Pourquoi le monde musulman ne veut pas voir Wonder Woman (info # 020207/17)[Analyse]
Par Guy Millière © MetulaNewsAgency
Le film Wonder Woman, qui remporte un succès planétaire, est boycotté dans le monde musulman. Le discours le plus souvent utilisé pour expliquer ce boycott est que l’actrice principale est une juive israélienne qui a un passé militaire dans Tsahal. Ce discours correspond à une réalité : le monde musulman est très antisémite et un film dans lequel l’actrice principale est juive ne peut qu’y susciter le rejet. Le monde musulman est aussi très anti-israélien, et dans nombre de pays musulmans, jusqu’à ce jour, Israël est un pays qui ne figure pas sur les cartes de géographie et dont on parle en utilisant des circonlocutions du type “l’entité sioniste”, tout en prônant sa destruction totale aux fins que le dar al islam inclue à nouveau le territoire d’Israël en en chassant tous les Juifs, après en avoir tué un grand nombre (dans la logique islamique, avoir créé un pays non musulman en terres incluses dans le dar al-islam est un crime, et le fait que des Juifs, ces êtres inférieurs, aient prétendu faire renaitre un pays juif en est un autre). La terre d’islam a autrefois englobé le territoire d’Israël par la conquête.
Le rejet du film par la quasi-totalité du monde arabe démontre qu’il est incapable de supporter, qu’en supplément d’être juive et israélienne, l’actrice principale ait été militaire et se soit comportée de façon remarquable durant son service militaire, ce qui ne peut que susciter une rage musulmane.
Il y a néanmoins une autre dimension qui ne peut que provoquer l’exécration du film dans le monde musulman : le personnage incarné par l’actrice juive israélienne est un personnage qui gagne au combat contre des armées bien supérieures en nombre. Dans le subconscient du monde musulman, cela renvoie à l’évidence aux défaites militaires subies par les armées musulmanes face à Israël. Et d’ailleurs, des commentateurs de plusieurs pays musulmans ont rendu cette dimension subconsciente très consciente et ont défini le film comme procédant d’une véritable insulte au monde musulman tout entier.
Le fait que le personnage soit une femme est décrit par ces commentateurs comme un supplément à l’insulte. Qu’une femme juive israélienne qui a combattu dans Tsahal joue dans un film montrant une victoire sur des armées bien supérieures en nombre est déjà inadmissible, mais que ce personnage soit une femme tutoie l’inadmissible.
Dans l’islam, une femme est inférieure aux hommes et leur est subordonnée. Elle n’est jamais un être majeur et est définie par le Coran comme un champ de labour, un être immature valant la moitié d’un homme, et qu’un mari à la droit de frapper. Elle doit, en supplément, être pudique, discrète, porter le voile. Elle peut servir de bombe humaine à la rigueur (quelques attentats suicides islamiques ont été perpétrés par des femmes), mais elle n’est pas censée se battre les armes à la main, ce qui est la prérogative des hommes. Et il serait difficile de savoir ce qu’une femme mourant en martyr pourrait faire des soixante-douze vierges promises aux hommes tombés au djihad et censés rejoindre le paradis d’Allah.
Le boycott du film Wonder Woman dans le monde musulman est absolument logique. Il montre de manière ostensible la plupart des blocages qui font que ce monde ne peut entrer dans la modernité, se trouve heurté de plein fouet par celle-ci, et perçoit la modernité avec un effroi dont les conséquences sont souvent, trop souvent, mortifères. Il montre aussi pourquoi le monde musulman aujourd’hui est profondément stérile et dangereux.
Un monde imprégné d’un racisme pathologique à l’encontre de toute une catégorie d’êtres humains est un monde malade. Un monde où l’on nie le droit d’un peuple à disposer de lui-même sous prétexte d’irréversibilité des conquêtes islamiques est un monde vecteur de bellicisme et d’instabilités, ce qu’on ne peut que constater tous les jours. Un monde où les femmes sont traitées en êtres inférieurs est un monde où l’égalité de droit (sans laquelle le droit naturel des êtres humains n’existe pas) est impensable, et donc un monde arbitraire.
Quelques intellectuels musulmans se sont penchés et se penchent encore sur la dangereuse stérilité du monde musulman. Il serait urgent qu’ils soient entendus. Je crains qu’ils ne le soient pas.
L’islam, en surface, apparait divisé en courants, mais fondamentalement, matriciellement, il est un dogme que rien, depuis quatorze siècles, n’est parvenu à faire bouger.
Les quelques penseurs qui servent de référence et de cache misère dans le monde musulman (Ibn Sina, Ibn Rushd, Ibn Khaldun) ont disparu il y a plus de sept siècles. Depuis, la dangereuse stérilité règne.
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