Vers une racialité juive halakhique revendiquée ? (En cours de validation rabbinique en Israël?)
par Claude Timmerman
Dans la série de volumes Responsa Bemareh HaBazak, l’équipe de chercheurs de l’Institut Eretz Hemdah publie des réponses succinctes, approfondies et complètes, aux questions pratiques soulevées par les rabbins à travers le monde.
Cette série offre des solutions aux problèmes halakhiques [modalités d’application de la loi juive] autour de la prière, du Shabbat, des vacances, des mariages, des funérailles et d’autres questions qui se posent généralement lorsque la halakha traditionnelle est confrontée à l’évolution du monde contemporain.
Récemment le quotidien israélien de gauche Makor Rishom a publié un article signalant que, selon les règles nouvellement établies dans Bemarah Gabazek :
« Il est désormais possible de statuer sur la judéité d’un homme ou d’une femme sur la foi d’un simple test génétique. » (sic !)
Selon le rabbin Yossef Carmel, doyen de l’Institut Eretz Hemdah:
« L’analyse du génome mitochondrial, qui est transmis uniquement selon la lignée féminine, rend possible l’identification de ses proches …
S’il peut ainsi être prouvé qu’une femme donnée est la progéniture d’une mère juive, alors sa propre progéniture sera aussi, par sa naissance, reconnue comme juive. »
Il y a déjà plus de dix ans des laboratoires d’analyses génétiques en ont fait leur fonds de commerce avec cette question accrocheuse:
Suis-je Juif? Tests génétiques pour ascendance juive (ADN) – iGENEA
https://www.igenea.com/fr/juifs
Et le journal de conclure que :
« Si cette règle était adoptée par le Grand Rabbinat d’Israël, cela fournirait aux immigrés russes provenant de l’ex-Union Soviétique un moyen officiel d’apporter la preuve de leur judéité. » (sic !)
En fait il s’agirait surtout pour le rabbinat de disposer d’un moyen « scientifique » pour justifier son attitude de rejet d’un nombre de plus en plus important de personnes, placées sur deux « listes noires » (sic !) comme ne pouvant justifier de leur judéité et par là même qui seront interdites de mariage en Israël !
(C’est qu’on appelle « laïcité » dans le régime sioniste.)
En fait, c’est le statut de juif d’un million de personnes qui est menacé, comme le souligne, dans son français approximatif, le site juif orthodoxe israélien de propagande Alyaexpress-news :
« Le Rabbinat en chef ajoute des centaines de personnes chaque année sur deux listes noires de citoyens qui par la suite ne pourront eux et leurs enfants se marier en Israël.
Il y avait 6 787 personnes sur ces listes en mai 2017, le nombre augmenta chaque année, selon les données obtenues par le groupe de conseil et de lobbying des services religieux de l’ITIM par l’intermédiaire d’un ordre de liberté d’information à l’Administration des tribunaux rabbiniques.
Ces listes noires croissantes ont créé le choc pour ces citoyens qui s’identifient et se croient juifs suite à la décision des tribunaux principaux du Rabbinat en Israël. Le nombre croissant de citoyens qui sont ajoutés à ces listes noires semble provenir d’une approche de plus en plus rigide par le rabbinat et les tribunaux rabbiniques quant à la façon de déterminer le statut juif d’une personne, notamment en ce qui concerne les citoyens de l’ex-Union soviétique.
Au cours des six dernières années, un nombre croissant de personnes ont été incapables de prouver de manière satisfaisante leur statut juif aux tribunaux rabbiniques et sont placés dans la liste « De clarification du statut juif » ou ont été déterminés purement et simplement pour être non juifs et sont placés dans la liste « Prévu de se marier ». Si les gens sont sur la liste « Prévu de se marier », ni eux ni leurs enfants ne pourront jamais se marier en Israël. Si les gens sont inscrits dans la liste des obligations de clarification du statut juif, cela signifie qu’ils n’ont pas été en mesure de convaincre l’enquêteur de leur judaïsme et, selon toute vraisemblance, ils ne pourront jamais se marier en Israël.
Il y a eu une augmentation de 100% du nombre de citoyens sur la liste des négociations requises et une augmentation de 450% du nombre de personnes rejetées comme non juives par les tribunaux rabbiniques de 2011 et 2016, selon les chiffres de la Cour rabbinique obtenus par ITIM. Non seulement ces personnes mettent-elles sur la liste noire, mais aussi leurs parents maternels, y compris les enfants, les frères et sœurs, les cousins, les tantes et les oncles. Jusqu’en décembre dernier, ces parents seraient ajoutés sommairement à la liste des obligations de clarification tout en étant informés qu’ils pouvaient venir à la Cour rabbinique s’ils le voulaient pour contester la décision. Dans certains cas, plus de 10 personnes ont été ajoutées aux listes noires après que les clarifications juives d’un parent maternel ont fini avec un rejet. »
Autrement dit, la judéité – qui devient indispensable à prouver aujourd’hui pour pouvoir mener une vie normale en Israël qui attend avec impatience de s’autoproclamer « Etat juif » – ne concerne pas la foi ou la pratique religieuse, mais s’affirme clairement comme une donnée biologique liée à une filiation maternelle.
Qui ne comprendrait pas là qu’il s’agit bien d’un pas important franchi vers la reconnaissance, la détermination et l’affirmation revendiquée d’une caractéristique biologique, d’une ethnicité propre au peuple juif ?
Et de plus en plus d’analystes juifs traitent en pratique le sujet comme tel, comme si cela allait de soi…
Claude Timmerman
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