Patrimoine juif : La FNM lance une opération d’acquisition visant à alimenter ses futurs musées
Fadwa Misk
La Fondation nationale des musées lance une opération d'acquisition visant à rassembler une collection ethnographique diversifiée, destinée à alimenter les fonds du Musée de la culture juive à Fès et du Musée Borj Belkari à Meknès.
La Fondation nationale des musées (FNM) lance un appel à candidatures ouvert, tant aux individus qu'aux institutions, en vue de proposer des objets ou des collections pouvant alimenter les fonds du Musée de la culture juive à Fès et du Musée Borj Belkari à Meknès. Pour un budget total de quatre millions de dirhams toutes taxes comprises, cette opération d'acquisition aura pour but de préserver et de valoriser l’héritage culturel marocain, tout en consolidant la politique muséale entamée au Maroc.
Les candidats à l’appel devront soumettre des dossiers complets, avant le 26 septembre, comprenant une description détaillée des œuvres, leur origine, leur utilité, leur état et d'autres informations pertinentes. L'évaluation des propositions se fera selon des critères rigoureux, tels que la qualité artistique, la pertinence au sein de la collection, la valeur historique et didactique, l'état de l'œuvre, son coût et son utilité potentielle pour des expositions, études ou prêts. La commission d'acquisition de la Fondation nationale des musées examinera chaque proposition avec minutie avant de prendre une décision.
L’héritage hébraïque au Maroc
La présence historique de la communauté juive au Maroc remonte à des époques lointaines, comme en témoignent les stèles funéraires et les inscriptions, datant des IVe et Ve siècles, retrouvées à Volubilis. Depuis, les manifestations de la communauté juive n’ont cessé de se déployer dans divers aspects de la vie marocaine. Cette influence transparaît dans la culture, de la langue à la poésie, en passant par la musique, les traditions, l'artisanat, la cuisine, etc.
Les mariages et les festivités religieuses en particulier ont souvent été accompagnés par des rituels spectaculaires. C’est dans cet univers riche et coloré que des objets seront récupérés. Il s’agira des chaises de circoncision, des costumes et accessoires de mariage, des sacs de «Talit», des bijoux, des instruments de musique et des éléments architecturaux des maisons juives, ainsi que tout autre objet relié à l’héritage en question. L’acquisition concernera également les objets de culte, tels que les estrades de chantre, la Torah et ses accessoires, les «Hannoukia» (chandeliers de «Hanoucca»), les lampes à huile, les lampes éternelles («Ner tamid»), les manuscrits religieux et autres artefacts associés.
Le Musée de la culture juive à Fès aura ainsi pour mission de souligner les caractéristiques de la culture juive au Maroc, ainsi que de mettre en évidence la cohabitation de la communauté hébraïque avec les communautés amazighes et arabes, fait spécifique qui conforte, dans la région, ladite exception marocaine.
La poterie du Rif et du pré-Rif
Parallèlement, le Musée Borj Belkari à Meknès dédiera ses espaces à la splendeur de la poterie du Rif et du Pré-Rif. Niché dans un bastion alaouite imprégné d'histoire, qui s'intègre dans la célèbre muraille Ismaélienne érigée sous l'égide du Sultan Moulay Ismail (1672-1727), Le Musée bénéficie d’emblée du statut de monument historique depuis 1932. La collection censée y prendre place sera issue des échanges avec d'autres musées et des acquisitions auprès des ateliers de poterie.
La collection permanente rassemblera des poteries préhistoriques, antiques et islamiques, issues de toutes les régions du Royaume. Pour la petite histoire, la poterie traditionnelle de la région Rif et pré-Rif est une pratique largement féminine, destinée tout d’abord aux besoins des ménages. Ainsi, les femmes continuent à transmettre leur savoir-faire de génération en génération, pour façonner des jarres («khabias»), des cruches («Guembours»), des gobelets («Ghorrafs»), des soupières («Jabbanas») et des pots à beurre («Qallouch»).
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