive», rappelle le conseiller royal de 78 ans. Essaouira a abrité à une époque ancienne 37 synagogues, pour la plupart tombées en ruine. Celle de «Bayt Dakira» a été entièrement rénovée. Mais Essaouira n'est pas la seule cité marocaine qui abrite ce fort héritage judéo-marocain que S.M. le Roi met souvent en exergue, avec différents programmes de réhabilitation de cimetières, de synagogues et de quartiers historiques juifs. Casablanca abrite, depuis 1997, un Musée du judaïsme marocain, considéré comme le seul de son genre dans le monde arabe.

A Fès, la capitale spirituelle, un musée dédié à la mémoire juive est en cours de construction. Des monuments qui perpétuent le judaïsme dans notre pays. S.M. le Roi Mohammed VI, dans l’un de ses précédents discours, avait notamment réitéré sa volonté de préserver le patrimoine juif marocain en disant que la culture hébraïque est l’un des affluents séculaires et de l’identité nationale. Avec sa visite historique à Essaouira, cette volonté royale se renforce et se renouvelle pour que le judaïsme et l’islam vivent toujours en harmonie sur la terre marocaine.

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