Maroc-Israël: La Palestine et le Sahara, deux enjeux pour le nouveau gouvernement israélien
Yasmine Saih - Hespress
L’élan positif des relations israélo-marocaines ne peut être tenu pour acquis à la lumière des défis auxquels ces relations sont confrontées, a indiqué un centre de recherche israélien s’intéressant au relations entre les deux pays après deux ans des Accords d’Abraham. Selon les observateurs, le renforcement des liens devrait passer par une reconnaissance plus claire du Sahara marocain et une compréhension de la position du Maroc vis à vis de la cause palestinienne.
C’est ainsi que l’Intitute for national security studies (INSS) de l’université de Tel Aviv indique que le nouveau gouvernement israélien aura devant lui plusieurs démarches à faire pour honorer les efforts du Maroc vis à vis d’Israel, la défense et la préservation de sa communauté juive marocaine.
Notant l’activité du Maroc pour la préservation de la culture et du patrimoine juif, ainsi qu’un attachement constant des Marocains à la cause palestinienne, l’institut de recherche a donné des pistes au nouveau gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahu pour combler les écarts et faire en sorte de continuer à améliorer les relations bilatérales.
« L’attitude positive du Maroc envers son héritage juif est enracinée dans une perception plus large de l’identité nationale du pays et de son engagement avec les diasporas marocaines. L’ancienne communauté juive du Maroc a généralement entretenu de bonnes relations avec la majorité musulmane, et les monarques marocains ont constamment fait preuve de tolérance et d’acceptation envers sa population juive », notent les contributeurs.
Les auteurs rappellent l’engagement fort des monarques marocains au fil des générations, en citant Feu Hassan II, qui a déclaré à plusieurs reprises que les Juifs sont une partie inséparable du Maroc, y étant arrivés avant même l’Islam ou encore la célèbre phrase du son père, Feu Mohammed V qui avait dit: « Les juifs sont mes enfants, comme tous les Marocains ».
L’INSS note que le royaume embrasse son héritage juif pour un éventail de raisons, économiques historiques et contemporaines et autres, qui attestent de son image pluraliste, ajoutant que les relations israélo-marocaines sont également influencées par le rôle religieux du Roi Mohammed VI et « son engagement à faire avancer une solution au conflit israélo-palestinien ».
Ainsi, pour favoriser les tendances encourageantes dans les relations avec le Maroc, « le nouveau gouvernement israélien devrait capitaliser sur le patrimoine commun et les affinités culturelles des pays comme levier pour renforcer le dialogue et la coopération, reconnaître la position complexe du Roi du Maroc vis-à-vis du processus politique israélo-palestinien et de Jérusalem et examiner les moyens de mieux se rapporter au discours de tolérance religieuse et culturelle de la monarchie », résume l’INSS.
Au niveau de la Palestine, les auteurs estiment que le gouvernement israélien doit tenir compte de la position du Roi Mohammed VI, expliquant que « l’engagement de la monarchie envers les Palestiniens ainsi que pour les droits des musulmans à Jérusalem, reflète un sentiment répandu au Maroc, et dans tout le monde arabe et musulman plus largement » et qu’il a réussi à créer un « équilibre réussi » entre l’héritage juif, les liens israélo-marocains et la position « claire » envers les Palestiniens.
Ils estiment ainsi que « l’escalade du conflit, et les menaces perçues contre Jérusalem-Est et ses lieux saints musulmans en particulier, pourraient avoir un effet préjudiciable – comme l’histoire l’a montré » sur les relations avec le Maroc et conseillent au gouvernement israélien « d’éviter d’attiser les tensions religieuses à Jérusalem ».
Selon le centre de recherche israélien, le dossier du Sahara est un autre sujet sur lequel le gouvernement israélien pourrait utiliser pour approfondir les relations avec le Maroc, estimant que le royaume a mis en évidence l’importance du soutien de ses partenaires.
Les auteurs affirment que ce dossier pourrait « freiner les relations » si Israël ne va pas en avant, expliquant que c’est « un enjeu clé dans les relations extérieures marocaines et où il attend un soutien clair de ses alliés, dont Israël ».
Le nouveau gouvernement israélien, poursuit la publication, devra donc investir avec prudence pour maintenir le rythme actuel de normalisation, en dépit de la déclaration tripartite entre le Maroc, Israël et les Etats-Unis en 2020 où la reconnaissance de la marocanité du Sahara a été clairement édictée.
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