Russie-Ukraine – Israël refuse d’être entre l’enclume et le marteau, par Freddy Eytan
La récente visite du ministre des Affaires étrangères, Elie Cohen, en Ukraine, n’a pas vraiment modifié la position israélienne à l’égard de l’invasion russe. Pour plusieurs raisons, Israël continue à réagir prudemment. Plus d’une année après le déclenchement de la guerre, l’embarras demeure. Toutefois, la situation a évolué avec l’intervention de l’Iran dans le conflit, et suite aux fortes pressions américaines et européennes sur le gouvernement Nétanyahou. Après l’accueil très chaleureux réservé au président Zelensky à Washington, à Londres, à Paris et à Bruxelles, quel camp Jérusalem devra choisir dans ce conflit ?
Tous les soviétologues, les experts en géopolitique, les services de renseignement, et les anciens généraux, prétendent de connaître la marche à suivre, mais en réalité, ils ignorent les véritables intentions du maître du Kremlin. Une évidence, tant que Poutine n’obtiendra pas ses revendications un retrait définitif des troupes russes de l’Ukraine est exclu.
La situation est donc complexe. Nous appartenons au camp démocratique occidentale. Dans le contexte géopolitique actuel et devant un retour possible à une nouvelle guerre froide entre les grandes puissances, nous devrons maintenir avec la Russie des relations prudentes et ne pas donner à Poutine carte blanche. Les mises en garde de Moscou concernant l’Ukraine ou les frappes israéliennes contre l’acheminement d’armes iraniennes en Syrie ne doivent pas être prises à la légère.
Israël ne peut être indifférent devant les communautés juives en détresse. Il se trouve dans l’obligation de répondre aux appels du président ukrainien de mettre fin à la guerre et apporter une aide humanitaire et aussi des moyens militaires dans le but de se défendre.
Comment être indifférent devant les poignants reportages, les images choc en provenance du champ de bataille. Face aux cris de détresse des centaines de milliers de réfugiés cherchant un abri, un foyer, un havre de paix.
Fort heureusement, les nouvelles technologies de communication, les réseaux sociaux peuvent nous informer en permanence et même sauver des vies humaines, ce qui n’était pas le cas lors de la Deuxième guerre mondiale durant la barbarie nazie.
Durant ces années sombres, c’est sur le territoire russe, et en particulier en Ukraine, que les Juifs sont massacrés en plus grand nombre, avec la complicité des résidents locaux. La vague antisémite qui déferle sur Kiev pendant la guerre aboutira à un massacre terrifiant et sans précédent. Le 29 et le 30 septembre 1941, 33 771 Juifs, hommes, femmes et enfants sont assassinés sauvagement dans les forêts de Babi Yar. Durant cette année, les nazis ont assassiné dans ce lieu, plus de cent mille personnes, la majorité étant juive. Après la guerre, la vérité sur ce massacre est étouffée par les autorités soviétiques, aucun monument aux morts n’est édifié.
La visite du ministre israélien au mémorial de Babi Yar rappelle des vérités historiques. Un rappel au monde libre pour ne jamais oublier.
Dans ce nouveau contexte international, comment Israël-avec sa puissance armée mais avec ses modestes moyens- peut sauver les Juifs en détresse et maintenir des bonnes relations diplomatiques avec toutes les parties.
Après une valse-hésitation et plusieurs maladresses, il semble que le gouvernement israélien a choisi la bonne voie. A l’Assemblée générale de l’ONU Israël ne peut s’abstenir comme l’a fait l’Iran, ni se ranger avec des régimes totalitaires telle que la Corée du Nord.
La mobilisation des Juifs de la diaspora, ce magnifique vent de solidarité, et l’aide humanitaire distinguent honorablement l’Etat d’Israël. Un geste après l’autre, Israël affiche plus fermement son soutien aux Ukrainiens. Eli Cohen, a assisté à la réouverture de l’ambassade à Kiev et s’est entretenu franchement avec le président Zelensky, en toute amitié. Israël reste attaché à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Il continuera à apporter son assistance humanitaire et médicale comme il le fait souvent dans des pays en détresse, notamment après le terrible séisme en Turquie.
Dans le domaine militaire, Israël aidera l’Ukraine à développer un système d’alerte aux raids aériens mais ne peut, pour l’heure, fournir des batteries Dômes de fer. Cela aussi compliquerait les relations avec la Russie et la marge de manœuvre de l’aviation israélienne en Syrie malgré le fait que la présence russe dans ce pays voisin est plus limitée que par le passé.
Une délégation militaire ukrainienne est venue en novembre dernier en Israël, tandis que des anciens officiers israéliens forment les Ukrainiens au combat urbain. Nous pouvons également fournir de précieux renseignements sur les drones iraniens et des photos satellite sur les positions russes. Enfin, nous avons permis à l’armée américaine d’utiliser leurs stocks de munitions entreposés dans nos bases pour les offrir à l’Ukraine.
Le voyage d’Elie Cohen à Kiev a réussi à clarifier la position israélienne sans pour autant se brouiller avec Poutine. Avec le maître du Kremlin, l’entente sera faite prochainement avec Nétanyahou.
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