Quelle heure est-t-il dans ce mellah?
Serge Ouaknine
Point de folklore, point de femmes voilées aux bijoux d’argent dans la peinture de Maxime Ben Haïm. Ici la densité de la présence a la discrétion du parfum que la fleur nous laisse. Sont- elles juives, berbères, arabes ?
Toutes confondues à un archétype de l´esclave dont les yeux disent ce dedans cet intérieur de la maison sereine où elles sont reines- du corps et du lieu- hôtesses d´une éternité moins violente que les palmeraies et les souks millénaires. Ruelles, pans de murs, maisons mauresques, ont une érotique silencieuse cachée dans la structure du tableau, dans ses plans simples, ses jeux de tons, ses architectures vides en attente, entre deux lumières.
Le peintre nous rappelle à une forme de silence. Non que la vie soit absente du tableau, mais qu'elle est rejetée dans sa mémoire pour qu'elle soit aussi la nôtre. Quelle heure est-t-il dans ce mellah où les êtres ont déserté rues, portes, fenêtres et marches d’escalier du Maroc, comme s'il ne restait plus que le décor dépeuplé de ses êtres, la scène vide de son théâtre.
Maxime Ben Haïm n’illustre pas la nostalgie des lieux de son enfance, il la métamorphose en nappes de fêtes, en plans simples, en couleurs à peine griffées de quelques pâtes qui donnent au glissement du pinceau un léger relief, comme ces murs repeints à la chaux au printemps, donnant soudain à la ville à hauteur d’homme une allure de plage embaumée de vents.
Tableaux hors du temps, traces épurées de la mémoire. Tableaux à voir comme une relation vivante entre le souvenir et nous. Épidermes donc, ces peintures. Ici et là, les murs et les femmes se confondent en de troublantes similitudes.
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