Turquie : la livre s'effondre, Erdogan dénonce une "guerre économique"
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La livre turque, à l'agonie depuis plusieurs jours, connaissait vendredi une chute abyssale accélérée par l'annonce d'une forte hausse des droits de douane aux Etats-Unis sur l'acier et l'aluminium turcs et la virulente dénonciation par le président Recep Tayyip Erdogan d'une "guerre économique".
La devise turque, qui a perdu près de la moitié de sa valeur face au billet vert depuis le début de l'année, s'échangeait à 6,6115 pour un dollar à 13H35 GMT, soit une baisse vertigineuse de 19% sur la journée. Elle a même brièvement atteint 6,87, son plus bas historique.
Face à cette déroute, le chef de l'Etat turc a appelé ses concitoyens à la "lutte nationale" en échangeant leurs devises étrangères pour soutenir leur monnaie et son appel n'a fait qu'accélérer la baisse de la livre.
Cet effondrement qui pousse la Turquie vers une crise monétaire survient sur fond de fortes tensions diplomatiques entre Ankara et Washington et de défiance croissante des marchés envers l'équipe économique de M. Erdogan.
L'impact en a été ressenti au-delà des frontières turques, les actions de plusieurs banques européennes ayant chuté tandis que Wall Street a ouvert en baisse, ce qui illustre la crainte d'une contagion à l'économie mondiale.
La devise turque connaît une érosion inexorable depuis plusieurs années, mais l'hémorragie s'est aggravée ces derniers jours en raison de la grave crise diplomatique avec les Etats-Unis liée à la détention en Turquie d'un pasteur américain.
Ces deux alliés au sein de l'Otan ont imposé des sanctions réciproques à des responsables gouvernementaux. Si ces mesures sont avant tout symboliques, elles ont inquiété les investisseurs étrangers desquels l'économie turque est dépendante.
Visiblement soucieux d'envoyer des signaux positifs aux marchés, le nouveau ministre des Finances Berat Albayrak, qui est également le gendre du chef de l'Etat turc, a insisté sur l'"importance" selon lui de l'"indépendance de la banque centrale" turque.
Depuis sa nomination à ce poste après la réélection de M. Erdogan en juin, M. Albayrak s'est efforcé sans succès d'apaiser les marchés qui voient d'un mauvais oeil la mainmise croissante sur les affaires économiques du président.
L'agonie de la livre turque cette semaine n'a quasiment pas été traitée par les principales chaînes de télévision et les journaux à grand tirage, pour la plupart contrôlés par le pouvoir.
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