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Pourquoi les Israéliens fuient la victoire par Daniel Pipes

Pourquoi les Israéliens fuient la victoire
par Daniel Pipes

Version originale anglaise: Why Israelis Shy from Victory

Imaginez qu'un jour, un président américain dise à un Premier ministre israélien : « L'extrémisme palestinien nuit à la sécurité des États-Unis. Nous avons besoin de vous pour y mettre fin en remportant la victoire sur les Palestiniens. Faites ce qu'il faut en prenant toutes les précautions légales, morales et pratiques. Imposez-leur vos volontés. Inspirez-leur le sentiment de la défaite de sorte qu'ils abandonnent ce rêve, vieux de 70 ans, d'éliminer Israël. Gagnez votre guerre. »

Depuis longtemps déjà, les présidents américains ont coutume de rencontrer les Premiers ministres israéliens, à commencer par Harry Truman et David Ben Gourion (avec, à l'arrière-plan, Abba Eban), le 8 mai 1951.

Quelle pourrait-être la réponse du Premier ministre ? Saisirait-il l'occasion pour réprimer les incitations et les actes de violence parrainés par l'Autorité palestinienne (AP) ? Informerait-il le Hamas que chaque agression signifierait l'arrêt temporaire de toutes les fournitures d'eau, de nourriture, de médicaments et d'électricité ?

Ou alors, déclinerait-il l'offre ?

Mon pronostic : après d'intenses consultations avec les services de sécurité israéliens et des échanges animés lors des réunions du gouvernement, le Premier ministre répondrait au président : « Non, merci. Nous préférons que les choses restent comme elles sont. »

Étant donné la façon dont l'AP et le Hamas s'emploient à éliminer l'État juif, la violence persistante à l'encontre d'Israéliens et la manière dont la propagande palestinienne porte atteinte à l'image d'Israël dans le monde, est-ce vraiment une réponse à laquelle on pourrait s'attendre ? Eh bien oui ! Et ce, pour quatre raisons : une croyance largement répandue chez les Israéliens selon laquelle la prospérité finit par avoir raison de l'idéologie, la fascination produite par la détermination palestinienne, la culpabilité juive et la timidité des services de sécurité. Chacun de ces motifs peut être aisément réfuté.

La prospérité ne met pas un terme à la haine
 
De nombreux Israéliens pensent que si les Palestiniens tirent suffisamment profit des bienfaits que leur procure le sionisme notamment sur le plan économique, médical et légal, ces derniers se laisseront fléchir et accepteront la présence juive. Fondée sur l'idée marxiste selon laquelle l'argent importe davantage que les idées, cette conception implique l'idée selon laquelle de bonnes écoles, de belles voitures neuves et de beaux appartements sont l'antidote aux rêves islamistes ou nationalistes palestiniens. Comme les habitants d'Atlanta, les Palestiniens seraient ainsi trop occupés pour haïr [too busy to hate, expression utilisée à Atlanta dans les années 50-60 dans le cadre de la lutte contre les haines raciales, NdT].

Cette idée qui a germé il y a plus d'un siècle, a connu un pic au moment des accords d'Oslo en 1993 et est étroitement associée à la personne du ministre des Affaires étrangères de l'époque, Shimon Peres, auteur du livre intitulé The New Middle East [publié en français la même année sous le titre Le Temps de la paix, NdT]. Peres voulait transformer Israël, la Jordanie et les Palestiniens en une sorte de Benelux du Moyen-Orient. Plus pompeusement, sa vision cherchait à imiter l'accord franco-allemand conclu au terme de la Deuxième Guerre mondiale. À cette époque les relations économiques avaient permis de mettre un terme à l'inimitié historique et à créer des relations politiques positives.

C'est dans cet esprit que les dirigeants israéliens travaillent depuis longtemps au développement de l'économie de la Cisjordanie et de Gaza. Ils ont fait pression sur des gouvernements étrangers pour financer l'AP. Ils ont fourni une aide à Gaza en subventionnant l'eau et l'électricité et en aménageant des installations de désalinisation de l'eau. Ils ont proposé un soutien international pour la construction d'une île artificielle au large de la côte de Gaza comprenant un port, un aéroport et une station touristique. Ils ont même donné à Gaza un gisement de gaz.
 
Mais tous ces efforts ont lamentablement échoué. La colère des Palestiniens envers Israël demeure intacte. Par ailleurs, les gestes de bonne volonté ont rencontré non pas de la gratitude mais du rejet. À titre d'exemple, face au retrait unilatéral de tous les Israéliens de la Bande de Gaza en 2005, leurs serres ont été cédées aux Palestiniens en signe de bonne volonté et ont été immédiatement pillées et détruites.

Peut-être plus flagrants encore sont les exemples de Palestiniens soignés dans des hôpitaux israéliens qui manifestent leur gratitude en essayant de massacrer leurs bienfaiteurs. En 2005, une femme gazaouie de 21 ans a été soignée avec succès à Beersheba pour des brûlures occasionnées par l'explosion d'une bombonne de gaz. En guise de remerciement, elle a tenté de commettre un attentat-suicide contre l'hôpital. En 2011, une mère gazaouie dont l'enfant dépourvu de système immunitaire avait été sauvé dans un hôpital israélien, a annoncé face à une caméra qu'elle voulait voir grandir son fils pour qu'il devienne kamikaze. En 2017, deux sœurs venues de Gaza en Israël pour que l'une d'elles puisse recevoir un traitement contre le cancer, ont tenté de faire passer en contrebande des explosifs au profit du Hamas.

Pourquoi cet échec ? Le modèle franco-allemand comportait un élément absent du cas israélo-palestinien : la défaite des nazis. La conciliation s'est produite non pas au moment où Hitler était encore au pouvoir mais après la défaite de Hitler et l'anéantissement de son projet. En revanche, la grande majorité des Palestiniens continue à croire qu'ils peuvent gagner (c'est-à-dire éliminer l'État juif). Ils considèrent également avec suspicion les efforts déployés pour développer leur économie : cette situation permettrait à Israël d'établir discrètement un contrôle hégémonique.

Dès 1923, le leader sioniste Vladimir Jabotinsky avait pressenti cet échec, qualifiant de puéril le fait de « penser que les Arabes consentiront de plein gré à la concrétisation du sionisme en échange d'avantages culturels et économiques que nous pourrions leur procurer. »

Plus généralement, l'augmentation des financements octroyés aux Palestiniens n'a pas enfanté l'individualisme ou le consumérisme mais la rage. Comme on pouvait s'y attendre, le fait d'aider un ennemi à développer son économie alors que la guerre est toujours en cours revient à lui fournir les ressources qui lui permettent de poursuivre la lutte. L'argent a alimenté les incitations à la violence, le culte du « martyre » et servi à l'achat d'armes et à la construction de tunnels destinés à commettre des attentats. Il y a dix ans, Steve Stotsky a démontré à quel point il existe une étroite corrélation entre le financement de l'Autorité palestinienne et les attentats visant les Israéliens. À l'aide d'un graphique, il a montré qu'une aide de 1,25 million de dollars se traduisait par le meurtre d'un Israélien supplémentaire.

Malgré la déception constante, le fait que la prospérité des Palestiniens conduise à la conciliation est une croyance israélienne bien ancrée. Manifestement la victoire n'exerce aucun attrait sur des Israéliens qui continuent à croire, avec la force du désespoir, en la magie des belles voitures neuves.

L'histoire montre que les guerres prennent fin non pas en enrichissant l'ennemi mais en le privant de ressources, en réduisant ses capacités militaires, en démoralisant ses partisans, en attisant la révolte du peuple. C'est ainsi que depuis toujours, les armées coupent les voies d'approvisionnement, affament les villes, installent des barrages et appliquent des embargos. À cette aune, si l'État d'Israël venait à engager une guerre de type économique en retenant l'argent des impôts, en refusant l'entrée aux travailleurs et en arrêtant les ventes d'eau, de nourriture, de médicaments et d'électricité, ses actions le conduiraient à la victoire.

Quant à l'argument selon lequel c'est la situation économique désespérée des Palestiniens qui mène à plus de violence, il s'agit d'un canard. Seuls les gens qui gardent l'espoir de gagner un jour continuent à recourir à la violence. En revanche ceux qui ont perdu abandonnent, pansent leurs plaies et commencent à se reconstruire en tenant compte de leurs échecs. Pensons aux États du Sud des États-Unis en 1865, au Japon en 1945 ou encore aux États-Unis en 1975.

La détermination palestinienne

Certains observateurs avancent l'argument selon lequel le sumud (constance) des Palestiniens est trop vivace pour permettre une victoire israélienne. Dans une lettre qu'il m'adressait en avril 2017, l'historien Martin Kramer exposait son point de vue :

En 1948, la moitié de la population palestinienne (700.000 habitants) a pris la fuite. En 1967, avec la fuite de 250.000 Palestiniens de plus, c'est la totalité de la Palestine qui a été perdue. Leur mouvement de « libération » créé ensuite a été conduit par des forces dévastatrices provenant de Jordanie et du Liban. Selon les Palestiniens, les Israéliens ont tué leur héros et dirigeant, Arafat. Pourtant, rien de tout cela ne les a convaincus du caractère définitif de leur défaite. À la lumière de ces événements, je ne vois pas comment les mesures en comparaison modestes qu'Israël peut prendre en temps de paix pourraient les persuader qu'ils ont perdu.

Les Palestiniens reçoivent des coups depuis un siècle et maintiennent leur ligne de pensée. Ils pourront donc endurer tout ce qu'Israël pourra leur faire subir. Quelle que soit la raison – foi islamique, influence persistante d'Amin al-Husseini, réseau de soutien international exceptionnel – ce courage extraordinaire semble indiquer que la détermination palestinienne ne se brisera pas.

Quelle réponse à donner à cette attitude ? Entre 1948 et 1993, Israël était sur la voie de la victoire mais le désastre que représentent les Accords d'Oslo a fait dérailler la machine. En 1993, après la chute de l'Union soviétique et la défaite de Saddam Hussein, la détermination palestinienne était brisée. C'est à ce moment que Yasser Arafat a serré la main du Premier ministre israélien et reconnu l'État d'Israël.

Ensuite, au lieu de bâtir sur cette victoire, les Israéliens se sont retirés unilatéralement de certains territoires (Gaza-Jéricho en 1994, les zones A et B de Cisjordanie en 1995, le Liban en 2000 et Gaza en 2005), jetant la confusion dans l'esprit des Palestiniens qui croyaient avoir gagné. En 2007, après ces différents retraits, Jérusalem a abandonné tout plan à long terme et s'est contentée d'éteindre les incendies. Quel a été ensuite l'objectif d'Israël pour Gaza ? En fait, aucun.

Ainsi donc, l'histoire d'Israël se divise entre 45 années de marche vers la victoire et 25 années de mouvements erratiques. Pour remédier à ces erreurs il faut revenir à l'objectif de la victoire.

La culpabilisation juive

En tant que peuple le plus persécuté de l'histoire – victimes de persécutions religieuses, de racisme, de pogroms et de l'Holocauste – les Juifs ont développé un sens aigu de la moralité. Contraindre les Palestiniens à subir la terrible épreuve de la défaite est une idée à laquelle la plupart des Juifs israéliens et de la diaspora répugnent. Dans leur grande majorité, les Juifs préféreraient utiliser la carotte plutôt que le bâton, la raison plutôt que la coercition.

C'est entre autres ce qui explique pourquoi, durant la guerre entre Israël et le Hamas en 2014, la compagnie d'électricité israélienne a envoyé des techniciens au péril de leur vie réparer des câbles électriques allant vers Gaza et détruits par une roquette du Hamas.

De la même manière, quand au début de 2018, la situation économique à Gaza a empiré, on aurait pu s'attendre à ce que les Israéliens juifs, objets des intentions meurtrières du Hamas, manifestent de l'indifférence voire de la satisfaction face aux problèmes de leurs ennemis. Or, ce ne fut pas le cas. Comme le titrait un journal : « Quand Gaza voit poindre la famine, c'est Israël et non le reste du monde, qui s'avère être le plus inquiet. » Cette attitude avait pour partie des motivations pratiques – l'inquiétude face aux conséquences pour Israël de l'effondrement de Gaza – mais elle avait aussi une dimension morale : les juifs prospères d'Israël ne peuvent pas rester les bras croisés face à des voisins qui, bien qu'hostiles, sont en train de sombrer.

Un autre exemple est survenu plus tard dans l'année 2018, quand le Hamas a mis au point des armes sous forme de cerfs-volants enflammés que Tsahal n'a pu arrêter. Gadi Eizenkot, chef d'état-major de l'armée israélienne, s'en est expliqué lors d'un échange avec le ministre de l'Éducation Naftali Benett dans le cadre d'une réunion à huis clos du gouvernement.

Gadi Eizenkot et Naftali Bennett.
 
Bennett : Pourquoi ne pas tirer sur quiconque fait usage d'armes aériennes [y compris des ballons et des cerfs-volants] contre nos communautés. Il n'y a pas de restrictions légales. Pourquoi ne pas tirer sur eux plutôt que d'adresser des tirs de sommation ? Il s'agit tout de même de terroristes.

Eizenkot : Je ne crois pas que tirer sur des enfants et des jeunes qui font voler des ballons et de cerfs-volants est la bonne chose à faire.

Bennett : Et qu'en est-il de ceux qui sont clairement identifiés comme étant des adultes ?

Eizenkot : Seriez-vous en train de suggérer de lâcher une bombe sur des gens qui font voler des ballons et des cerfs-volants ?

Bennett : Oui.

Eizenkot : C'est contraire à mon positionnement opérationnel et moral.

Évidemment, ce genre de « positionnement moral » constitue un obstacle à la victoire.

Et pourtant. Alors que les habitudes de votes et les sondages montrent que ce point de vue demeure plus fort que jamais dans la diaspora, particulièrement aux États-Unis, les juifs israéliens ont adopté une opinion plus dure. Une fois que les concessions douloureuses aux Palestiniens ont produit non pas de la gratitude mais de la violence, de nombreux juifs israéliens ont désespéré de la méthode douce et sont devenus prêts à imposer leur volonté aux Palestiniens au moyen de mesures musclées. La réflexion d'Eizenkot a suscité de la colère. Un sondage réalisé récemment a montré que 58 % des Israéliens juifs étaient d'accord avec le fait qu'un « accord de paix ne sera possible avec les Palestiniens que s'ils reconnaissent qu'ils ont perdu la guerre contre Israël. »

Timidité des services de sécurité

Deux organes de sécurité israéliens opèrent côte-à-côte : l'un qui combat pour gagner, se charge de l'Iran et d'autres ennemis éloignés ; l'autre, de type policier, se charge des Palestiniens. Le premier vise la victoire, l'autre l'apaisement. C'est Entebbe face à Jénine. C'est voler les archives nucléaires iraniennes d'une part, et laisser faire les pyromanes aux cerfs-volants d'autre part.

Les responsables en matière de sécurité optant pour la voie défensive ont un poids énorme car c'est souvent eux qui ont le dernier mot dans la politique palestinienne. L'incident sur le Mont du Temple survenu en juillet 2017 en est un exemple. Après le meurtre de deux policiers israéliens par des djihadistes palestiniens à l'aide d'armes cachées sur l'esplanade sacrée, le gouvernement israélien a placé des détecteurs de métaux à l'entrée du Mont du Temple, une mesure en apparence peu susceptible de controverse. Or, le Fatah a demandé le retrait du dispositif et malgré le souhait de la grande majorité de la population et des dirigeants en Israël de voir les détecteurs de métaux maintenus, le dispositif a rapidement disparu. Motif : les responsables de la sécurité – notamment la police, la police des frontières, Shabak, le Mossad et l'armée – ont indiqué que le fait de laisser les détecteurs en place irriterait les Palestiniens et pourrait conduire à des actes de violence, au chaos et même à un effondrement.

Les services de sécurité veulent éviter les agressions au couteau, les attentats-suicides, un barrage de missiles en provenance de Gaza ou encore une nouvelle intifada. Mais surtout, ils craignent l'effondrement de l'Autorité palestinienne ou du Hamas qui obligerait un retour du contrôle direct israélien sur la Cisjordanie et Gaza. Pour reprendre les termes de l'ancien député Einat Wilf :

Comme les responsables de la défense pensent que les fonds alloués à Gaza permettent d'obtenir l'apaisement, ils feront tout ce qui est possible pour maintenir les flux financiers même si cela signifie que l'apaisement s'acheter au prix d'une guerre qui se poursuivra pendant des décennies.

En faisant de l'apaisement la priorité, les services de sécurité rejettent les mesures énergiques et considèrent la victoire comme inaccessible.

Cette timidité explique d'autres faits surprenants à propos du gouvernement israélien, plus particulièrement quand ce dernier :

Autorise des constructions illégales ; 
Ferme les yeux sur les vols d'eau et d'électricité ; 
Évite les initiatives qui pourraient provoquer la colère des dirigeants palestiniens comme le gel de leurs revenus parallèles, l'application de la loi, la réduction de leurs prérogatives ou leur répression. 
S'oppose au gouvernement américain qui réduit fortement l'aide accordée aux Palestiniens. 
N'arrête pas la destruction des trésors archéologiques du Mont du Temple. 
Relâche des meurtriers condamnés et rend les corps de meurtriers décédés. 
Permet au Hezbollah de se procurer plus de 100.000 roquettes et missiles pour ensuite élaborer des plans d'évacuation pour 250.000 Israéliens. 
Encourage depuis des décennies le financement de l'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) 
Premièrement, les gouvernements israéliens bâtis sur des coalitions multipartites ont, selon la description de Jonathan Spyer, tendance « à éviter de se concentrer sur des dossiers stratégiques à long terme et préfèrent gérer les menaces immédiates. » Pourquoi s'attaquer à un problème alors qu'on peut le remettre à plus tard ?

Deuxièmement, les services de sécurité israéliens sont fiers de traiter les problèmes concrets qui se posent ici et maintenant et non pas des abstractions. Leah Rabin, l'épouse de Yitzhak Rabin, expliquait un jour l'état d'esprit de son mari : « Il était très pragmatique, détestait s'atteler à quelque chose qui arriverait des années plus tard. Il pensait seulement à ce qui allait arriver dans l'immédiat, dans un futur très proche. » Ou pour le dire dans les termes d'un lieutenant qui donnerait ce commandement à ses troupes : « Sécurisez la zone jusqu'à la fin de votre service. »

Troisièmement, à l'instar de la police qui considère les criminels comme d'incorrigibles provocateurs, les responsables rabougris de la sécurité israéliens considèrent les Palestiniens comme des adversaires semblables à des animaux. Incapables d'imaginer que les Palestiniens puissent faire autre chose qu'attaquer les Israéliens, ils rejettent l'objectif de la victoire. Des lions peuvent-ils obtenir une victoire permanente face à des hyènes ? Les gens des services de sécurité ressemblent souvent aux gens de la gauche. Mais de toute évidence ils ne le sont pas. Car c'est une expérience longue et amère qui définit leur attitude et non un idéalisme vaporeux. C'est pourquoi les Commanders for Israel's Security (chefs de la sécurité israélienne), un groupe rassemblant près de 300 officiers de Tsahal à la retraite ayant atteint le rang de général et représentant 80 % de cette catégorie, optent pour la solution à deux États, soit près de deux fois plus que celle de la population juive israélienne en général.

Quatrièmement, les gens de la sécurité israélienne trouvent en général que les circonstances du moment sont acceptables et ne veulent pas de changement. Malgré toutes ses défaillances (et contrairement à l'époque d'Arafat), l'AP dirigée par Mahmoud Abbas est un partenaire à part entière. Certes, elle incite au meurtre d'Israéliens et veut délégitimer l'État d'Israël mais ces agressions valent mieux que de se risquer à punir Abbas, réduire son statut et susciter une nouvelle intifada. Cette attitude induit une certaine prudence face au changement, du scepticisme face à une approche plus ambitieuse et de la réticence par rapport à des initiatives qui pourraient provoquer l'ire palestinienne.

Cinquièmement, parce que les Palestiniens manquent de force militaire, ils sont vus comme des criminels plus que comme des soldats. En conséquence, la force militaire qu'était l'armée israélienne s'est muée en une force de police dotée d'une mentalité défensive. Les généraux cherchent la victoire alors que les chefs de police cherchent à protéger des vies. La fait de sauver des vies implique de considérer la stabilité comme un objectif en soi. Les généraux n'engagent pas la bataille dans le but de sauver la vie de leurs soldats. Or, c'est la façon dont les chefs de police perçoivent la confrontation avec les criminels.

Sixièmement, le Four Mothers Movement (mouvement des quatre mères) de 1997-2000 a traumatisé l'armée israélienne. Ce mouvement est parvenu à susciter une réaction émotionnelle contre l'occupation du Sud Liban qui a poussé à un retrait humiliant. Cette insistance sur le fait de sauver des vies de soldats plutôt que d'atteindre des objectifs stratégiques demeure une préoccupation constante des dirigeants de l'armée israélienne.

En somme la principale opposition à une victoire israélienne ne vient pas de cette malheureuse gauche mais bien des services de sécurité. Heureusement, il y a parmi les responsables de la défense des dissidents qui recherchent à la fois le leadership politique et la victoire d'Israël. Gershon Hacohen, qui appelle les dirigeants politiques à exercer leur jugement de façon indépendante, en est un bon exemple. Yossi Kuperwasser en est un autre.

Conclusion

Tous ceux qui espèrent une solution au problème palestinien devraient exhorter le gouvernement israélien à faire pression sur l'AP et le Hamas. Ce qui serait également profitable aux Palestiniens. En effet, cela les libérerait de leur obsession à propos d'Israël et leur permettrait de travailler à leur propre développement politique, économique, social et culturel. Tout le monde gagnerait à voir une victoire d'Israël et une défaite palestinienne.

Quand un président américain donne le feu vert, le Premier ministre israélien doit agir en conséquence.

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