L'histoire de l'antisémite devenu juif (et autres contes)
Aujourd'hui, je vais vous parler de conversions. Mais non, je ne vais pas vous dire le taux de la roupie indienne en quetzal guatémaltèque ou de la couronne suédoise en won sud-coréen. Je vais vous entretenir de vraies conversions, du genre un antisémite devenu juif, un juif devenu antisémite, un islamophobe devenu musulman, une musulmane devenue athée. Vous me suivez? Non? Bon, je vais reprendre tranquillement.
Or donc, il était une fois un petit Hongrois, Csanad Szegedi, qui avait grandi en écoutant les histoires de la méchante sorcière Jobbik. Agé de 30 ans, il était le vice-président du Mouvement pour une meilleure Hongrie. Elu eurodéputé en 2009, il s'était illustré au Parlement européen dès la session d'ouverture, en revêtant à cette occasion l'uniforme noir des Gardes hongrois, dont il est l'un des fondateurs. Cette émanation paramilitaire, aujourd'hui dissoute par les autorités, était réputée pour semer la terreur dans les camps de Roms à travers le pays. Surtout, en bon aryen (oui, je sais, c'est facile), Csanad Szegedi ne cachait pas sa haine du juif. Mais ce que ses parents avaient omis de lui révéler, c'est qu'il l'était lui-même, juif. Juif ! Il jaunit à l'idée. "C'est sûr, il va me falloir un certain temps pour digérer tout cela", devait-il admettre publiquement quelques mois après cette révélation. "Au début, j'avais peur de devenir schizophrène".
Depuis, Csanad Szegedi s'est converti au judaïsme raconte le journal allemand Welt am Sonntag. Il pratique le shabbat, il se rend à la synagogue et apprend l'hébreu. Il s'est aussi initié au Talmud, l'un des textes fondamentaux du judaïsme rabbinique. Il essaie de suivre au quotidien les commandements qui s'imposent à tout juif orthodoxe. Et il mange casher. Même si cela lui coûte de renoncer au salami. Et il a découvert que le juif n'est pas du tout ce qu'on lui avait fait croire...
A mille lieues de là, Joseph Cohen a dû mordre dans une pomme maléfique absolument pas casher (oui, comme dans Blanche-Neige). Né à New York, il a été scolarisé dans une école hassidique de Satmar. Le hassidisme de Satmar est un mouvement d'origine transylvaine. Il a été fondé par Rabbi Joël Teitelbaum (1887-1979) qui l'a dirigé jusqu'à sa mort. Joel Teitelbaum était rabbin de la ville de Satu Mare, elle faisait alors partie du royaume de Hongrie et se trouve aujourd'hui en Roumanie. Les communautés Satmar les plus importantes se situent aujourd'hui dans l'Etat de New York, mais il y en a à Los Angeles, Montréal, Toronto, Anvers, Londres, Manchester, voire à Jérusalem. Les hassidiques de Satmar sont antisionistes. Mais pas antisémites, ne pas confondre. Le petit Joseph est parti en Israël en 1998 avec son papa et sa maman. La famille s'est installée dans le quartier arabe de Jérusalem-Est.
C'est sans doute là qu'il a croqué la fameuse pomme qui lui avait été tendue par un missionnaire musulman. Et tout d'un coup, il s'est transformé en Yousef al-Khattab! Il n'est pas seulement devenu musulman mais islamiste. Pas seulement islamiste mais djihadiste. Et antisémite avec ça. Il a commencé à travailler avec le site internet "Juifs pour Allah". Les auteurs du site prônaient que "le judaïsme est la religion du terrorisme". Yousef al-Khattab y affirmait son rejet du judaïsme et sa haine des juifs.
En décembre 2007, Yousef al-Khattab fonde à New York, avec un autre converti, Jesse Curtis Morton, alias Younus Abdullah Muhammad, un site web islamique radical, "The Revolution Muslim". Il vient de plaider "coupable", le 29 octobre dernier, devant la cour de justice fédérale d'Alexandria en Virginie, d'avoir "utilisé Internet dans le but de menacer des organisations juives". Dans une vidéo, il encourage les internautes à chercher les leaders de la Fédération juive aux Etats-Unis jusqu'à leurs domiciles. Et pas pour leur dire: "Shabbat shalom!". Il a fini par attirer l'attention du FBI qui l'a arrêté, comme le rapporte le Washington Post.
Marine Le Pen va-t-elle devenir musulmane et porter le hijab? Oui, je blague. Quoique. Vous voyez Geert Wilders, le blond néerlandais qui bouffe du musulman matin, midi et soir? Geert Wilders préconise l'interdiction du Coran aux Pays-Bas qu'il compare à Mein Kampf, l'arrêt de l'immigration venant de pays à majorité musulmane ainsi que l'expulsion de toute personne originaire de ces pays coupable de délit. C'était un dieu pour Arnoud van Doorn. Très proche de Wilders, président du Parti de la liberté, Arnoud van Doorn devint vice-président de ce parti au conseil municipal de La Haye. Un jour qu'il astiquait une vieille lampe achetée aux puces de Rotterdam, un génie en sortit dans une épaisse fumée, qui lui dit en arabe: "Fais ta "shahada" [attestation de foi en l'islam] et tu auras 72 vierges au paradis d'Allah après ta mort".
Arnoud van Doorn et ses nouveaux copains. Ah, oui, excusez-moi. Arnoud, c'est celui du milieu. Arnoud van Doorn et ses nouveaux copains. Aussitôt dit, aussitôt fait. Comme le rapporte le site Oumma.com, le 27 février dernier, Arnoud van Doorn a tweeté sa conversion à l'islam. Il a depuis indiqué s'être activement documenté sur le Coran, les hadiths et la littérature islamique, en sus des conversations qu'il a pu avoir avec des musulmans. Et il vient d'accomplir son hajj, son pèlerinage à La Mecque.
Noha, physicienne égyptienne était une bonne musulmane. Mieux que musulmane, salafiste. Niqab et tout ce qui va avec. Son mari, tout pareil. A part le voile intégral, bien sûr. Violent. Il la battait comme plâtre. Le père de Noha était d'accord et lui expliqua: "Dieu a donné au mari le droit de battre son épouse comme le stipule le verset de la sourate Al- Nissa". Là, Noha s'est dit: "Mais c'est du pipeau, tout ça!". Ou quelque chose d'équivalent. En fait, elle s'est interrogée: "Comment Dieu pourrait donner le droit à un mari d'abandonner et de battre sa femme et pire encore, qu'il puisse être marié à une autre en même temps? Comment est-ce possible quand l'islam interdit de battre les animaux? Les femmes sont-elles inférieures aux animaux? Est-ce parce que les femmes sont physiquement plus faibles que les hommes qu'elles ne peuvent pas répliquer? Comment peuvent-elles accepter d'être aussi humiliées?" (Merci au site Slate Afrique pour la traduction).
Peu de temps après, Noha décide d'envoyer en l'air le niqab, de ne plus prier et d'exprimer ses idées. Des idées qui l'ont conduite à devenir athée. Ainsi qu'elle le confie au site d'information Egypt Independent, elle a pris ses distances avec sa famille, quitté son cogneur de mari et elle a rencontré un gentil athée. Avec lequel elle vivra heureuse. Et ils auront beaucoup d'enfants.
Si Dieu... Si elle le veut.
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