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Ruth Bader Ginsburg, juge à la Cour suprême des Etats-Unis, est morte à l’âge de 87 ans

Ruth Bader Ginsburg, juge à la Cour suprême des Etats-Unis, est morte à l’âge de 87 ans

Deuxième femme de l’histoire américaine à siéger au sein de la Cour suprême, icône de la gauche progressiste, cette juriste devenue phénomène culturel avait fait de l’égalité des sexes son combat.

« RBG » n’est plus et la gauche américaine a perdu son icône. Deuxième femme de l’histoire des Etats-Unis à siéger au sein de la Cour suprême, Ruth Bader Ginsburg y a défendu sans relâche l’égalité des sexes. De loin la plus connue des juges de la plus haute instance juridique du pays, elle était adulée par les progressistes et détestée par les conservateurs. Elle est morte, vendredi 18 septembre, à l’âge de 87 ans, des suites d’un cancer du pancréas dans sa maison de Washington.

Joan Ruth Bader naît le 15 mars 1933 à Brooklyn, à New York, au sein d’une famille juive qui abandonne rapidement l’usage de son premier prénom, jugé trop courant à l’époque. Privée d’université du fait de son sexe, elle est incitée à poursuivre ses études par sa mère, emportée par un cancer alors que sa fille est encore au lycée. Brillante, Ruth Bader Ginsburg intègre l’université Cornell, membre du club prestigieux de l’Ivy League, où elle rencontre son futur mari, Martin Ginsburg. Puis elle intègre l’école de droit de Harvard. Il s’agit alors d’un bastion presque exclusivement masculin dont le doyen demande aux rares femmes admises pourquoi elles viennent prendre « la place d’un homme compétent ».

Plafond de verre

Après un passage par l’école de droit de Columbia, à New York, pour suivre son époux, Ruth Bader Ginsburg se lance dans une carrière universitaire où elle ne cesse de se heurter à un plafond de verre lié à son sexe. Un séjour en Suède, pays plus progressiste, lui permet d’aiguiser ses convictions. De retour aux Etats-Unis, elle fonde en 1970 la première revue juridique exclusivement consacrée aux droits des femmes. Deux ans plus tard, elle participe au lancement d’une section similaire au sein de la puissante association American Civil Liberties Union (Union américaine pour les libertés civiles, ou ACLU). Sa détermination de guerrière se manifeste par une série de victoires devant la Cour suprême dans des affaires de discriminations liées au sexe. Elle choisit avec soin des cas montrant que ces discriminations peuvent également pénaliser les hommes.

En avril 1980, le président démocrate Jimmy Carter consacre sa réputation naissante par une nomination à la prestigieuse cour d’appel du district de Columbia, considérée comme une antichambre de la Cour suprême. Elle y gagne le respect du juge conservateur Antonin Scalia, qui la précède au sein de la plus haute instance juridique du pays. Leur passion commune pour l’opéra et les talents culinaires de Martin Ginsburg seront à l’origine d’une longue amitié, en dépit de leurs profondes divergences philosophiques.

En 1993, le président démocrate Bill Clinton la nomme à la Cour suprême où elle rejoint la première femme nommée en 1981 par Ronald Reagan, Sandra Day O’Connor. Considérée comme modérée lors de sa nomination, elle se déporte rapidement sur sa gauche, au point de devenir, de par ses avis, la juge la plus progressiste de cette instance jusqu’à la nomination de Sonia Sotomayor, en 2009.

Mugs, gym et films

C’est à cette époque que la juriste devient un phénomène culturel. Elle gagne un surnom, « Notorious RBG », inspiré par le nom de scène d’un rappeur (Notorious BIG), et les collerettes sophistiquées dont elle agrémente son austère robe noire de juge font l’objet d’articles. En 2015, la publication d’un livre hagiographique consacre sa popularité. Sa frêle silhouette est dupliquée à l’infini sur des tee-shirts et des mugs que s’arrache la gauche américaine.

Un film de fiction lui est consacré, de même qu’un documentaire. Ses séances de gymnastique recensées avec soin par son coach personnel deviennent également un succès de librairie. Un opéra-comique en un acte, intitulé sobrement Scalia/Ginsburg, reproduit les joutes des deux amis à la Cour suprême à l’aide d’extraits de leurs interventions. « La beauté de notre Constitution, c’est qu’elle peut, comme notre société, évoluer », s’y exclame Ruth Bader Ginsburg.

Dates

15 mars 1933 - Naissance à New York

1980 - Nommée à cour d’appel du district de Columbia par le président Jimmy Carter

1993 - Nommée à la Cour suprême par Bill Clinton

18 septembre 2020 - Mort à Washington

 

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