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Mon pourim chez les Americains - par Junes Davis-Cohen

Mon pourim chez les Americains

 

par Junes Davis-Cohen

 

Le matin de pourim, je me rends à la synagogue Américaine où je vais tous les chabbats.

Je vois écrit sur le tableau à l'entrée: women's meguila. Elles ont osé remettre ça cette année. Pas possible!!!!

Déjà l'année dernière, je pensais que c'était une blague de pourim comme un poisson d'avril avec un « souriez vous êtes filmés ». J'étais arrivée détente, avec un;

- « c'est à quel étage la lecture de la meguila s'il vous plait? ».

- « Vous êtes une femme, donc 2ème étage ».( J’aurai du me méfier, rien qu’avec cette phrase!). Trop chamboulée par le chamboulement du matin (déguisements, tartines, cris, hurlements, fais le chameau avec tes 12 michloah manoth que tu as mis à peu près partout dans/sur ta poussette, et surtout de voir mon fils le beau gosse en collant rouge de superman et en slip j’en suis encore malade!), je me rends au 2ème étage avec mes filles.

Je rentre dans la syna et je ne vois effectivement que des femmes. Ah sympa! On va attendre le hazan pour commencer. Je remarque que l’on s’agite près de la teva. Une dizaine de femmes se tiennent debout, dont une avec son porte-bébé et le bébé dedans qui gigote les pieds à droite et à gauche comme s’il nageait dans le vide.

On prend place, on s'installe, on essaye de se concentrer le temps que le hazan arrive mais soudain j’entends que l’une des femmes commence à réciter la prière avant la lecture.

Tiens, elle prend de l’avance le temps que le Monsieur arrive, c’est curieux quand même, elle est un peu mal élevée cette dame, ou peut-être que c'est la femme du hazan. C'est seulement au bout de 3 minutes que je comprends que ce n’est pas la femme du hazan mais c'est Elle le hazan!!! Ah non, non, non, d’origine 100 pour cent marocaine, où ni mon Fils, ni mon Mari ne connaissent le chemin de la cuisine pour déposer leurs assiettes, alors vous imaginez le choc! Je veux partir mais je suis assise un peu trop confortablement, mais je reste choquée, quand même. Je veux un mec, un hazan, un rabbin, un officiant, n’importe qui, mais un homme!!!! Eh mimine, t’es venue aux États-Unis pour ouvrir ton esprit étriqué de juive sépharade oui ou non? Alors ouvre ton champ de vision et tes chakras, Alright soyons open, alors!! Ça lit plutôt bien, cela dit, si je fais abstraction de l’accent Américain, ils roulent les r quand ils lisent en Hébreu, ce qui a tendance à me hérisser le poil. J’essaye de suivre péniblement avec bb1 qui mange des bambas et bb 2 qui est par terre à éventrer un michlo (ce soir je la retrouverai droguée de sucre les yeux brillants en hurlant sucette! Sucette!!!). Mais tout à coup, au moment où l’on parle de mordehai, l'une des femmes se met à prendre une voix d'homme. C’est quoi ce délire?? Mais non, ça doit être mes oreilles, j'ai pas du bien frotter ce matin. Arrive un autre moment où l'on parle d'Esther, une autre prend une voix aiguë, oh mais je rêve ! Elles changent de voix en fonction des personnages, pas possible!!! Mais le pompon c'est quand vient aman après les crécelles, elle prend une grosse voix de Aman. Mais où est le popcorn ? Je suis au théâtre, mais faut mettre tout ça sur youtube, faut faire quelque chose !! Je regarde autour de moi, tout le monde trouve ça tout à fait normal. Je suis prise d'un fou rire, que j'étouffe en moi-même (pas évident vu que depuis mes 15 ans je n'ai plus pratiqué, dernière année où j’étais a l’école! Comment ? Elle n’a pas fait d’études supérieures ? Non, moi j’ai fait des études inférieures!!!) Bref, jusqu'à la fin de la meguila c’est comme ça. Avec une des hazanettes qui a une main sur la poussette, une main sur le parchemin, le bébé qui gigotait les pieds s'est finalement endormi, sûrement bercé par la voix de mordehai de sa mère. En tout cas, si à pourim l’une des mitsvot est de rire, c’est mission accomplie. Ça c’était pour l’année dernière, mais cette année j’ai fait dans le classique. Syna à 10:00 du mat’ avec mes enfants, accueillie par un couple déguisé en banane, le papa banane, le bébé en singe, la maman avec un chapeau de paille façon safari, et le michlo sur le même thème! Normal quoi, et surtout, malgré la distance, cela me rappelle chez moi. Mon papa qui me lisait la meguila depuis ma naissance et malgré les 10 000 km qui me séparent de ma très chère famille et de mes amis, je continue à ma façon d’être avec eux avec au moins une lecture de meguila dite classique avec un hazan dit homme. Sinon on enchaîne: bon courage pour le ménage de pessah, à vos plumeaux, à vos aspirateurs, les manches relevées et on atttttttttaaaaaaque!!!!!!

 

La vie déjantée d'une mère juive a New York

Junes Davis-Cohen, Juive, séfarade trempée dès sa naissance dans la soupe familial juive, religieuse et Parisienne, de pur souche. Décide, après une rencontre aussi fracassante que passionnelle de suivre l' homme de sa vie, à travers le monde. Ensembles ils habiteront Paris, Genève, New York, auront un grand garçon, et des petites jumelles. Junes, sera très vite diplômée de la plus haute école de la vie. Cette mère juive par excellence, vous livre, ses billets d' humeurs, teintés d' une touche d' humour de situations cocasses et peu conventionnelles que la vie lui réserve !!!!!!! Alors bonne lecture les amours que la joie soit avec vous, partout et tout temps!!!!

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