Lectures de Jean-Pierre Allali - De ma fenêtre, par Lionel Abbo
Au jour le jour, la pandémie de Covid-19. Cloué chez lui par le confinement à l’instar de tous les habitants de la planète, l’auteur a choisi de tenir une sorte de journal. Du 30 mars au 19 juin 2020, de sa fenêtre, il observe, il note, il réfléchit.
Une véritable catastrophe s’est abattue sur le monde et, d’emblée, une question se pose : qui est coupable ? Pour les écologistes, c’est la nature qui se venge. Les complotistes y voient, eux la main de la Chine, voire d’Israël. Les hommes de foi font sonner les cloches, les scientifiques cherchent fébrilement un remède pendant que les politique se demandent comment tirer un profit électoral du malheur de l’humanité. Bon, après tout, c’est peut-être un coup des yogistes !
« Les complotistes se demandent qui, des Chinois ou des Juifs, se trouve derrière cette pandémie… ». Comme par hasard, le covid est jugulé à Wuhan… ». « Comme par hasard, il ne fait quasiment pas de morts en Israël… »
Avec l’humour noir qui le caractérise, son premier ouvrage en témoigne (1), l’auteur prend la situation avec flegme tout en manifestant son exaspération. Cela nous vaut des saillies très drôles qui ne font pas de mal en ces temps de crise universelle. « La bise n’aura pas survécu au baiser mortel du virus », « Nos bouches n’ont plus rien à exprimer. Même celle du métro reste fermée ».
En y réfléchissant, on se dit que ce livre, écrit après seulement deux mois de restrictions, aurait pu être encore plus acide, plus acerbe, si Lionel Abbo avait un peu attendu. Au moment où j’écris ces lignes, nous approchons d’une année d’angoisse et de peur et, si l’on en croit nos dirigeants, malgré l’apparition de plusieurs vaccins, on n’est pas encore sortis de l’auberge !
Des dirigeants qui, d’ailleurs, sont la cible de l’auteur et, comme on dit, en prennent pour leur grade. « Jean-Michel Salomon et son sourire narquois, son visage rougeaud, mal maquillé, mal peigné, qui lit son prompteur comme un mauvais conteur ». « Édouard Philippe sur le départ, le Titanic se cherche un nouveau capitaine ». « Le virus a terrassé les terrasses ». « Pas de masque, pas de gel, pas de test, pas de vaccin. L’État bafouille et c’est nous qui sommes punis ». « Pour nous sauver, le gouvernement a commandé des masques. Virtuels ».
Avec, ici et là, quelques gouttes divertissantes de délire : « Le président de la République, Didier Raoult, devrait s’exprimer devant les Français, ce soir en direct sur Instagram ». Ou encore : « L’année suivante, tout a crashé. Contaminé par le virus, Trump a avalé du détergent pour se soigner. Il est mort comme une femme de ménage de la Trump Tower »/.
Lionel Abbo nous parle de virus mutants et envisage même un Covid-20. « Covid sera le maux de ma fin ». « À la fin de ce confinement, je serai devenu un con fini ».
Amusant et angoissant à la fois !
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Maïa. Novembre 2020. 130 pages. 18 €.
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