Strasbourg : quatre mois de prison pour un livreur Deliveroo ayant refusé des livraisons casher
Un Algérien de 19 ans a été condamné jeudi 14 janvier à quatre mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Strasbourg, pour discrimination à la religion, après avoir refusé de livrer les commandes de deux restaurants casher de Strasbourg.
Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a annoncé sa décision de faire expulser le livreur du territoire français, qui faisait déjà l’objet d’une obligation de quitter le pays.
« Toute discrimination est interdite en France par la loi. On doit respecter tout le monde dans ce pays ». Ce sont les mots qu’a prononcés le président du tribunal correctionnel de Strasbourg Bertrand Gautier après le jugement, prononcé jeudi 14 janvier à l’encontre d’un jeune livreur algérien de 19 ans, travaillant pour l’entreprise de livraison de repas Deliveroo.
Les faits remontent au jeudi 8 janvier après que deux restaurateurs strasbourgeois ont porté plainte contre le livreur. Quand les restaurateurs ont expliqué, à la demande du livreur, qu’ils faisaient de la cuisine israélienne, celui-ci a annulé la prise en charge de leurs commandes sur Deliveroo au motif qu’il « ne livrait pas les juifs ». À l’audience, le livreur a reconnu avoir annulé les commandes, mais a contesté avoir prononcé cette phrase.
En outre, le jeune homme est présent illégalement sur le territoire français, depuis la fin de validité de son visa de tourisme accordé il y a environ un an et demi.
Sous le coup d’une expulsion du territoire français
À l’issue du jugement, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a annoncé sur Twitter avoir pris la décision de le faire expulser du territoire français, alors qu’il faisait déjà l’objet d’une obligation de quitter le territoire français.
Dès l’annonce de la condamnation, certaines associations ont fait part de leur satisfaction, à l’image de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) se félicitant dans un tweet que « la main des juges n’ait pas tremblé devant l’antisémitisme ». Dans un communiqué, le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) dit espérer que l’entreprise de livraison de repas Deliveroo soit « beaucoup plus minutieuse dans ses contrats qu’elle établit avec les sous traitants ».
Alors que l’entreprise avait affirmé lundi 11 janvier qu’elle prenait « cet incident très au sérieux », le président du tribunal a déclaré durant l’audience que l’entreprise n’avait pas été « particulièrement coopérative ni très réactive » avec la police pour identifier ce livreur, qui utilisait les accès à la plateforme d’un tiers et se faisait verser l’argent de ses livraisons sur le compte d’une troisième personne.
Le livreur a également été condamné à verser 1 000 € à chacun des restaurateurs au titre du préjudice moral, ainsi que des dommages et intérêts à SOS Racisme Alsace, au Mrap, à la Licra Bas-Rhin, au BNVCA, au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et au Consistoire israélite du Bas-Rhin, qui s’étaient portés partie civile
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