La dérive anti-israélienne de l’Europe (info # 011806/17)[Analyse]
Par Guy Millière © MetulaNewsAgency
La recomposition régionale du Proche-Orient qui s’est mise en route sous l’égide de Donald Trump, et qui vise à l’instauration d’une alliance entre les pays arabes sunnites et Israël aux fins d’endiguer l’Iran est d’autant plus importante que les dérives constatées depuis des années au sein de l’Europe s’accentuent de manière alarmante. Les positions anti-israéliennes de l’Union Européenne sont claires et explicites depuis lors.
L’Allemagne garde encore un peu de retenue et ne glisse pas totalement vers l’anti-israélisme primaire en raison de son très lourd passé antisémite, mais des sympathies équivoques s’y dessinent. Il y a plusieurs semaines, le gouvernement allemand a énoncé ses doutes sur la volonté du gouvernement israélien de parvenir à une résolution du conflit “israélo-palestinien” et, lors de sa visite en Israël, le ministre socialiste des Affaires Etrangères d’Angela Merkel, Sigmar Gabriel, a provoqué un incident diplomatique en tenant à rencontrer des dirigeants d’organisations de la gauche radicale telles que B’Tselem.
L’hebdomadaire Der Spiegel a publié récemment un article disant que "le traitement particulier d'Israël pour des raisons historiques arrive à ses limites”. Puis : "Notre faute historique ne peut pas amener l'Allemagne à accepter que le gouvernement israélien s'éloigne de plus en plus des valeurs que nous avions tenues jusqu'ici pour communes". Que l’Allemagne prétende donner des leçons à Israël en termes de valeurs est nouveau et inquiétant
La France ne vaut pas mieux et on s’y situe bien au-delà des sympathies équivoques : dans des attitudes résolument “propalestiniennes”, qui vont d’un traitement ouvertement “propalestinien” de l’information dans quasiment tous les media d’information, au vote de motions anti-israéliennes dans diverses instances internationales. On rappelle le texte sur Jérusalem à l’UNESCO (après avoir voté pour un texte répugnant en 2016, la France s’est abstenue depuis sur un texte tout aussi répugnant, mais n’a pas voté contre), motion présentée au Conseil de Sécurité de l’ONU condamnant la “colonisation” israélienne. Il s’agit d’une motion présentée à l’Organisation Mondiale de la Santé présentant Israël comme le seul violateur du bien-être mental, physique et environnemental au Proche-Orient…
Et rien ne changera, à l’évidence, sous Emmanuel Macron, qui compte dans son gouvernement des adeptes du mouvement Boycott-Désinvestissement-Sanctions et des praticiens de l’établissement de relations très apaisées avec des organisations islamistes.
Le Royaume-Uni est en procédure de sortie de l’Union Européenne, mais fait néanmoins partie de l’ensemble européen, et si le parti conservateur, qui, sous la conduite de Theresa May, vient de connaitre un revers électoral n’a pas des positions plus anti-israéliennes que les gouvernements français successifs, le Parti travailliste a lui glissé très à gauche, vers des positions qui sont non seulement “propalestiniennes”, mais carrément ouvertes au terrorisme, puisque son dirigeant actuel, Jeremy Corbyn (accusé à juste titre d’antisémitisme comme plusieurs personnes de son entourage) a reçu dans un passé récent des représentants du Hezbollah et du Hamas. Ce qui ne lui a strictement rien couté politiquement, puisqu’il a gagné du terrain sur les conservateurs, malgré trois attentats djihadistes récents au le Royaume-Uni.
Les dérives que je viens de noter se retrouvent à des degrés divers dans la plupart des pays européens. Elles sont d’autant plus à même d’inquiéter, que des analyses de l’électorat montrent que l’électorat jeune (les moins de vingt-cinq ans) votent plus aisément pour des partis hostiles à Israël ou adoptant des positions “propalestiniennes”, ce qui semble montrer que la propagande anti-israélienne gagne du terrain et s’implante dans les esprits.
Ces dérives sont d’autant plus menaçantes que la proportion de musulmans dans les divers pays européens s’accroît, et que la population musulmane est, dans chaque pays concerné, en moyenne plus jeune que la population générale. L’électorat musulman pèse de plus en plus lourd partout en Europe et cette évolution semble destinée à durer. C’est donc, sans surprise, un électorat très anti-israélien.
Dans un livre qui vient de paraitre, "The Strange Death of Europe" [l’étrange mort de l’Europe. Ndlr.], l’essayiste britannique Douglas Murray dit que l’Europe est entrée dans une phase de suicide collectif, et explique que ce suicide ne pourra vraisemblablement pas être interrompu. Il considère que l’hostilité à l’encontre d’Israël et des Juifs fait partie intégrante de ce suicide. Je ne puis lui donner tort.
J’écrivais, il y a plusieurs années, qu’il était crucial qu’Israël diversifie ses alliances : depuis, Israël l’a fait et se trouve moins dépendante de l’Europe. C’est un point très positif. J’écrivais récemment que la stratégie mise en place par Donald Trump pour recomposer le Proche-Orient était un atout essentiel pour Israël. Je n’ai pas du tout changé d’avis.
J’aimerais pouvoir partager l’avis de ceux qui pensent qu’il est encore possible d’inverser les tendances qui se dessinent ainsi. Je préfère être lucide et considérer que ces tendances sont puissantes, et que l’Europe risque fort d’être un continent de plus en plus anti-israélien et, plus largement, de plus en plus hostile aux Juifs.
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