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Maroc : dans Ouarzazate, désertée par les touristes

Maroc : dans Ouarzazate, désertée par les touristes

La "porte du désert" ne se remet pas de l'attentat de Marrakech en 2010. Les élections législatives passent au second plan.

Une immense banderole flotte devant le New Belere Hotel, le plus grand établissement de Ouarzazate (270 chambres), fermé depuis le 9 juin 2009. Les employés qui n'ont pas été payés depuis février 2099 ont dressé une tente devant le palace. Ils tuent le temps en buvant du thé et en tirant sur leur cigarette. "Le patron a bien été condamné par les tribunaux à nous verser nos arriérés de salaire. Mais la sentence n'est toujours pas exécutée", s'indigne Abdou Samat Ouaziz, responsable de la Confédération démocratique du travail (CDT). Il milite au Parti socialiste unifié (PSU), une formation qui boycotte les élections législatives du 25 novembre.

"La nouvelle Constitution, adoptée le 1er juillet dernier, n'est absolument pas démocratique. Au contraire, elle renforce les pouvoirs du roi", lâche le syndicaliste. Il prédit que ce scrutin ne mobilisera pas 40 % des électeurs de Ouarzazate. "Pourtant, le pouvoir ne se gêne pas pour menacer les gens. Il leur dit : si vous n'allez pas voter, l'administration ne vous délivrera plus de documents, et vous ne trouverez pas de travail", assure Ahmed Achaoud, professeur de français et membre du secrétariat provincial du Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS), une autre formation d'extrême gauche qui boycotte les élections.

Hôtels et restaurants vides

Ces formations politiques sont loin d'être majoritaires dans la région. Elles ne disposent que de deux élus sur trente-cinq au conseil municipal de Ouarzazate. Malgré tout, la "porte du désert" déprime. Immortalisée par le tournage de Lawrence d'Arabie en 1962, la région de Ouarzazate vit grâce au cinéma et au tourisme. Si les réalisateurs du monde entier apprécient toujours sa lumière et ses paysages, les visiteurs, en revanche, se font de plus en plus rares. Le New Belere Hotel a été victime d'un propriétaire indélicat, mais les autres établissements ne se remettent pas de l'attentat qui a frappé Marrakech le 28 avril 2010.

Youssaa Ouhti, chargé des investissements à la délégation du tourisme de Ouarzazate, se veut résolument optimiste. Il annonce fièrement qu'en 2020 près de 2 millions de touristes viendront se ressourcer dans le désert et ses oasis, escaladeront les gorges de M'Gouna. Soit. Mais aujourd'hui, quelle est la situation ? Le responsable du ministère du Tourisme hésite un long moment avant de nous fournir les statistiques les plus récentes. Le taux d'occupation des hôtels en 2010 a dégringolé à 22 %. Pour les deux étoiles, il plonge même à 6 %. Les chiffres de cette année seraient encore plus déprimés.

Les terrasses des cafés restent désespérément vides. "Je crains une poussée des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD). Leur victoire ne risque pas de faire revenir les touristes", murmure un restaurateur. Puis, d'une voix encore plus sourde, il ajoute : "Ne mettez pas mon nom, je ne veux pas d'histoires."

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